Pékin affirme que ses entreprises ont gagné leurs parts de marchés mondiales principalement grâce à la qualité de leur offre et à leurs innovations technologiques.

( AFP / STR )
L'enquête antisubventions initiée par l'Union européenne sur les véhicules électriques chinois, et la possible surtaxe sur leur importation constituent du "protectionnisme" et seraient "nuisibles" aux intérêts européens, a estimé la Chine mercredi 12 juin.
Accusant Pékin de doper illégalement ses constructeurs sur ce marché d'avenir et de fausser la concurrence, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait initié en septembre 2023 une enquête antisubventions sur ces voitures. Des sources proches du dossier ont indiqué à l' AFP que la Commission européenne s'apprêtait à imposer ce mercredi des surtaxes "allant jusqu'à 25%" sur les véhicules électriques chinois -en plus des taxes douanières de 10% qui ont cours actuellement.
Interrogé sur cette annonce réputée imminente, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a jugé que "cette enquête antisubventions est un cas typique de protectionnisme" .
"L'UE s'en sert comme excuse pour imposer des droits de douane sur les véhicules électriques importés de Chine", a-t-il déploré lors d'un point presse régulier. "Cela va à l'encontre des principes de l'économie de marché et des règles du commerce international, compromet la coopération économique et commerciale entre la Chine et l'UE, tout comme la stabilité de la production automobile mondiale et des chaînes d'approvisionnement", a souligné Lin Jian. "Au final, cela serait nuisible aux propres intérêts de l'Union européenne."
"Toutes les mesures nécessaires"
Si l'UE décide d'imposer ces surtaxes, elle se lance dans un périlleux exercice d'équilibriste entre défense de ses intérêts économiques et volonté d'éviter une guerre commerciale avec Pékin. "Nous demandons instamment à l'UE d'honorer son engagement à soutenir le libre-échange et à s'opposer au protectionnisme", a déclaré mercredi Lin Jian.
"La Chine prendra toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder fermement ses droits et intérêts légitimes ", a-t-il prévenu.
La Chambre de commerce chinoise auprès de l'UE (CCCEU) avait déjà indiqué que Pékin a "préparé de nombreuses contre-mesures". La Chine a ainsi déjà répliqué en janvier avec une enquête visant toutes les eaux-de-vie de vin importées de l'Union européenne, dont notamment le cognac. Le vin, les produits laitiers, le porc et les voitures à grosses cylindrées seraient aussi dans le viseur, selon la presse étatique chinoise.
L'enquête de l'UE intervient sous pression des États-Unis, lesquels cherchent un front commun contre la Chine qu'ils ont désigné comme leur rivale.
Les marques chinoises en progression
Le secteur automobile européen reste toutefois divisé sur l'imposition potentielle de surtaxes sur les véhicules électriques chinois, celles-ci pouvant créer une inflation en Europe dans le secteur et accentuer le retard technologique des constructeurs européens , selon des analystes.
La Chine, qui a doublé le Japon l'an dernier comme premier exportateur automobile mondial, a investi très tôt dans les batteries, cœur technologique des véhicules électriques dont elle a fait sa spécialité.
Le géant asiatique affirme que ses entreprises ont gagné leurs parts de marchés mondiales principalement grâce à la qualité de leur offre et à leurs innovations technologiques. En Europe, les marques chinoises progressent vite grâce à des tarifs compétitifs. Elles y sont passées de moins de 2% du marché des voitures électriques fin 2021 à près de 8% fin 2023, selon l'institut Jato.
Les véhicules chinois ont notamment profité de l'interdiction, décidée par l'UE, des ventes de moteurs essence et diesel à l'horizon 2035 pour lutter contre le réchauffement climatique.
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