La plus grande centrale solaire d'Afrique de l'Ouest inaugurée

information fournie par Reuters •29/11/2017 à 12:56

    * Située en périphérie de la capitale du Burkina Faso 
    * Engagement de Ouagadougou lors de la COP21 
    * Doit permettre d'économiser 26.000 tonnes de CO2 par an 
 
    par Marine Pennetier 
    ZAGTOULI, Burkina Faso, 29 novembre (Reuters) - Sous un 
soleil de plomb, le président burkinabé Roch Marc Christian 
Kaboré et son homologue français Emmanuel Macron ont inauguré 
mercredi la centrale photovoltaïque de Zagtouli, dont les 
130.000 panneaux qui s'étendent à perte de vue en font la plus 
grande d'Afrique de l'Ouest en terme de capacité.  
    Installés sur près de 60 hectares au sud-ouest de la 
capitale Ouagadougou, ces panneaux permettront de produire 55 
GWh par an, soit la consommation de 110.000 ménages, dans un 
pays régulièrement en proie à des coupures d'électricité. 
    Le projet de cette centrale, dotée d'une capacité de 33 
mégawatts (MW) et destinée à contribuer à 4% de la consommation 
annuelle du pays, a été financé par un prêt de 22,5 millions 
d'euros de l'Agence française du développement et par un don de 
25 millions de l'Union européenne.        
    "J'annonce le lancement du plan solaire dénommé 'Lumière' 
pour installer courant 2018 une autre centrale solaire de 40 
mégawatts à Ouagadougou, 10 mégawatts au total dans trois villes 
moyennes et 700 nouveaux villages électrifiés", a déclaré le 
président burkinabé devant les panneaux alignés à perte de vue 
sur la terre rouge de la région.  
    A l'heure actuelle, plus de 50% de l'énergie consommée dans 
le pays est produite dans des centrales thermiques. Avec 
Zagtouli, le gouvernement burkinabé espère économiser 26.000 
tonnes de CO2 par an en produisant une énergie solaire à un prix 
quatre fois moins élevé que l'énergie thermique.  
    Emmanuel Macron, engagé dans une offensive climatique depuis 
la décision le 1er juin des Etats-Unis de se retirer de l'accord 
de Paris, a salué la prouesse que constitue la construction de 
cette centrale solaire en une année seulement. 
    "Je souhaite que la France, ses entreprises, ses opérateurs, 
soient votre partenaire privilégié dans le domaine des énergies 
renouvelables", a-t-il dit.  
    "Ce que nous avons fait ensemble pour la réussite de la 
COP21 nous devons désormais le concrétiser en actes, en projets 
concrets sur le terrain : en voici un et quel projeté, a-t-il 
ajouté, à deux semaines du sommet du 12 décembre à Paris. 
     
    ENJEU DES RENOUVELABLES 
    Organisé deux ans jour pour jour après l'accord de 2015, 
cette rencontre portera notamment sur les questions de 
financement des mesures climatiques. 
    La centrale de Zagtouli, construite par Cegelec (groupe 
Vinci  SGEF.PA ), fait partie des engagements pris par le 
Burkina Faso dans le cadre la COP21. Sa mise en service complète 
est prévue pour décembre. 
    Elle dépasse désormais en terme de capacités la centrale 
Sernergy 2, à Bokhol, au Sénégal, qui était jusque-là la plus 
grande centrale de la région avec 75.000 panneaux 
photovoltaïques produisant 20 megawatts. 
    Signe des tensions liées aux coupures fréquentes de courant 
dans le pays, Emmanuel Macron a été interpellé sur cette 
question - et celle du climatiseur installé pour l'occasion - 
mardi lors d'un échange avec des étudiants de l'université 
d'Ouagadougou.  
    "J'ai dit quel était l'engagement de la France (...) pour 
aider le Burkina Faso et les pays de la région à développer 
l'énergie et à lutter contre justement les coupures. Mais vous 
m'avez parlé comme si j'étais président du Burkina Faso", a-t-il 
répondu, sous les rires et les applaudissements." 
    L'enjeu des énergies renouvelables et du soutien 
international est de taille pour le continent africain. Selon la 
Banque mondiale et le programme des Nations unies pour 
l'environnement (PNUE), l'Afrique n'est responsable que de 4 % 
des émissions de gaz à effet de serre mais le coût de 
l'adaptation au changement climatique sur le continent pourrait 
s'élever à 50 milliards de dollars par an d'ici 2050.  
    Présents à la COP23 à Bonn en novembre, les dirigeants 
africains, dont la majorité sont signataires de l'accord de 
Paris, ont déploré le manque de solidarité des pays développés 
malgré l'engagement pris de les aider pour faire face au 
changement climatique et développer les énergies renouvelables. 
 
 (Edité par Yves Clarisse)