
Le Premier ministre français François Bayrou assiste à un discours à l'Hôtel de Brienne à Paris, le 13 juillet 2025 ( POOL / Ludovic MARIN )
"Nous avons 100 millions de visiteurs, mais nous ne sommes qu'au quatrième rang en matière de chiffre d'affaires parce que les visiteurs ne restent pas assez longtemps et ne consomment pas assez", a diagnostiqué le ministre de l’Économie Éric Lombard.
Objectif : 100 milliards d'euros de recettes touristiques venues de touristes étrangers en 2030. C'est le cap que se fixe désormais la France, et pour ce faire, le gouvernement compte déployer une série de mesures pour doper le tourisme sportif, d'affaires ou encore l'agritourisme, mais aussi sur des simplifications réglementaires.
"On peut augmenter de 30% dans les années qui viennent les performances" du secteur touristique, "pour atteindre 100 milliards (d'euros de recettes) dans cinq ans", a fixé jeudi le Premier ministre François Bayrou, à l'issue d'un Comité interministériel du tourisme à Angers, un an après les Jeux olympiques. L'Alliance France Tourisme, groupe de réflexion qui réunit de grands acteurs du tourisme comme l'hôtelier Accor, SNCF Connect ou la Compagnie des Alpes, a salué cette "ambition", qui devra toutefois "se traduire dans une feuille de route commune, concrète et opérationnelle", a-t-elle souligné.
En 2024, avec un record de 100 millions de visiteurs étrangers accueillis en France, les recettes touristiques avaient augmenté de 12% sur an à 71 milliards d'euros, très loin derrière les 126 milliards d'euros de l'Espagne, numéro un mondial avec pourtant moins de visiteurs. "Nous avons 100 millions de visiteurs, mais nous ne sommes qu'au quatrième rang en matière de chiffre d'affaires parce que les visiteurs ne restent pas assez longtemps et ne consomment pas assez", a diagnostiqué le ministre de l’Économie Éric Lombard, appelant à "produire plus". "Le tourisme, c'est 8% de notre (...) PIB, 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires (au total) et deux millions d'emplois non délocalisables", a détaillé à Angers la ministre du Tourisme Nathalie Delattre.
Au secteur touristique de "proposer (des) simplifications" susceptibles de dynamiser l'activité
Pour atteindre cet objectif en 2030, année de Jeux olympiques d'hiver en France, François Bayrou a précisé vouloir "suivre la méthode (...) définie le 15 juillet, sur la simplification", lorsqu'il a présenté les postes d'économies potentielles en vue du budget 2026. Il souhaite ainsi que le secteur touristique "propose (des) simplifications" susceptibles de dynamiser l'activité, que le gouvernement pourra conduire "par ordonnance" pour aller vite. Parmi ces mesures figure "un plan sur le logement des saisonniers" pour 2026-2028 pour faire face au problème chronique de recrutement.
Un paquet dit de "modernisation et de simplification du droit du tourisme" est prévu, comportant par exemple l'utilisation de chèques vacances dématérialisés pour des achats via des plateformes comme Booking, ou encore la simplification des dispositions régissant le "spiritourisme", afin de favoriser le développement de ce tourisme de dégustation de spiritueux. Le syndicat d'hôtellerie-restauration Umih juge toutefois que "le compte n'y est pas pour soutenir un secteur stratégique de l'économie française".
Vers des visas automatiques pour les groupes chinois
Par ailleurs, le gouvernement mise sur une révision de la méthodologie de calcul des recettes touristiques : l'Insee devra "d'ici la fin de l'année" intégrer dans ses modalités statistiques "toutes les dépenses liées aux activités de loisirs (musée, château, un parc d'attraction..)", aujourd'hui exclues, souligne le ministère du Tourisme. Atout France, l'agence de promotion touristique française auprès des étrangers, aura dès septembre un nouveau directeur général, Adam Oubuih, et pour renforcer l'attractivité de la France, le gouvernement entend développer le tourisme sportif, d'affaires, de patrimoine, de savoir-faire, l’œnotourisme ou encore l'agritourisme.
L’État compte aussi automatiser les demandes de visas pour les groupes de touristes chinois. Cette clientèle cruciale, qui dépense beaucoup, représentait 2,2 millions de touristes et près de 3,46 milliards d'euros en 2019 mais tarde en effet à revenir. En 2024, la France n'a accueilli que 1,1 million de Chinois, entraînant une perte de recettes de 1,7 milliard d'euros.
La France, bientôt "première destination de tourisme durable du monde" ?
Côté finance, des prêts spécifiques de Bpifrance et de la Banque des Territoires seront proposés aux entreprises du secteur. En matière de tourisme social et inclusif, le label Tourisme et Handicap sera renforcé avec pour objectif 4.500 établissements labellisés d'ici 2026 et 10.000 d'ici 2030. En juin 2025, 3.793 établissements étaient labellisés, soit +25% en un an.
Proclamant des ambitions vertes, le gouvernement veut instaurer un indicateur d'empreinte carbone du secteur du tourisme, afin de faire en 2030 de la France "la première destination de tourisme durable du monde". Cet indicateur sera publié "avant la fin de l'année" et "servira de fondement au lancement d'une stratégie de décarbonation du secteur en 2026", assure le ministère du Tourisme.
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