par Steve Holland, Elizabeth Piper et Andrew MacAskill
Le Premier ministre britannique Keir Starmer reçoit jeudi le président américain Donald Trump pour des discussions qui seront centrées sur les questions internationales majeures, plutôt que les problèmes politiques en Grande-Bretagne, où le chef de la Maison blanche a entamé une deuxième visite d'Etat inédite.
Au lendemain d'un banquet somptueux organisé au château de Windsor, où il a été reçu avec les honneurs et à l'occasion duquel il a effectué un tour en calèche au côté du roi Charles, Donald Trump se rend à la résidence de Chequers pour dévoiler avec Keir Starmer un ensemble d'investissements américains de 205 milliards de dollars en Grande-Bretagne.
Ces accords d'investissements, qui concernent des secteurs comme les technologies, l'énergie et la science, vont dynamiser la "relation spéciale" entre les deux pays, des liens que Keir Starmer s'est évertué à cultiver auprès de Donald Trump depuis que ce dernier est revenu au pouvoir à la Maison blanche en janvier dernier.
Le rendez-vous entre le Premier ministre britannique et le président américain ne devrait toutefois pas être sans encombre. La conférence de presse conjointe à laquelle les deux dirigeants vont prendre part, en fin de journée, pourrait donner lieu à des questions à propos du défunt Jeffrey Epstein.
Keir Starmer a été contraint de limoger la semaine dernière son ambassadeur aux Etats-Unis, Peter Mandelson, après qu'ont été révélés par des médias britanniques les liens étroits du diplomate avec le financier américain délinquant sexuel.
La relation entretenue par Donald Trump avec Jeffrey Epstein, retrouvé mort en prison alors qu'il était accusé d'être à la tête d'un vaste réseau de trafic de jeunes filles, fait également l'objet d'une attention particulière. Le président américain a dit attaquer en justice le New York Times après que le journal a rapporté qu'il avait envoyé à Epstein une lettre d'anniversaire à caractère sexuel, ce que Trump nie.
"BEAUCOUP À GAGNER"... MAIS DES "POINTS DE FRICTION"
Alors qu'il traverse "une période difficile" au niveau national, Keir Starmer "a besoin d'une narration positive à l'international", a déclaré Evie Aspinall, directrice du think tank British Foreign Policy Group, et doit "convaincre Trump sur des questions clé".
Pour Donald Trump, a-t-elle poursuivi, "il est important de montrer qu'avoir de bonnes relations avec lui a de la valeur". "Les deux camps ont beaucoup à gagner", a-t-elle ajouté.
Au cours du banquet organisé au château de Windsor, le président américain a décrit mercredi soir sa visite d'Etat comme "l'un des plus grands honneurs de (sa) vie".
Keir Starmer espère que ce sentiment perdurera jeudi et dissuadera Donald Trump d'aborder des sujets plus sensibles, comme la réglementation numérique britannique et la position adoptée par Londres à l'égard d'Israël.
Le Premier ministre britannique entend mettre l'accent sur les accords scellés entre les deux pays, dont un nouveau pacte technologique dans le cadre duquel des compagnies dont Microsoft, Nvidia, Google et OpenAI ont promis plus de 40 milliards de dollars d'investissements en Grande-Bretagne.
Par ailleurs, des commentaires d'un représentant britannique laissent penser que Keir Starmer s'est résigné à ne pas réclamer auprès de Donald Trump une baisse des droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium.
Le locataire de Downing Street veut également accorder jeudi une place importante aux questions de politique étrangère, avec l'espoir de convaincre le président américain d'adopter une position plus stricte contre la Russie pour son offensive en Ukraine.
S'il a décrit le week-end dernier la Russie comme l'"agresseur" dans cette guerre, ce qui a réjoui les Européens, Donald Trump a également réclamé des Européens qu'ils cessent de se procurer du pétrole russe comme condition préalable à de nouvelles sanctions américaines contre Moscou.
Keir Starmer est aussi sous pression pour évoquer avec Donald Trump la campagne militaire d'Israël à Gaza. Le président américain a exprimé sa frustration à propos de l'attaque israélienne à Doha, allié de Washington, mais continue globalement de soutenir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Donald Trump est également mécontent que plusieurs pays européens ont annoncé vouloir reconnaître un Etat de Palestine, ce qu'il a dénoncé comme une "récompense au Hamas". Il a toutefois déclaré aux journalistes qu'il ne s'offusquait pas que Keir Starmer ait "pris position".
Ces deux questions géopolitiques "devraient être des points de friction dans les conversations", a noté Evie Aspinall. "Il va y avoir des moments gênants lors de ces conversations".
(Steve Holland, Elizabeth Piper et Andrew MacAskill; version française Jean Terzian, édité par Blandine Hénault)
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