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Trump dit soutenir l'Ukraine mais ses concessions déconcertent
information fournie par Reuters 13/02/2025 à 15:17

par Idrees Ali, Humeyra Pamuk et John Irish

Donald Trump a promis de mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine mais pourrait s'être compliqué la tâche en dévoilant ses cartes avant même le début des négociations qu'il souhaite lancer unilatéralement avec Moscou, ce que le président ukrainien Volodimir Zelensky a publiquement regretté jeudi.

Le président américain a annoncé mercredi qu'il était convenu avec son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'une conversation téléphonique, d'entamer immédiatement des discussions sur la paix en Ukraine. Il en a informé ensuite le dirigeant ukrainien.

Peu de temps avant l'annonce de Donald Trump, son secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, avait affirmé devant les alliés de Washington à Bruxelles qu'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan de même qu'un retour aux frontières d'avant 2014 - avant l'annexion de la Crimée - étaient des objectifs irréalistes. Il a également exclu le déploiement de soldats américains en Ukraine pour maintenir la paix.

Une attitude saluée par le Kremlin jeudi : "Le précédent gouvernement américain estimait que tout devait être fait pour poursuivre la guerre. L'administration actuelle, de ce que nous comprenons, épouse le point de vue selon lequel tout doit être fait pour arrêter la guerre et faire prévaloir la paix", a déclaré son porte-parole Dmitri Peskov, qui s'est dit "plus impressionné" par la nouvelle position de Washington et "ouvert au dialogue".

"Ce qui est important aujourd'hui, c'est que tout ne se déroule pas selon le plan de Poutine, qui veut tout faire pour obtenir des négociations bilatérales [avec les Etats-Unis]", a commenté Volodimir Zelensky devant des journalistes, exprimant des inquiétudes déjà formulées par les Européens et son ministre des Affaires étrangères sur le risque d'un "accord sur l'Ukraine sans l'Ukraine".

Michael McFaul, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Moscou entre 2012 et 2014, sous la présidence de Barack Obama, s'est interrogé sur la stratégie de Donald Trump.

"Pourquoi l'administration Trump offre-t-elle des cadeaux à Poutine avant même le début des négociations ?" a-t-il écrit sur le réseau social X. "J'ai négocié avec les Russes. On ne leur donne jamais rien gratuitement."

"C'est de l'apaisement. Cela n'a jamais marché", a renchéri la représentante de la diplomatie européenne Kaja Kallas avant une réunion des ministres de la Défense de l'Otan et de leur homologue ukrainien à Bruxelles.

"CELA RESSEMBLE À UN ABANDON DE L'UKRAINE"

Près de trois ans après le déclenchement de son "opération militaire spéciale", l'invasion du pays par les troupes russes le 24 février 2022, la Russie occupe un cinquième du territoire de l'Ukraine, qu'elle revendique, et veut imposer au pays un statut de "neutralité" bienveillante et sa démilitarisation.

L'Ukraine réclame le retrait des troupes occupantes russes et des garanties de sécurité solides pour prévenir toute nouvelle agression.

Volodimir Zelensky a précisé jeudi qu'il n'avait pas évoqué le sujet de l'Otan lors de son entretien de mercredi avec Donald Trump tout en sachant que les Etats-Unis étaient opposés à ce que Kyiv intègre l'Alliance atlantique.

Les responsables de l'administration de Donald Trump ont déjà laissé entendre qu'ils n'appuieraient pas toutes les demandes de Kyiv mais les propos du président américain et du chef du Pentagone n'en ont pas moins choqué les Européens.

"Pas d'adhésion à l'Otan, pas de soldats américains sur le terrain ? Cela ressemble à un abandon de l'Ukraine", a déclaré l'ancien ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis sur X en réponse aux propos de Pete Hegseth.

Volodimir Zelensky devrait rencontrer vendredi, en marge de la conférence de Munich sur la sécurité, le vice-président américain J.D. Vance et le secrétaire d'Etat Marco Rubio. "Ils ne viennent pas à Munich pour négocier mais pour annoncer à Zelensky la mauvaise nouvelle", a déploré l'ancien ministre balte.

"TERRES RARES" CONTRE "BOUCLIER DE SÉCURITÉ"

Interrogé mercredi sur les propos du chef du Pentagone, Donald Trump s'est borné à déclarer : "Je soutiens l'Ukraine."

Pour Stephen Wertheim, chercheur à la Fondation Carnegie pour la paix, les déclarations de Pete Hegseth ne font que reconnaître une réalité.

"Cela ne veut pas dire que les Etats-Unis sont prêts à reconnaître les territoires ukrainiens occupés comme appartenant légalement à la Russie", assure-t-il.

L'annonce de Donald Trump sur des négociations a coïncidé avec la visite de son secrétaire au Trésor Scott Bessent mercredi en Ukraine. Ce dernier a déclaré qu'un accord entre Washington et Kyiv sur les ressources en minerais de l'Ukraine permettrait de fournir à l'ancienne république soviétique un "bouclier de sécurité".

Donald Trump réclame cet accès aux "terres rares" ukrainiennes pour financer l'aide militaire américaine, une "transaction" que Volodimir Zelensky se dit prêt à négocier.

"Dans la logique de Trump, c'est un moyen d'envoyer des armes en Ukraine. C'est un accord d'envergure très positif", a jugé l'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Kyiv sous la présidence de George Bush Jr. Jon Herbst.

Les Européens, eux, restent sceptiques.

"Donner l'impression que l'invasion est payante n'est pas très judicieux. Les régimes observent cela de près. Il faut faire comprendre que la violence et l'agression ne peuvent pas l'emporter. Je soutiens l'Ukraine", a déclaré sur son compte X le député et ancien ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly.

(Jean-Stéphane Brosse pour la version française)

3 commentaires

  • 13 février 16:11

    Il cède tout avant même de commencer des négociations ! Il est trop fort le Donald dans le monde des Mickey ! Un chef !


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