Europe, États-Unis, Australie, Venezuela... Tiktok est sur la sellette dans plusieurs pays.

( AFP / ANTONIN UTZ )
530 millions d'euros. Le gendarme irlandais des données personnelles a infligé vendredi 2 mai la deuxième plus lourde sanctions de son histoire, à l'encontre du puissant réseau social Tiktok. Ce dernier accumule les déboires à travers le monde, où l'application compte plus d'un milliard d'utilisateurs. En voici un tour d'horizon:
• Condamné pour des transferts de données européennes
Incapable de garantir que les données personnelles de ses utilisateurs européens sont aussi bien protégées en Chine qu'en Europe, en particulier face au risque de communication aux autorités chinoises, TikTok a été condamné vendredi à une amende de 530 millions d'euros par l'autorité irlandaise de protection des données (DPC), soit l'une des plus importantes jamais infligées par cet organisme.
Lors de l'enquête, menée au nom de l'Union européenne, la plateforme, propriété du groupe chinois Bytedance, a également reconnu avoir hébergé en Chine des données européennes, ce qu'elle niait jusqu'à présent .
Cette question des transferts de données est un sujet particulièrement épineux dans les rapports entre TikTok et les autorités européennes et américaines. Le gouvernement fédéral américain, la Commission européenne ainsi que le Parlement et gouvernement britanniques avaient ainsi interdit en 2023 le téléchargement et l'utilisation de TikTok sur les appareils professionnels de leurs employés par mesure de sécurité.
• Sur la sellette aux États-Unis
Une loi votée en avril 2024 devait obliger ByteDance à céder l'application au 19 janvier dernier, sous peine de blocage aux États-Unis. Mais après une suspension de quelques heures à la date butoir, qui coïncidait avec la prise de fonction de Donald Trump, l'accès à la plateforme a été rétabli.
Le président américain a accordé un délai de 75 jours à ByteDance pour vendre ses activités américaines , jusqu'au 5 avril. Il a ensuite accordé un nouveau délai de 75 jours, en expliquant que la Chine avait fait capoter un projet d'accord à cause des droits de douane imposés par Washington. "Si je leur avais donné une petite baisse de droits de douane, ils auraient approuvé l'accord en 15 minutes", avait affirmé le président américain, qui avait assuré début mars que des négociations étaient en cours avec "quatre groupes différents".
Le réseau social est accusé de permettre aux autorités chinoises de collecter indûment des données sur les quelque 170 millions d'utilisateurs américains revendiqués par la plateforme.
• Campagne d'influence en Roumanie
Mi-décembre 2024, la Commission européenne a ouvert une enquête sur les systèmes de recommandation de TikTok, soupçonnés d'avoir été utilisés pour une "manipulation coordonnée" de l'élection présidentielle en Roumanie , un mois plus tôt.
Le candidat d'extrême droite Calin Georgescu, arrivé à la surprise générale en tête du premier tour, a été accusé par les autorités roumaines d'avoir bénéficié d'une campagne de soutien illicite orchestrée par Moscou, notamment sur TikTok. L'élection présidentielle a été annulée par la Cour constitutionnelle début décembre, à deux jours du second tour. Elle doit à nouveau se tenir lieu dimanche.
• Suspension en Albanie
L'Albanie a ordonné mi-mars à tous les fournisseurs d'accès à internet du pays de bloquer l'accès à TikTok, après une annonce en ce sens du Premier ministre Edi Rama fin 2024. Cette décision avait été prise moins d'un mois après qu' un élève de 14 ans a été tué et un autre blessé lors d'une rixe près d'une école de la capitale Tirana, après un conflit sur les réseaux sociaux.
L'association des journalistes albanais, un média d'investigation et une ONG ont depuis saisi la Cour constitutionnelle albanaise lui demandant de déclarer inconstitutionnelle cette interdiction, qui n'est pas suspensive.
• Danger pour les ados ?
Le réseau social aux formats vidéos ultra-courts, qui défilent en continu, est plébiscité par les jeunes. Mais ce succès s'accompagne de critiques. TikTok est régulièrement accusé de cantonner ses utilisateurs dans des silos, via un algorithme opaque, et de favoriser la diffusion de la désinformation et de contenus illégaux, violents ou obscènes .
En Australie, le Parlement a voté fin novembre une loi interdisant l'accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans, l'une des mesures les plus strictes au monde.
En France, un collectif de sept familles a assigné TikTok en justice, l'accusant d'avoir exposé leurs enfants à des contenus pouvant les pousser au suicide , et une commission d'enquête a été créée à l'Assemblée nationale.
Au Royaume-Uni, le régulateur de la protection des données a annoncé début mars l'ouverture d'enquêtes visant plusieurs réseaux sociaux, dont TikTok, sur la façon dont ils utilisent les données personnelles des enfants et des adolescents.
Fin décembre, le Venezuela a infligé une amende de dix millions de dollars à TikTok pour sa "négligence" après la mort de trois adolescents ayant relevé un défi dangereux relayé sur la plateforme.
L'Agence France-Presse (AFP), parmi plus d'une quinzaine d'organisations de fact-checking, est rémunérée par TikTok dans plusieurs pays pour vérifier des vidéos qui contiennent potentiellement de fausses informations.
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