Des centaines de civils bédouins ont été évacués lundi de Soueïda, dans le sud de la Syrie, selon les médias d'État et des témoins, une évacuation qui intervient dans le cadre d'une trêve soutenue par les États-Unis et destinée à mettre fin aux affrontements sanglants entre combattants druzes et bédouins.
Les violences dans la province de Soueïda, à majorité druzes, ont constitué un enjeu de taille pour le président intérimaire Ahmed al Charaa alors que des centaines de morts ont été recensé et qu'Israël a frappé les forces syriennes en soutien aux druzes.
Un cessez-le-feu a été instauré dimanche, les forces de sécurité du ministère syrien de l'Intérieur s'étant déployées à la périphérie de Soueïda. Le ministre de l'Intérieur, Anas Khattab, a déclaré dimanche que la trêve permettrait la libération des otages et prisonniers détenus par les parties belligérantes.
Des ambulances, des camions et des bus ont transporté lundi matin des centaines de civils bédouins, dont des femmes, des enfants et des blessés, hors de la ville vers des camps situés à proximité, comme l'ont montré des images de Reuters.
Le premier convoi transportait quelque 300 bédouins. Un deuxième évacuera 550 civils dans les prochaines 24 heures si la situation reste calme, a déclaré Shoaib Asfour, membre des forces de sécurité syriennes chargé de superviser l'opération.
Selon ce dernier, la prochaine phase du cessez-le-feu consistera à évacuer les combattants bédouins détenus par les milices druzes et à transférer les corps des bédouins tués.
L'agence de presse d'État a déclaré qu'un total de 1.500 bédouins seraient évacués de Soueïda.
Citant le chef des forces de sécurité intérieure syriennes, Ahmed al Dalati, les médias syriens d'État ont déclaré que les forces gouvernementales déployées faciliteraient également le retour à Soueïda de toute personne qui en a été déplacée.
Selon les Nations unies, au moins 93.000 personnes ont été déplacées par les affrontements, majoritairement dans la province de Soueïda, mais également dans la province de Deraa, à l'ouest, et autour de Damas, la capitale.
Les Nations unies ont déclaré dimanche que des convois humanitaires transportant des fournitures médicales attendaient d'entrer dans la province depuis deux jours et que l'accès ne leur avait pas été accordé. Seul un convoi du Croissant rouge arabe syrien a été autorisé à acheminer de l'aide.
"HUMILIÉS AU NOM DE L'ÉTAT"
Les druzes, petite minorité influente en Syrie, en Israël et au Liban, pratiquent une religion dérivée d'une branche de l'islam. Certains musulmans sunnites ultra-conservateurs considèrent les croyances druzes comme hérétiques.
Les affrontements ont éclaté la semaine dernière alors que des combats entre bédouins et druzes ont été signalés à Soueïda. Cherchant à réprimer les combats, Damas a envoyé ses troupes dans le sud du pays mais celles-ci ont été entraînées dans les affrontements et accusées de se mêler contre les druzes.
Des habitants de Soueïda ont déclaré que leurs amis ou voisins avaient été abattus à bout portant par les troupes de sécurité syriennes, identifiées par leur treillis et leurs insignes.
Luna Albassit, une militante druze de la ville de Shahba, dans la province de Soueïda, a déclaré que la situation restait tendue malgré la fin des affrontements dimanche en fin de journée.
"Les gens ont été tués dans les rues, dans leurs maisons, ils ont été humiliés et cela au nom de l'État", a-t-elle déclaré.
Hamzah Moustafa, ministre syrien de l'Information, a déclaré à Reuters la semaine dernière que le gouvernement condamnait fermement tous les abus et rejetait la violence sectaire sous toutes ses formes.
Le président intérimaire du pays, Ahmed al Charaa, a promis de protéger les droits des druzes et de demander des comptes à ceux qui ont commis des violations contre "notre peuple druze".
Il a imputé les violences à des "groupes hors-la-loi".
Israël a bombardé les forces gouvernementales syriennes à Soueïda et a frappé le ministère de la Défense à Damas la semaine dernière. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a exigé la démilitarisation du territoire du sud de la Syrie près de la frontière, qui s'étend du plateau du Golan, occupé par l'Etat hébreu, à la montagne druze, à l'est de Soueïda.
Il a déclaré qu'Israël protégerait les druzes.
(Reportage Suleiman al-Khalidi en Syrie ; avec Maya Gebeily à Beyrouth ; version française Etienne Breban ; édité par Augustin Turpin)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer