
Le leader de Place publique Raphaël Glucksmann, le 27 septembre 2025, à Bram dans l'Aude ( AFP / Idriss BIGOU-GILLES )
Raphaël Glucksmann, positionné sur une stratégie de rupture avec La France insoumise, a le vent en poupe pour 2027 selon les sondages, mais le leader de Place publique doit encore s'imposer dans le débat politique national et convaincre le reste de la gauche.
Alors que se tiennent samedi et dimanche à La Réole (Gironde) les Rencontres de Place Publique, l'eurodéputé est auréolé d'un sondage Ifop qui le place en situation de concurrencer Édouard Philippe et lui laisse entrevoir une qualification au second tour de la présidentielle.
Un sondage critiqué par la gauche sur sa méthode, mais qui conforte Raphaël Glucksmann dans sa "stratégie de rupture claire" avec La France insoumise, même s'il se refuse encore à officialiser sa volonté de concourir à l'élection.
Le patron du Parti socialiste Olivier Faure, qui se verrait bien lui aussi sur la ligne de départ, n'en fait pourtant pas le prétendant naturel de la gauche: Raphaël Glucksmann "n’est pas le candidat des socialistes", ni celui "du reste de gauche", a-t-il asséné jeudi en marge de la manifestation parisienne.
Et pour cause, Raphaël Glucksmann refuse de participer au processus d'union pour 2027 - initié notamment par les Écologistes et le PS -, qui devrait passer par une primaire.
Il argumente que les Écologistes ont aussi invité LFI, alors que l'eurodéputé de 45 ans défend une ligne social-démocrate émancipée de la gauche radicale, dont il critique notamment les positions sur l'Ukraine, la Russie, la Chine, et le rapport à la démocratie.
"Si on fait une primaire avec Jean-Luc Mélenchon, ça veut dire qu'on imagine que s'il gagne on va se battre derrière lui. Dans ce moment de l'histoire, je dis non", a-t-il expliqué le weekend dernier à la patronne des Écologistes Marine Tondelier, qui sera présente à La Réole.

Le leader de Place publique Raphaël Glucksmann, le 27 septembre 2025, à Bram dans l'Aude ( AFP / Idriss BIGOU-GILLES )
Cette dernière rétorque que les insoumis ont déjà clairement rejeté toute primaire, et qu'en installant le duel avec Jean-Luc Mélenchon, Raphaël Glucksmann risque de faire gagner le RN.
L'eurodéputé se veut pourtant en première ligne dans le combat contre l'extrême droite.
Mais il plaide pour la "clarté" politique, et pour qu'il y ait deux offres politiques à gauche, puisqu'elles sont selon lui "irréconciliables".
"François Mitterrand, quand il a gagné en 1981, ce n’était pas sur la base d’une union avec les communistes, mais d’un rapport de force", rappelle l'essayiste qui veut s'imposer dans les sondages pour incarner le vote utile.
"Mon angoisse, ce n’est pas que la gauche soit désunie, c'est qu’elle plafonne à 25 %", avance-t-il, espérant attirer un électorat plus centriste.
"Raphaël est désormais une voix qui compte", veut croire un de ses proches, soulignant qu'"il a été invité par le Premier ministre Lecornu". "Personne ne l'a pris au sérieux quand il a dit qu'il voulait créer un parti de masse, mais on a 12.000 adhérents", ajoute un député de Place publique.
- Pas de leadership -
Mais les critiques fusent à gauche.
Les Insoumis, qui en ont fait leur premier opposant, le décrivent comme "un nouveau Macron".
Et si l'ex-ministre Aurélie Filippetti vient d'annoncer son ralliement à Place publique, socialistes et écologistes soulignent que l'eurodéputé ne dispose que de deux députés et deux sénateurs, et peine à s'imposer dans le débat.
"Personne ne sait réellement ce qu'il pense sur de nombreux sujets nationaux", remarque une élue écologiste, qui ne sent "pas une Glucksmann mania" autour d'elle.
"Je ne vois pas comment il incarne la rupture avec le macronisme, c’est quand même la gauche caviar", assène la même, réitérant le procès en parisianisme qui poursuit le fils du philosophe André Glucksmann.

Le leader de Place publique Raphaël Glucksmann, le 27 septembre 2025, à Bram dans l'Aude ( AFP / Idriss BIGOU-GILLES )
Le compagnon de la journaliste Léa Salamé a tout de même les faveurs de certains socialistes pour 2027, même si d'autres remarquent qu'il n'a pas "une position centrale" à gauche pour rassembler.
Une macroniste avoue ne pas croire "une seule seconde qu’il sera candidat". Elle rappelle qu'au soir de la dissolution, alors qu'il était arrivé en tête des européennes, il n'avait "pas pris le leadership" à gauche, se laissant imposer l'accord du Nouveau Front populaire, avec LFI.
"C’est un type sympa, brillant, un excellent porte-parole, mais profondément pas un homme politique, il en a fait la démonstration ce jour-là".
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer