Sommet britannique sur l'IA : quels sont les résultats attendus ?

information fournie par Reuters •31/10/2023 à 10:32

par Martin Coulter

La Grande-Bretagne accueillera cette semaine le premier sommet mondial sur la sécurité de l'intelligence artificielle (AI) afin d'examiner les risques liés à cette technologie en plein essor et de lancer un dialogue international sur sa réglementation.

Ce sommet se tiendra à Bletchley Park - où travaillaient les décrypteurs britanniques de la Seconde Guerre mondiale - dans le sud de l'Angleterre, les 1er et 2 novembre.

Voici ce que l'on sait de cette rencontre:

QUI PARTIRA?

Les organisateurs ont déclaré à Reuters qu'il y aurait une centaine d'invités, parmi lesquels des dirigeants mondiaux, des cadres d'entreprises technologiques, des universitaires et des représentants d'organisations à but non lucratif. La liste complète des invités n'a pas été rendue publique.

Certains dirigeants mondiaux, dont le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre canadien Justin Trudeau, ne seront pas présents, mais la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le vice-ministre chinois de la technologie Wu Zhaohui et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres le seront.

La présence de la Chine est un autre signe du dégel des relations avec la Grande-Bretagne, après que son principal diplomate, James Cleverly, s'est rendu à Pékin en août, premier voyage d'un ministre britannique des affaires étrangères depuis cinq ans.

Des dirigeants des entreprises d'IA les plus connues au monde, dont Demis Hassabis, directeur général de Google Deepmind () et Sam Altman, qui a fondé OpenAI, le créateur de ChatGPT, soutenu par Microsoft MSFT.O , participeront également à l'événement. Des représentants d'Alibaba 9988.HK et de Tencent 0700.HK seront également présents.

L'entrepreneur milliardaire Elon Musk participera à l'événement.

Les universitaires et les organisations à but non lucratif, qui ont mis en garde contre les risques liés à l'essor de l'IA, joueront également un rôle de premier plan, représentés par des "parrains" de l'IA tels que Stuart Russell et Geoffrey Hinton, ainsi que par l'Institut Alan Turing et l'Institut du futur de la vie.

QUELS SERONT LES THÈMES ABORDÉS?

L'objectif du sommet est d'entamer une conversation mondiale sur la future réglementation de l'IA.

À l'heure actuelle, il n'existe aucune réglementation mondiale de grande envergure concernant la sécurité de l'IA, même si certains gouvernements ont commencé à élaborer leurs propres règles. Par exemple, l'Union européenne a rédigé le premier ensemble de textes législatifs régissant l'utilisation de l'IA dans l'Union.

Selon l'ordre du jour du sommet, une série de tables rondes seront consacrées aux menaces posées par les développements futurs de la technologie.

Il sera notamment question de la manière dont les systèmes d'IA pourraient être utilisés comme armes par des pirates informatiques ou par des terroristes pour fabriquer des armes biologiques, ainsi que du potentiel de la technologie à acquérir une sensibilité et à causer des ravages dans le monde.

Les experts et les régulateurs semblent divisés sur la manière de hiérarchiser ces menaces, la loi européenne sur l'IA, attendue de longue date, donnant la priorité aux violations potentielles des droits de l'homme, telles que la confidentialité des données et la protection contre la surveillance, par rapport aux risques dits existentiels qui dominent une grande partie de l'ordre du jour du sommet.

POURQUOI CELA SE PASSE-T-IL MAINTENANT ET AU ROYAUME-UNI?

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak souhaite que le Royaume-Uni soit un leader mondial en matière de sécurité de l'IA, se taillant un rôle après le Brexit entre les blocs économiques concurrents que sont les États-Unis, la Chine et l'Union européenne.

L'événement a lieu près d'un an après que l'OpenAI a rendu public le chatbot ChatGPT , alimenté par l'IA, ce qui a suscité des débats internationaux sur le potentiel de cette technologie en plein essor, certains experts la comparant au changement climatique ou à l'armement nucléaire.

QUELS SERONT LES RÉSULTATS?

À l'issue du sommet, jeudi, M. Sunak devrait prononcer un discours décrivant les points sur lesquels les participants se sont mis d'accord, avant de rejoindre M. Musk pour une discussion en direct qui sera diffusée sur X.

Selon un récent rapport du Financial Times, M. Sunak envisage de créer un conseil consultatif mondial pour la réglementation de l'IA, sur le modèle du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC).

Lorsque M. Sunak a annoncé le sommet en juin, certains se sont interrogés sur la capacité de la Grande-Bretagne à mener une initiative mondiale sur la réglementation de l'IA.

Depuis, le président américain Joe Biden a publié un décret régissant l'utilisation de l'IA dans tout le pays, l'UE s'est rapprochée de l'adoption de sa propre loi sur l'IA et le G7 a adopté son propre code de conduite pour les entreprises utilisant la technologie.

La semaine dernière, les Nations unies ont annoncé qu'elles avaient créé leur propre comité consultatif sur l'IA, composé de quelques experts issus de l'industrie, de la recherche et de différents gouvernements.

Les défenseurs de l'IA estiment que la Grande-Bretagne a un rôle à jouer en tant qu'intermédiaire entre les trois grandes puissances mondiales - les États-Unis, l'Union européenne et la Chine - et espèrent que le sommet jettera les bases d'un futur dialogue international sur la question.