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Royaume-Uni: l'américain KKR renonce à investir dans le distributeur d'eau Thames Water
information fournie par Boursorama avec AFP 03/06/2025 à 13:20

( AFP / BEN STANSALL )

( AFP / BEN STANSALL )

Lâché par le fonds d'investissement américain KKR, qu'il avait privilégié dans le cadre de son plan de sauvetage, le plus grand distributeur d'eau du Royaume-Uni, Thames Water, en grande difficulté, voit grandir le spectre d'une nationalisation.

Une telle décision, que le gouvernement travailliste cherche à tout prix à éviter au moment où il coupe dans ses dépenses et augmente ses impôts, serait extrêmement coûteuse pour les contribuables britanniques.

Elle serait aussi dommageable politiquement pour l'exécutif du Premier ministre Keir Starmer, déjà contraint de voler au secours du sidérurgiste British Steel pour préserver les deux derniers hauts fourneaux du pays --un repreneur est toujours espéré.

Mais Thames Water croule sous une montagne de dettes (près de 16 milliards de livres, soit 19 milliards d'euros) et le nouvel emprunt de 3 milliards de livres récemment accordé par la justice britannique pour se financer le temps de sa restructuration pourrait finalement s'avérer insuffisant.

"Le gouvernement suit de très près ce qui se passe", a réagi sur la radio LBC le ministre de l'environnement Steve Reed.

Il a souligné que Thames Water restait pour l'instant "une entreprise stable et pérenne", mais que l'exécutif était "prêt à toute éventualité".

- "Comme une éponge" -

Le fonds américain KKR avait été désigné fin mars par Thames Water comme "partenaire privilégié" dans les discussions autour de son rachat.

Selon la presse britannique, il avait soumis une offre à 4 milliards de livres (4,8 milliards d'euros) pour prendre une participation majoritaire, préférée à des propositions concurrentes du distributeur d'eau britannique Castle Water, de la société hongkongaise CK Infrastructure et du groupe d'investissement londonien Covalis Capital.

"Cependant, KKR a indiqué qu'il ne serait pas en mesure d'aller de l'avant et que son statut de partenaire privilégié était désormais caduc", a annoncé mardi dans un communiqué Thames Water --pour l'instant détenu par un consortium d'actionnaires, au premier rang desquels un fonds de pension canadien et un autre britannique.

"Nous continuons à croire qu'une recapitalisation durable de la société est dans le meilleur intérêt (...) et nous continuons à travailler avec nos créanciers et les parties prenantes pour atteindre cet objectif", a déclaré le président du distributeur, Adrian Montague.

Mais pour Russ Mould, analyste chez AJ Bell, il semble désormais "de plus en plus probable que Thames Water doive être renationalisée", d'autant plus que l'investissement de KKR "semblait acquis".

"Thames Water a été comme une éponge, absorbant les dettes et s'enfonçant dans le désordre financier", relève-t-il.

Pour le député LibDem (centre) Charlie Maynard, qui s'était opposé au prêt de 3 milliards de livres, "l'entreprise est aujourd'hui au bout du chemin", ce qui se répercute sur le prix payé par les clients.

Il demande une reprise par le gouvernement.

Avec 16 millions de clients, soit un quart de la population britannique, Thames Water ciblait jusqu'à présent une recapitalisation au second semestre 2025.

- Secteur dans la tourmente -

Souffrant d'un sous-investissement dans un système d'égouts qui date, pour grande partie, de l'époque victorienne, les compagnies des eaux britanniques, privatisées depuis 1989, sont sous le feu des critiques depuis plusieurs années à cause du déversement de quantités importantes d'eaux usées dans les cours d'eau et en mer.

Dans un rapport provisoire rendu mardi, la Commission indépendante sur l'eau au Royaume-Uni a appelé à mettre en oeuvre "des changements fondamentaux et de grande envergure pour réformer le secteur de l'eau en Angleterre et au Pays de Galles".

Parmi eux, "une direction plus claire de la part du gouvernement", "une réglementation plus stricte" ou encore "une focalisation accrue sur des investisseurs responsables et à long terme".

Le rapport final sera remis à l'automne.

Après son arrivée au pouvoir en juillet dernier, le gouvernement avait promis de réformer un secteur "en crise".

5 commentaires

  • 03 juin 11:06

    Economie d’extraction : ils pillent tout, même l'eau ... Aldo Sterone ... Youtube .... il explique bien le pillage des actifs autrefois publics , gérés en bon pere de famille et à long terme ... par le privé qui veut un retour sur investissement rapide et suicidaire ... à la fin , l etat et donc le contribuable se retrouve à payer l addition , à recapitaliser des sociétés endettés dont les actifs sont à renover , à recontruire ...


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