Ralentir le temps, profiter des premiers rayons du printemps, vivre au rythme des Cannois… En mars, on se pose sur la Croisette, sans extravagance.
Authenticité. Il est permis d’espérer que la Côte d’Azur puisse encore en offrir ! Choisir la fin de l’hiver pour flâner à Cannes peut être une aventure pleine de (bonnes) surprises. Loin de l’agitation irréelle du Festival, en mai, et de l’affolement des mois d’été, la ville de seulement 70.000 habitants, bat à un rythme paisible, privilégiant les rendez-vous culturels et gourmands. Pour vivre Cannes comme un Cannois (ou presque), il suffit de se laisser guider. On commence par arpenter les allées nouvellement végétalisées de la rue Félix-Faure, près de la mairie, si l’on veut pointer avec les anciens à la pétanque.
Et les rejoindre ensuite à la terrasse d’un troquet du côté du boulevard du Midi, ou encore au marché Forville (partiellement ouvert pendant la restauration). Ici, les étals sont garnis de produits frais locaux (pêche du jour et légumes de petits maraîchers) tous les matins du mardi au dimanche. Cannes, c’est aussi la cité de la création artistique. En attendant, les projets prometteurs du Musée international du cinéma, de celui d’art africain (collection Pigozzi), ou encore d’arts et traditions populaires, l’art contemporain se réinstalle sur la Croisette.
Lumière du Sud
On poursuit la balade jusqu’à la Malmaison, villa classée de 1901, qui renaît depuis quelques semaines, à deux pas du très moderne Marriott. La spécificité urbanistique de Cannes étant de mêler sans complexe les architectures Belle Époque et les structures parfois disgracieuses des années 1970. Des contradictions stylistiques qui font assurément son identité. La Malmaison, bâtisse néoclassique, qui a survécu aux ravages du temps, vient d’être admirablement restaurée. Sa surface d’exposition a été triplée (600 m 2 ), sur trois étages.
L’exposition inaugurale « Luxe, calme et volupté » (à voir jusqu’au 20 avril) , hommage baudelairien, met à l’honneur près de 130 œuvres inspirées par les paysages méditerranéens, réalisées par une cinquantaine d’artistes d’époques et de styles très divers. Mais tous ont été fascinés par cette lumière du Sud. Les maîtres Cézanne , Monet, Picasso ou Charles Camoin. Ou plus tard, Vincent Bioules qui nous plonge dans la chaleur des tonalités avec Le Mois d’août (2015), ouvrant une fenêtre sur la végétation luxuriante. Suivent ensuite Combas, le Sétois d’adoption, et toute une nouvelle jeune génération représentée notamment par Ronan Barrot, Marion Charlet ou encore la talentueuse Christine Safa, 30 ans, qui utilise des pigments pour son superbe Nathan (Venise) (2023), inspiré des fresques pompéiennes.
À suivre aussi, Nazanin Pouyandeh (fraîchement intégrée dans l’écurie Templon), qui avait déjà été invitée au Suquet des artistes en 2019. Elle revient avec La Ronde (2024), dans la joie d’un hommage à La Danse de Matisse . Après la beauté des paysages du Sud, la Malmaison recevra la poésie des perles de verre de Jean-Michel Othoniel (dès le 17 mai). Et, pour prolonger la visite, n’oubliez pas de grimper sur le toit-terrasse et profiter de la vue panoramique. Un salon de thé y sera bientôt installé.
47, bd de la Croisette. Tél. : 04 97 06 45 21. cannes-france.com
Visites
1. Le Suquet des artistes
Au cœur du vieux village, l’ancienne morgue sert de lieu de résidence et d’exposition pour les jeunes artistes depuis 2016. On y voit, jusqu’au 18 mai, le travail iconoclaste de Florence Obrecht, qui nous entraîne dans une « Odyssée », à travers de grands portraits peints, des coiffes, des étoffes et des objets, inspirés de personnages croisés lors de séjours en Bulgarie ou en Pologne. Elle revisite le folklore de ces cultures, entre joie et introspection. En sortant, pensez à visiter l’église.
7, rue Saint-Dizier. Tél. : 04 97 06 45 21. cannes-france.com
Où dormir ?
2. Hôtel Belle Plage
Depuis l’été dernier l’établissement a acquis fièrement sa 5 e étoile. Le Belle Plage, ouvert il y a environ deux ans, avec ses 55 chambres et appartements, son incroyable toit-terrasse et son spa confortable installé dans une villa avec jardin de l’autre côté de la rue, peut rivaliser avec la concurrence cannoise, plutôt féroce ! Ses atouts ? L’accueil affable et décontracté, le décor, où domine le bois tout en rondeurs, les balcons vue mer, son emplacement décalé, du côté des plages du midi. Le bémol ? Le petit déjeuner, certes perché au 8 e étage, mais qui n’offre qu’un banal buffet pour 35 euros. La chambre classique, à partir de 190 € ; la supérieure, à partir de 310 €. Profitez de l’apéro pour admirer le coucher du soleil (cocktails, 18 €). Brunch le dimanche de 11 h 30 à 15 heures, 79 €.
2, rue Brougham, square Mistral. Tél. : 04 93 06 25 50. hotelbelleplage.fr
3. Hôtel Le Suquet
Yannick Bastoni est retourné dans le quartier de son enfance après une riche expérience hôtelière parisienne. L’Olivier était à vendre, il l’a acheté pendant le Covid.
Après rénovation de cette bâtisse datant de la fin du XIX e siècle, voici un petit hôtel 4-étoiles familial comptant 22 chambres (un projet d’extension en ajoutera bientôt 8), perché dans les vieilles ruelles du Suquet. Le décor est simple et frais, la vue sur le clocher ou l’Estérel ajoute à son charme discret. À partir de 88 € la chambre double ; 22 € le petit déjeuner.
5, rue des Tambourinaires. Tél. : 04 93 39 53 28. hotelsuquetcannes.com
4. Chambre d’hôtes Villa Galoubet
Dans cette jolie maison de 1925 restaurée, Hélène Jamin, créatrice de bougies parfumées, propose trois chambres d’hôtes confortables au mobilier rustique sur jardin (110 € avec petit déjeuner).
11, rue Campestra. Tél. : 07 86 83 38 87. chambres-hotes.fr
À table !
5. Le Pompon
Une petite cantine sans prétention à l’abri d’une ruelle, perpendiculaire à la très animée artère piétonne Félix-Faure. Derrière les fourneaux, Bruno Baccati compose une ardoise de petites portions gourmandes à partager au gré de produits frais du marché. À tester, l’œuf en croûte de céréales pour débuter, avec une crème de céleri-rave, fève tonka, betterave et sarrasin (12 €). Orignal et croustillant. Même audace pour la daurade ou sériole marinée et crème aux œufs de truite, raifort et citron (17€). Le clou ? Le dessert tout en agrumes : un biscuit à la roquette, crémeux citron, cédrat confit, huile verte (11 €). Le chef a une formation de pâtissier, et ça se confirme.
4, rue Émile-Négrin. Tél. : 04 93 30 31 23. lepomponcannes.com
6. Zuma
Spectaculaire ! Et le mot est faible. Au sein du Palm Beach - architecture massive de 1929 luxueusement rénovée il y a quelques mois dans un style inspiré de l’arabo-mauresque -, Zuma apporte sa touche asiatico-chic. La vaste salle du restaurant, au décor tout en claustras de bois, peut accueillir près de 370 convives (restaurant, bar, terrasse et salons compris). Avec les cuisines ouvertes (le sushi bar d’un côté, le grill robata de l’autre), l’ambiance est théâtrale, sans être surjouée.
Cette première adresse Zuma en France, ouverte en 2024 (après de nombreuses autres dans le monde), est une attraction pour sa cuisine japonaise contemporaine : nigiri sushi, sashimi (assortiment 6 pièces, 40 €), brochettes de poulet cébette (14 €), poulet mariné au miso d’orge rôti au bois de cèdre (39 €). Comptez sur le menu à 80 € pour goûter aux différentes spécialités. Service souriant mené tout en souplesse par un directeur aguerri, Jean-Michel Sourdrille, qui a fait ses armes à Londres. En basse saison, ouvert le soir uniquement.
Palm Beach, place Franklin-Roosevelt. Tél. : 04 12 38 12 38. zumarestaurant.com
7. Copal Beach
Sur les 33 plages cannoises ouvertes toute l’année, le Copal (anciennement 3.14), a choisi la tonalité sud-américaine, les pieds dans le sable. Sous la houlette du chef colombien Juan Arbelaez, la carte tient ses promesses de cuisine dépaysante et épicée juste ce qu’il faut. Comme le demi-poulet asado quinoa soufflé, sauce tomate hogao, servi avec frites paprika et ail (35 €). À midi seulement. On peut y siroter un cocktail (18 €) jusqu’à 18 heures en admirant le bleu des vagues.
63, bd de la Croisette. Tél. : 04 93 94 25 43. copal-beach.com
Expérience
8. L’Atelier Bon Sens
De son expérience de 30 ans chez les plus grands parfumeurs (Firmenich, IFF, Takasago), Hélène Jamin a trouvé une autre passion en arrivant sur la Côte d’Azur il y a six ans : fabriquer des bougies parfumées artisanales et naturelles. Dans sa grande maison, cachée au fond d’un jardin, elle a installé son atelier, aménagé de meubles et d’objets chinés, pour composer son répertoire de bougies odorantes à base de cire végétale de soja et mèche en coton ou bois. Elle a mis au point une quinzaine de références olfactives : bigaradier, fleur d’oranger, basilic… qu’elle « cuisine » avant d’en remplir des tasses de récupération en porcelaine ancienne ou des petits pots en céramique réalisés pour elle à Vallauris.
Hélène Jamin, très impliquée dans la vie locale à travers une association de créateurs, la République des arts, partage également son savoir-faire lors d’ateliers. Elle reçoit de 4 à 10 personnes, le samedi notamment, pendant 1 h 30-2 heures (45 € par pers.) pour réaliser une bougie personnalisée, dosée généreusement à 10 % de parfum. Sur réservation.
11, rue Campestra. Tél. : 07 86 83 38 87. atelierbonsens.com
À bord du bus panoramique
Pour 1,80€, prenez-vous pour un touriste sur la Croisette ! Grimpez sur le toit ouvert du bus impérial pour admirer palmiers et plages en longeant la belle bleue, du quai Laubeuf jusqu’au Palm Beach. Grisant !
palmdeplacements.fr
Excursion
9. Le fort Royal, île Sainte-Marguerite
Les îles de Lérins sont la bouffée d’oxygène de Cannes. Saint-Honorat, la plus sauvage, où les moines cisterciens occupent toujours le monastère, et Sainte-Marguerite, idéale pour une promenade botanique, et surtout pour la visite du fort Royal. La fameuse prison du Masque de fer fut construite en 1687 sur ordre de Louis XIV pour y incarcérer un seul homme, Eustache Dauger, dont le visage resta caché derrière un masque de fer. Il y sera enfermé pendant onze ans. Voltaire, Dumas et d’autres ont tenté de percer le mystère de ce personnage encombrant pour le roi, qui, selon de nombreuses hypothèses, était son demi-frère adultérin.
Sa légende continue de passionner aujourd’hui. Christophe Roustan Delatour, directeur adjoint aux musées de Cannes, vient de publier un épais volume Le Masque de fer. Un secret d’État révélé (Favre), qui lève le voile sur la personnalité de Dauger. La traversée en bateau dure 20 minutes (18,50 €, trans-cote-azur.com). La visite guidée de la prison et du site archéologique (6,50 €, tlj sauf lundi, gratuite de juin à sept.). Le reste de l’année, visite guidée de 1 à 9 pers. : 60 €. mediationmusees@ville-cannes-fr
Rendez-vous à l’embarcadère Quai Laubeuf. cannes-france.com
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