Le nombre de personnes arrivant sur de petits bateaux au Royaume-Uni a progressé de 49% en un an.

Des migrants sur le bateau d'un passeur à Neufchâtel-Hardelot, le 30 juin 2025. ( AFP / SAMEER AL-DOUMY )
Un accord entre Paris et Londres prévoyant le retour en France de migrants arrivés à bord de petites embarcations au Royaume-Uni en échange de l'envoi outre-Manche de migrants se trouvant en France est entré en vigueur, s'est réjoui mardi 5 août le gouvernement britannique.
"Aujourd'hui nous envoyons un message clair : si vous venez ici illégalement sur un petit bateau, vous risquez d'être renvoyé en France ", a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui s'est entendu sur ce projet pilote avec le président français Emmanuel Macron lors de sa visite d'Etat au Royaume-Uni en juillet. Le cabinet du ministre de l'Intérieur français, Bruno Retailleau, a toutefois indiqué de son côté que "l'accord a été signé, mais entre en vigueur demain" mercredi . Valable jusqu'en juin 2026, il vise à dissuader les personnes souhaitant traverser la Manche sur des embarcations précaires et bondées, organisées par des réseaux de passeurs.
Depuis le début de l'année, 18 personnes sont mortes en tentant de rallier clandestinement l'Angleterre sur ces "small boats", selon des données du ministère de l'Intérieur français.
Le traité, dont le texte a été publié mardi, est basé sur un principe d'"un pour un". La France reprendra des migrants arrivés au Royaume-Uni par "small boat" et dont la demande d'asile n'y est pas jugée admissible. Dans l'autre sens, Londres acceptera des personnes se trouvant en France et ayant fait une demande sur une plateforme en ligne, en donnant la priorité à celles ayant des liens avec le Royaume-Uni.
Aucune indication officielle n'a été donnée sur le nombre de migrants concernés.
Les deux gouvernements ont signé le "texte final la semaine dernière" et la Commission européenne a "donné son feu vert à cette approche innovante pour décourager l'immigration illégale", a indiqué lundi soir le Home Office.
"Casser les filières"
La mise en œuvre effective de l'accord pourrait prendre quelques jours, avec des premières détentions de migrants ayant vocation à être renvoyés d'ici la fin de la semaine, selon le ministère britannique. "Bien sûr, il commencera avec un nombre réduit" de migrants "mais nous voulons pouvoir l'étendre", a déclaré mardi la ministre britannique de l'Intérieur Yvette Cooper sur la radio de la BBC . Elle n'a pas confirmé le chiffre de 50 personnes renvoyées par semaine évoqué dans la presse.
Le traité précise que le retour de migrants en France se fera dans un délai de 14 jours après leur arrivée au Royaume-Uni. Une demande formelle devra être envoyée aux autorités françaises pour chaque transfert. L'ensemble du processus pourrait prendre trois mois et le Royaume-Uni en assumera tous les coûts. Les mineurs non accompagnés ne seront pas concernés.
Londres et Paris ont insisté sur le fait que les nouveaux arrivants seront soumis de part et d'autre de la Manche à un examen sécuritaire complet.
Yvette Cooper a précisé que l'accord ferait l'objet d'une évaluation mensuelle et que des "ajustements" sont à prévoir. Bruno Retailleau a loué sur X un "dispositif expérimental, dont l'objectif est clair : casser les filières". Le commissaire européen chargé des questions migratoires, Magnus Brunner, a aussi salué l'accord, indiquant sur X que "le nombre croissant de migrants qui traversent la Manche clandestinement est préoccupant".
Vives critiques
Cinq pays du sud de l'Europe dont la Grèce, l'Italie et l'Espagne, avaient exprimé en juin leur "préoccupation", disant craindre que la France ne renvoie ensuite les migrants vers le premier pays de l'UE dans lequel ils sont arrivés.
Avec un nombre record de plus de 25.400 personnes arrivées au Royaume-Uni sur des petits bateaux depuis le début de l'année, soit une hausse de 49% sur un an, le gouvernement travailliste de Keir Starmer est sous pression pour tenter d'endiguer ce phénomène.
Ce projet a suscité de vives critiques dans le nord de la France, où certains élus estiment que le dispositif est trop favorable aux Britanniques, tandis que des associations d'aide aux migrants jugent qu'il va à l'encontre des textes internationaux sur la protection des réfugiés.
Il s'inscrit dans le cadre d'un durcissement de la politique migratoire au Royaume-Uni, où le parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage monte en puissance dans les sondages, et où des manifestations ont régulièrement lieu devant des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile.
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