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Soupçons d'escroquerie, propos homophobes : la députée Sophia Chikirou dans la tourmente, LFI embarrassée
information fournie par Boursorama avec Media Services 06/10/2023 à 14:41

Plusieurs médias mettent en cause son management et son rôle pendant la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Le cas de Sophia Chikirou est particulièrement épineux au sein de LFI, en raison de la relation qui lui est prêtée avec ce dernier.

Sophia Chikirou à l'Assemblée nationale le 7 février 2023.  ( AFP / LUDOVIC MARIN )

Sophia Chikirou à l'Assemblée nationale le 7 février 2023. ( AFP / LUDOVIC MARIN )

La députée insoumise de Paris Sophia Chikirou, proche du triple candidat à la présidentielle, est au coeur d'une enquête sur les comptes de campagne de celui-ci en 2017. Elle voit la pression médiatique et politique s'accentuer autour d'elle. La justice soupçonne Mediascop, sa société de conseil en communication, d'avoir surfacturé certaines prestations lors de la campagne de Jean-Luc Mélenchon pour l'avant-dernière présidentielle, ce qu'elle nie.

Selon le journal Le Monde mardi, l'élue de 44 ans, connue pour son franc-parler, qui était à l'époque responsable de la communication du candidat de la gauche radicale, devrait être prochainement entendue par un juge, en vue d'une éventuelle mise en examen pour "escroquerie aggravée". Sophia Chikirou avait contesté ces accusations en 2018, et n'a pas souhaité répondre à la presse mercredi à l'Assemblée : "Moi, je parle quand je veux, où je veux, et avec qui je veux", a-t-elle répondu.

Des "mensonges"

Interrogé sur Public Sénat jeudi, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard a pris sa défense, affirmant que les accusations du Monde sont fausses. "C'est complètement faux et la transparence, elle existe déjà, puisque Sophia Chikirou est députée, elle a donc déposé un dossier auprès de la Haute autorité de la transparence et de la vie publique dans lequel ses revenus et ses rémunérations sont présente". Mardi, la cheffe des députés de La France insoumise (LFI) Mathilde Panot avait appelé à ne pas "accorder trop d'importance" à ces informations, dénonçant des "mensonges". "Ça fait cinq ans qu'on nous dit que bientôt nous allons être mis en examen, convoqués, etc.", a-t-elle ajouté. Elle dénonce au passage comme "profondément sexiste" le fait de "s'attaquer régulièrement" aux femmes politiques.

Dans son viseur également, un numéro de l'émission "Complément d'enquête", diffusé jeudi 5 octobre sur France 2 . Le magazine revient sur la personnalité et les méthodes de gestion contestées de Sophia Chikirou, dont les équipes connaîtraient un important turn-over, notamment lorsqu'elle dirigeait la web TV Le Média .

Injures

Selon une séquence, elle aurait employé une insulte homophobe dans un SMS - "tafioles de merde" -, pour qualifier des membres de la rédaction du Média . Ceux-ci souhaitaient alors rédiger un communiqué concernant une fausse information diffusée à l'antenne. Cela ravive les souvenirs des critiques de l'époque, notamment celle de la journaliste Aude Rossigneux, qui avait dénoncé après son départ un univers fait de "violence" et "brutalité.

Libération révèle pour sa part un message envoyé récemment par Sophia Chikirou, dans le canal de discussion Telegram des députés LFI, après que l'élue de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a fait part de son "ras-le-bol" des passes d'armes entre Jean-Luc Mélenchon et le leader communiste Fabien Roussel. "Je préfère attendre sur le bord de la rivière de voir passer leurs corps" y écrit Sophia Chikirou, à propos des opposants internes. "Des termes un peu durs, dits dans un cadre privé", répond Manuel Bompard. "Ses mots ont dû dépasser sa pensée. Ça n'aura absolument pas de conséquences politiques".

Des "explications" nécessaires

Mais, pour la députée de Dordogne Pascale Martin, ces pratiques méritent "explications". "Si elles sont confirmées, les révélations du Monde constituent des faits profondément contraires à l'éthique militante insoumise et au projet de société que nous défendons chaque jour en tant que député.es. Aux milliers de militant.es bénévoles sincères, Mme Sophia Chikirou doit des explications. Les pratiques doivent changer", a-t-elle écrit. Pascale Martin avait déjà pris ses distances avec la direction de LFI au moment de l'affaire Quatennens, quand le député du Nord avait été condamné pour violences conjugales.

La députée de Paris Danièle Simonnet demande elle aussi des explications. "Je ne suis pas naïve, je sais que depuis les perquisitions (au siège du parti en 2018, ndlr), il y a aussi une volonté d'attaque de LFI et de toutes celles et ceux qui l'incarnent. Néanmoins, des explications de Sophia et du mouvement doivent être données à l'ensemble des militants passés et présents qui sont impliqués dans ces campagnes et dans le mouvement", estime l'élue. Ce qu'elle a demandé en interne mardi, lors d'une réunion du groupe LFI à l'Assemblée, au cours de laquelle son collègue Alexis Corbière est allé dans le même sens.

"C'est sûr que c'est compliqué d'être en désaccord avec elle"

"On a des principes, c’est la lutte contre le harcèlement moral, tous les collaborateurs et anciens collaborateurs de quelque député que ce soit doivent savoir que notre groupe doit être à leur côté et notre mouvement aussi", explique encore Danielle Simonnet. Elle appelle à "ne pas reproduire les mêmes erreurs que dans l'épisode Adrien Quatennens", lorsqu'une partie des chefs de file avaient volé au secours du député. Selon elle, "on se doit d'abord et avant tout d'être fidèles à nos convictions, à notre programme, à nos principes, à notre éthique. C'est en fonction de ça qu'on doit se déterminer, même quand l'un des nôtres est en cause".

Le cas de Sophia Chikirou est particulièrement épineux au sein de LFI, en raison de la relation qui lui est prêtée avec Jean-Luc Mélenchon - même si ce dernier a nié en 2018 que son ancienne conseillère soit sa "compagne". "C'est sûr que c'est compliqué d'être en désaccord avec elle. Jean-Luc va la défendre plus que les autres", souffle un élu LFI. "Les éléments sortis dans la presse sont problématiques" , abonde ce responsable.

Soutien de Sarkozy en 2007

Ancienne militante au Parti socialiste, Sophia Chikirou avait suivi Jean-Marie Bockel, qui avait fondé en 2007 La Gauche moderne, un parti social-libéral, très vite soutien d'un Nicolas Sarkozy déterminé à ouvrir sa majorité. "C'était tout un contexte", expliquait-elle cet été, invoquant ce "moment de grâce" de Nicolas Sarkozy, dont elle pensait qu'il avait "débarrassé" la France de l'extrême droite. En 2008, suivant les conseils de Jean-Marie Bockel, devenu secrétaire d'État, elle retourne à gauche. Dans la foulée, elle rejoint le Parti de gauche et Jean-Luc Mélenchon.

Selon "Complément d'enquête", c'est elle qui aurait organisé l'interview décriée d'Adrien Quatennens l'année dernière sur BFMTV . Le député du Nord y avait annoncé son retour à l'Assemblée et maintenu "ne pas être un homme violent".

8 commentaires

  • 07 octobre 10:00

    "Moi, je parle quand je veux, où je veux, et avec qui je veux", a-t-elle répondu. Voilà un exemple évident d'une "intouchable" qui n'a de compte à rendre. Enfin pour ce qu'il en reste de la moralité de LFI


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