Malgré la relance observée sur le marché immobilier, le secteur du bâtiment peine à faire repartir la machine, alerte le premier syndicat patronal du secteur.
La menuiserie-serrurerie enregistre le plus fort recul (-4,5%), suivi de la maçonnerie (-4%) ( AFP / PHILIPPE HUGUEN )
"C'est le grand paradoxe actuel: les banques recommencent à prêter, les gens achètent et personne ne fait de travaux". Le principal syndicat patronal des artisans du bâtiment a sonné l'alarme jeudi 6 novembre face à un recul persistant de l'activité au troisième trimestre 2025 (-3,5%), malgré la reprise du marché immobilier.
"Le particulier ne s'engage pas"
Alors que les crédits immobiliers repartent et que les ventes dans l'ancien grimpent (+9%), les artisans ne voient pas les retombées. L'entretien-rénovation, cœur de métier des artisans, stagne à -1,5%, tout comme la rénovation énergétique (-1,5%). "On est toujours dans l'attentisme. Le particulier ne s'engage pas", constate Jean-Christophe Repon, président de la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment). Le segment de la construction neuve, bien qu'en léger mieux, reste "le plus en difficulté".
La menuiserie-serrurerie enregistre le plus fort recul (-4,5%), suivi de la maçonnerie (-4%) ( AFP / PHILIPPE HUGUEN )
Cette crise continue de détruire des emplois: 24.083 postes ont été perdus en un an dans l'artisanat, selon les chiffres au deuxième trimestre 2025. "Moi, j'appelle ça un plan social", a insisté M. Repon, évoquant "quasiment 40.000 emplois qu'on va détruire sur 2024 et 2025". Tous les corps de métier sont touchés. La menuiserie-serrurerie enregistre la plus forte contraction (-4,5%), suivie de la maçonnerie (-4%).
La situation financière des entreprises se tend. Plus d'une entreprise sur cinq exprime un besoin de financement. "On a des travaux qui sont revus à la baisse et des clients qui allongent les délais de paiement, ça met les trésoreries à dure épreuve", a alerté Sylvie Montout, directrice économique à la Capeb.
Les carnets de commande retrouvent de la vigueur
Romane Charpentier, économiste dans cette organisation, s'inquiète, elle, que les signaux positifs ne "se traduisent pas encore nettement en activité". Les autorisations de logements (365.200 sur un an) et les mises en chantier (272.800) sont certes en hausse de 7% et 3,1%, mais ces chiffres restent "inférieurs de 14 et 23%" aux moyennes des dernières années.
Seule faible éclaircie, les carnets de commandes progressent légèrement pour "la première fois depuis 2022", s'établissant à 74 jours. La Capeb précise toutefois que cette moyenne cache une réalité très contrastée, beaucoup d'entreprises demeurant "en difficulté". Face à ce blocage, le président de la Capeb dénonce ce qu'il considère comme une forme d'inaction de la part de l'exécutif. "Nos propositions ont toujours été validées mais jamais traduites en arrêtés ou en lois", a-t-il regretté.
2 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer