par Tom Balmforth
Les négociateurs russes participant aux pourparlers de paix à Istanbul ont exigé que l'Ukraine retire ses troupes de toutes les régions revendiquées par Moscou avant d'accepter un cessez-le-feu, a déclaré à Reuters un haut responsable ukrainien ayant une bonne connaissance des discussions.
Cette exigence, ainsi que d'autres qui ont été formulées lors des discussions de vendredi, vont au-delà des termes d'un projet d'accord de paix que les Etats-Unis ont proposé le mois dernier après des consultations avec Moscou.
Les pourparlers d'Istanbul, premiers contacts directs entre les deux parties depuis trois ans, se sont terminés par un accord sur un échange de prisonniers, mais n'ont pas abouti à un cessez-le-feu.
Une source ukrainienne avait déclaré vendredi que les Russes avaient posé des conditions "inacceptables d'emblée", sans plus de précisions.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé samedi lors d'une conférence de presse sur les conditions évoquées par la source ukrainienne, s'est refusé à tout commentaire, ajoutant que les discussions devaient se dérouler à huis clos.
La source ukrainienne, s'exprimant anonymement, a déclaré que la Russie avait proposé les conditions suivantes pour un accord de paix :
* Le retrait des troupes ukrainiennes des régions de Donetsk, Zaporijjia, Kherson et Louhansk, après quoi un cessez-le-feu pourrait être instauré. Ces régions sont largement ou partiellement contrôlées par les forces russes, mais les troupes ukrainiennes se battent toujours pour en conserver les zones restantes. Le projet d'accord préparé par les États-Unis ne contenait aucune exigence de ce type.
* La reconnaissance internationale du caractère russe de cinq parties de l'Ukraine : la péninsule de la Crimée, annexée en 2014, ainsi que les régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia. Le projet américain ne proposait qu'une reconnaissance de droit de la Crimée par les États-Unis et une reconnaissance américaine de facto des parties des autres régions contrôlées par la Russie.
* L'Ukraine devient un État neutre, ne possède pas d'armes de destruction massive, et les alliés de Kyiv ne positionnent aucune de leurs troupes sur le sol ukrainien. Cette exigence ne figurait pas dans la proposition américaine.
* Toutes les parties au conflit renoncent à leurs prétentions à recevoir des dédommagements liés à la guerre. La proposition américaine prévoyait des compensations pour l'Ukraine.
Selon le responsable ukrainien, les négociateurs russes ont transmis ces exigences verbalement et n'ont partagé aucun document contenant leurs conditions.
L'Ukraine a déjà déclaré que la position de la Russie à Istanbul montrait qu'elle n'était pas sérieuse au sujet de la paix. Les alliés européens de Kyiv font maintenant pression sur le président américain Donald Trump pour qu'il impose de nouvelles sanctions à la Russie.
Le chef de la délégation russe s'est quant à lui dit satisfait de la réunion et a déclaré que Moscou était disposée à poursuivre les discussions avec Kyiv.
Le projet de proposition de paix américain d'avril a été préparé après une visite à Moscou de l'envoyé de Donald Trump, Steve Witkoff, pour des séries de discussions avec le président russe Vladimir Poutine.
Kyiv et ses alliés européens ont rédigé une proposition alternative stipulant qu'un cessez-le-feu était nécessaire avant que des négociations puissent commencer et reportant à plus tard toute discussion sur les territoires.
(Reportage complémentaire de Filipp Lebedev, rédigé par Christian Lowe, version française Benjamin Mallet)
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