
Le Premier ministre français, M. Lecornu, rend visite aux fonctionnaires du commissariat de la police nationale de L'Hay-les-Roses
PARIS (Reuters) -L'Elysée a dévoilé dimanche le nouveau gouvernement du Premier ministre Sébastien Lecornu, présenté comme plus technique et moins politique avec l'arrivée de personnalités issues de la société civile, mais dont la survie reste suspendue à une absence de censure des oppositions.
Renommé vendredi soir à Matignon par le président Emmanuel Macron, qui lui a laissé "carte blanche", Sébastien Lecornu souhaitait un gouvernement composé de profils sans ambition présidentielle pour 2027.
Défendant un gouvernement "d'équilibre entre personnalités de la société civile et responsables politiques", l'Elysée a présenté une équipe composée de 34 ministres, avec de nouvelles arrivées mais aussi le maintien de plusieurs poids lourds de l'exécutif.
Ainsi, Roland Lescure conserve le portefeuille de l'Economie et des Finances tandis qu'Amélie de Montchalin est maintenue aux Comptes publics. Jean-Noël Barrot reste aux Affaires étrangères, Gérald Darmanin à la Justice et Philippe Tabarot aux Transports.
En rupture avec la ligne des Républicains (LR), dont le bureau politique a décidé d'une non-participation au gouvernement actant ainsi l'implosion du "socle commun", la ministre de la Culture Rachida Dati et sa collègue à l'Agriculture Annie Genevard conservent leur portefeuille.
Dans la foulée de l'annonce de la composition du gouvernement, les Républicains ont annoncé l'exclusion des instances du parti des six ministres LR nommés au gouvernement.
Leur président Bruno Retailleau laisse la place au ministère de l'Intérieur à Laurent Nunez, l'actuel préfet de police de Paris.
L'ancien PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou obtient le ministère du Travail et des Solidarités, en remplacement de Catherine Vautrin.
Celle qui avait aussi le portefeuille de la Santé est remplacée à cette charge par la députée Ensemble pour la République (EPR) Stéphanie Rist.
Maintenue au gouvernement, Catherine Vautrin obtient le ministère des Armées, en remplacement de l'éphémère Bruno Le Maire.
DATE LIMITE SUR LE BUDGET
Parmi les profils issus de la société civile, Monique Barbut, l'ancienne présidente du fonds mondial pour la nature WWF France et envoyée spéciale des dix ans de l’accord de Paris sur le climat, est nommée à la Transition écologique et à la Biodiversité à la place d'Agnès Pannier-Runacher, qui avait annoncé qu'elle quittait le gouvernement.
Première femme à terminer le Vendée Globe en 1996, la navigatrice Catherine Chabaud a été nommée ministre de la Mer.
A l'Education nationale, le haut fonctionnaire Edouard Geffray, ancien directeur général de l'enseignement scolaire, remplace Elisabeth Borne qui quitte l'exécutif.
Maud Bregeon redevient pour sa part porte-parole du gouvernement, une fonction qu'elle a occupée quelques mois l'an dernier lorsque Michel Barnier était à Matignon.
Moins d'une semaine après sa démission soudaine et la chute de son premier gouvernement en seulement 14 heures, Sébastien Lecornu disposait d'une marge de manœuvre considérablement réduite pour former son équipe, alors que le temps presse s'il veut faire adopter un budget 2026 d'ici le 31 décembre.
Un conseil des ministres est prévu mardi à 10h00 (08h00 GMT), a fait savoir l'Elysée, alors qu'Emmanuel Macron doit participer lundi en Egypte au sommet international consacré à la fin du conflit à Gaza.
Selon l'entourage d'Emmanuel Macron, cette date reste valable "pour tenir le délai des 70 jours" institué par la Constitution pour que le Parlement puisse examiner le projet de loi de finances pour 2026.
"Un gouvernement de mission est nommé pour donner un budget à la France avant la fin de l’année", a déclaré sur le réseau X Sébastien Lecornu peu après la présentation de sa nouvelle équipe gouvernementale.
DÉBAT SUR LES RETRAITES
Avec l'implosion du "socle commun", le gouvernement Lecornu II apparaît d'ores et déjà fragilisé et sous la menace d'une censure des oppositions.
Les consultations menées la semaine dernière auprès des différentes forces politiques, hormis le Rassemblement national et la France insoumise (LFI), par le locataire alors démissionnaire de Matignon n'ont pas permis de faire apparaître un compromis, notamment sur le budget 2026 - tout en remettant au coeur du débat la réforme controversée des retraites de 2023.
Le Parti socialiste (PS), sur lequel repose en grande partie la survie du nouveau gouvernement, réclame a minima une suspension de la réforme.
Sans aller jusque-là, Sébastien Lecornu s'est dit ouvert à des "débats" sur ce dossier hautement sensible. Reste à savoir si cela sera suffisant pour convaincre le camp socialiste.
"No comment", s'est borné à réagir dimanche sur X le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, à l'annonce du gouvernement Lecornu II.
De son côté, la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui réclame une dissolution de l'Assemblée nationale, a fait savoir que sa formation déposerait dès lundi une motion de censure contre le nouveau gouvernement.
VOIR AUSSI:
ENCADRE-Principales réactions à l'annonce de la composition du gouvernement Lecornu II
(Rédigé par Blandine Hénault, Nicolas Delame et Zhifan Liu, avec la contribution d'Elizabeth Pineau)
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