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Risque d'une France sous "tutelle" financière : faut-il craindre l'épouvantail brandi par Bercy?
information fournie par Boursorama avec Media Services 13/06/2025 à 09:01

Elle est agitée par le gouvernement comme un couperet qui tomberait sur la France faute d'un assainissement de ses finances, mais la "tutelle" économique du pays par les instances internationales, dont le FMI, est peu probable en l'état.

( AFP / LUDOVIC MARIN )

( AFP / LUDOVIC MARIN )

Pourquoi parle-t-on de "tutelle"?

Empêtré alors dans la préparation du budget 2025, le gouvernement de Michel Barnier qui précédait celui de François Bayrou avait alerté sur un risque de "crise financière" si la France ne parvenait pas à faire des économies.

Cette fois, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a mis en garde sur le risque d'une "tutelle" de la France: "il y a un risque de tutelle des institutions internationales, des institutions européennes, de nos créanciers", a dit la ministre mardi sur RTL.

Et dimanche dans le JDD, la ministre avait prévenu que "si nous ne faisons pas ces choix maintenant, ce seront nos créanciers ou le FMI qui nous les imposeront".

Un risque crédible?

"On n'en est pas là", tranche auprès de l'AFP Pierre Jaillet, économiste à l'institut européen Jacques Delors, selon qui "la situation est grave mais pas désespérée".

"La dramatisation qu'on entend actuellement est peut-être plutôt liée à la communication politique pour faire passer les économies", pense l'économiste.

La France doit trouver 40 milliards d'euros d'économies pour son budget 2026, un exercice délicat.

"Agiter les peurs n'aidera ni au rééquilibrage ni à un débat apaisé sur la façon de réduire notre déficit" abonde auprès de l'AFP Florence Pisani, économiste en chef de la société d'investissement Candriam.

Le risque de tutelle est particulièrement improbable en ce qui concerne le Fonds monétaire internationale (FMI), l'institution qui était venue en aide à la Grèce au tournant des années 2010 avec la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne, au prix de réformes difficiles pour la population grecque.

Interrogée par l'AFP, l'institution de Washington s'est refusée à commenter les déclarations françaises. "La dette publique élevée et croissante, combinée à des vents contraires intérieurs et extérieurs importants pour la reprise, souligne la nécessité d'assainir les finances publiques et de poursuivre les réformes structurelles pour favoriser une croissance durable" , a toutefois dit Manuela Goretti, la cheffe de mission de l'institution pour la France, dans une déclaration transmise à l'AFP.

Que se passerait-il en cas d'urgence?

Une intervention du FMI parait d'autant plus improbable que "l'Union européenne a ses propres mécanismes d'intervention", rappelle Pierre Jaillet.

Le Mécanisme européen de stabilité (MES), créé en 2012, permet aux Etats d'obtenir une aide à des conditions favorables en cas d'envolée sur les marchés des taux d'intérêt.

"Ce n'est pas un mécanisme qui distribue de l'argent sans condition", prévient toutefois M. Jaillet: il est "conditionné à un plan d'ajustement", c'est-à-dire à l'engagement de réformes, donc à un certain contrôle sur les choix français.

La BCE dispose aussi d'outils pour limiter les effets spéculatifs sur les marchés, sous réserve que l'Etat en difficultés respecte les règles budgétaires européennes, ce qui n'est pas le cas de la France.

Faut-il s'inquiéter?

A court terme non, selon les experts. Le taux auquel la France emprunte sur les marchés est autour de 3,2%, assez proche de son niveau avant la dissolution de l'Assemblée nationale début juin 2024.

"La France emprunte aujourd'hui toujours à des taux relativement bas et si elle parvient à réduire graduellement son déficit, les marchés n'ont aucune raison de paniquer", analyse Florence Pisani soulignant que "la France doit seulement montrer qu'elle garde la maîtrise de la trajectoire de sa dette".

Une France "somnambule"

Mais le coût croissant des intérêts payés par la France pour s'endetter et la menace d'une rétrogradation de sa note par les agences de notation engendrent de l'inquiétude.

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a fait part de son inquiétude mercredi, affirmant dans une interview aux Echos que "la menace est que la France soit prise en ciseau entre des prêteurs de plus en plus exigeants (...) et des dépenses de plus en pressantes". "Nous ne pouvons plus continuer à marcher en somnambules vers le mur de la dette", a-t-il dit.

9 commentaires

  • 13 juin 10:53

    Une très bonne chose, là nous serons bien obligés de faire des réformes et surtout des économies... Il faut prendre en compte plusieurs choses : 1) Les déficits depuis 1978 2) le taux de croissance 3) Notre capacité à emprunter et à quel taux ? 4) La charge de la dette qui va passer à 100 Mds d'euros d'ici quelques années...


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