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La réunion de Riyad fait suite à l'entretien téléphonique entre Trump et Poutine
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L'Ukraine ne participe pas aux négociations et rejette tout accord conclu en son nom
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Les États-Unis veulent tester la Russie
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L'Europe veut jouer un rôle, tente d'adopter une stratégie commune
(Actualisé avec début de la rencontre, déclarations du porte-parole du Kremlin et de von der Leyen)
par Humeyra Pamuk et Pesha Magid
Des représentants de haut rang américains et russes se sont réunis mardi en Arabie saoudite pour ouvrir des discussions visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, un rendez-vous sans précédent depuis que Moscou a déclenché le conflit en 2022.
Cette réunion bilatérale s'inscrit également dans le cadre d'une apparente volonté des deux anciens rivaux de la Guerre froide d'améliorer leurs relations et pourrait ouvrir la voie à un sommet entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine.
L'Ukraine, qui n'est pas présente à Riyad, estime qu'aucun accord de paix ne pourra être conclu en son nom. "En tant que pays souverain, nous ne pourrons tout simplement pas accepter un quelconque accord sans nous", a déclaré la semaine dernière son président, Volodimir Zelensky.
Les gouvernements européens, inquiets à l'idée que la Russie et les États-Unis puissent les écarter d'un accord de paix qui déterminera la future sécurité du continent, ont également exigé de jouer un rôle dans les pourparlers.
Les délégations, que les médias ont pu filmer avant la réunion, étaient composées du conseiller en politique étrangère du Kremlin Iouri Ouchakov et du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, assis autour d'une table en face du secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, du conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche Mike Waltz et de l'émissaire spécial pour le Proche-Orient, Steve Witkoff.
Tous ont ignoré les questions des journalistes, qui leur demandaient si les États-Unis mettaient les Ukrainiens sur la touche et quelles concessions Washington exigeait de Moscou.
Le rendez-vous de Riyad a été amorcé par une conversation téléphonique entre le chef de la Maison blanche et le chef du Kremlin, mercredi dernier, alors que la plupart des dirigeants occidentaux s'étaient gardés de tout échange direct avec Vladimir Poutine depuis le lancement le 24 février 2022 de ce que Moscou a présenté comme une "opération militaire spéciale" en Ukraine.
Revenu au pouvoir à Washington il y a moins d'un mois, Donald Trump a opéré un virage significatif par rapport à la position adoptée par son prédécesseur Joe Biden, qui a accordé des milliards de dollars d'aides à l'Ukraine et considérait que la Russie ne voulait pas réellement mettre fin à son offensive.
Le nouveau président américain a promis par le passé de mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine, sans expliquer comment.
Washington a présenté la réunion saoudienne comme un premier contact visant à évaluer le sérieux de la volonté affichée de Moscou de trouver une issue au conflit.
S'exprimant devant des journalistes à Riyad, une porte-parole du département d'Etat américain a déclaré que le rendez-vous constituait "un suivi à la conversation initiale" entre Donald Trump et Vladimir Poutine pour déterminer "si ne serait-ce que ce premier pas est possible, quels sont les intérêts, si cela peut être géré".
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part indiqué mardi que les négociations russo-américaines en Arabie saoudite pourraient apporter plus de clarté sur une éventuelle rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump, précisant qu'il n'y avait pas encore d'entente sur cette question.
INTENSIFIER LES EFFORTS EUROPÉENS
Avant ce rendez-vous, une réunion d'urgence sur l'Ukraine s'est tenue lundi à Paris à l'initiative d'Emmanuel Macron pour tenter de convenir d'une stratégie commune de l'Europe, qui s'inquiète d'un accord russo-américain aux dépens de Kyiv et du continent.
Les dirigeants européens ont appelé à augmenter les dépenses de défense mais n'ont pas réussi à s'entendre sur l'hypothèse d'un envoi de troupes de maintien de la paix en Ukraine.
"Nous voulons nous associer aux États-Unis pour offrir une paix juste et durable à l'Ukraine", a déclaré mardi sur X la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
"Sur le plan financier et militaire, l'Europe a apporté plus que quiconque. Et nous allons intensifier nos efforts", a-t-elle ajouté après une rencontre à Bruxelles avec l'émissaire de Donald Trump pour l'Ukraine, Keith Kellogg.
Ce dernier a déclaré qu'il se rendrait en Ukraine à partir de mercredi.
Prié de dire si les États-Unis fourniraient une garantie de sécurité à une force de maintien de la paix européenne, il a dit : "J'ai été avec le président Trump, et la politique a toujours été 'vous ne retirez aucune option de la table'."
(Rédigé par Humeyra Pamuk; version française Jean Terzian et Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)
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