par Jeff Mason
Donald Trump reçoit vendredi à la Maison blanche le président ukrainien Volodimir Zelensky pour des discussions sur l'aide militaire apportée à Kyiv, une question potentiellement reléguée au second plan après l'annonce jeudi d'un nouveau sommet entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine.
La relation entre Donald Trump et Volodimir Zelensky a connu des hauts et des bas, dont une vive altercation en février dernier, en direct devant les caméras, lors de la première venue à Washington du président ukrainien depuis le retour au pouvoir du président américain un mois plus tôt. Trump avait quelques jours auparavant qualifié Zelensky de "dictateur", lui reprochant d'être à l'origine de la guerre.
Depuis, le ton a évolué, entre la volonté affichée par Volodimir Zelensky d'"arranger les choses" et la frustration grandissante ressentie par Donald Trump à l'égard de Vladimir Poutine du fait de la poursuite des attaques russes en Ukraine, alors même que le président américain avait mis en avant sa bonne relation personnelle avec le président russe pour se targuer d'être en mesure de stopper le conflit en une journée.
Toutefois, les menaces du chef de la Maison blanche de prendre des sanctions contre Moscou sont jusqu'à présent restées sans suite, et l'entretien téléphonique de plus de deux heures jeudi entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qualifié par Trump de "productif", pourrait avoir de nouveau modifié cette dynamique.
Le président américain a annoncé qu'il rencontrerait sous peu son homologue russe dans la capitale hongroise Budapest, pour un deuxième sommet bilatéral organisé cette année entre les deux dirigeants après celui d'Anchorage en Alaska, en août, auquel Volodimir Zelensky n'avait déjà pas été convié.
Ouvertement en campagne pour le prix Nobel de la paix depuis son retour au pouvoir à la Maison blanche en janvier dernier, Donald Trump est désireux d'ajouter la guerre Russie-Ukraine à la liste des conflits auxquels il revendique avoir mis fin.
"Toute ma vie, j'ai conclu des accords", a-t-il déclaré jeudi. "Je pense que nous allons boucler celui-ci, j'espère bientôt".
La volonté apparente de Vladimir Poutine de mener de nouveaux pourparlers semble avoir convaincu Donald Trump, en dépit de l'absence d'avancées vers la paix lors de leur rencontre en Alaska, à la suite de laquelle la Russie a intensifié ses attaques contre l'Ukraine.
LES TOMAHAWKS ? WASHINGTON EN A "BESOIN" LUI AUSSI
La perspective de ce nouveau sommet, qui devrait avoir lieu sous deux semaines selon des commentaires de Donald Trump devant la presse, semble avoir influencé la position du président américain s'agissant de l'envoi à l'Ukraine de missiles de croisière Tomahawk, réclamés par Kyiv, qui pourrait ainsi atteindre plusieurs grandes villes russes dont Moscou.
"Nous en avons besoin, nous aussi", a déclaré Donald Trump aux journalistes à propos des missiles après son entretien téléphonique avec Vladimir Poutine.
Il est attendu que Volodimir Zelensky pousse vendredi pour recevoir ces missiles.
"Le langage de la force et de la justice va inévitablement fonctionner contre la Russie", a écrit jeudi le président ukrainien sur le réseau social X. "Nous voyons déjà que Moscou se précipite pour reprendre le dialogue tout de suite après avoir entendu parler des Tomahawks".
D'après Max Bergmann, expert de la Russie au Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS), la démarche de Vladimir Poutine est destinée à réduire la probabilité que les Etats-Unis fournissent de tels missiles à l'Ukraine.
Le président russe "veut que la question soit close", a-t-il dit. "Cela me semble être une manoeuvre dilatoire".
Pour Mykola Bielieskov, analyste de l'ONG ukrainienne Come Back Alive, qui fournit des équipements militaires aux troupes ukrainiennes, disposer de missiles Tomahawk permettrait d'avoir un rapport de forces plus équilibré.
"Nous ne nous attendons pas à ce que la Russie s'écroule après une, deux ou trois frappes réussies", a-t-il dit. "Mais il s'agit de pression, de pression constante. De perturber le complexe militaro-industriel" russe, a-t-il ajouté.
(Jeff Mason, avec la contribution de Cassel Bryan-Low et Tom Balmforth; version française Jean Terzian, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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