Aller au contenu principal
Fermer

Pétition contre la loi Duplomb: quelles suites possibles au million de signatures ?
information fournie par Boursorama avec Media Services 21/07/2025 à 13:17

La pétition d'une étudiante contre la loi Duplomb a récolté en dix jours près d'un million de signatures sur le site de l'Assemblée nationale, du jamais-vu. Que peut-il se passer maintenant ? La constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina prédit, dans un entretien à l'AFP, "un véritable casse-tête chinois" où les groupes parlementaires, le président de la République, le Conseil constitutionnel et le juge administratif auront leur rôle à jouer.

( AFP / BERTRAND GUAY )

( AFP / BERTRAND GUAY )

Un débat inédit à l'Assemblée ?

"La possibilité des pétitions en ligne date de 2019 et marque le signe d’une ouverture souhaitée de l’Assemblée aux débats citoyens. On est ici dans un exemple très concret de démocratie participative qui pourrait faire bouger des lignes.

Le cap symbolique des 500.000 signatures a été très largement franchi, la Conférence des présidents de l'Assemblée nationale peut donc facilement, comme le prévoit son règlement, décider d'organiser un débat dans l'hémicycle.

Cela ne signifie pas que la loi sera réexaminée sur le fond, mais ce sera une première sous la Ve république et, vu la mobilisation citoyenne, il sera particulièrement scruté.

Le 8 juillet, cette loi a été adoptée par 316 voix pour, contre 223. Les députés pourraient-ils se dédire et estimer qu'il faut l'abroger - si toutefois elle a été promulguée entre-temps par le président de la République ? Rien n'est moins sûr.

Mais, si c'était le cas, cela donnerait des ailes aux groupes d'opposition, aux Ecologistes notamment, qui peuvent à n'importe quel moment déposer une proposition de loi incluant l'abrogation de la loi Duplomb et son article sur la réintroduction à titre dérogatoire du pesticide l'acétamipride. Tout sera alors remis en jeu."

Le Conseil constitutionnel saisi

"Les députés de gauche ont déposé un recours le 11 juillet devant le Conseil constitutionnel, qui a un mois pour se prononcer.

Ils espèrent une censure notamment car la loi Duplomb a fait l'objet d'une motion de rejet préalable ce qui a empêché tout réel débat dans l'hémicycle.

Il est très peu probable que les Sages censurent pour vice de procédure: ils ont déjà jugé dans le passé que les motions de rejet, jugées "détournées" de leur esprit par les oppositions, n’étaient pas de leur ressort.

Dans leur recours, les députés de gauche estiment aussi que la réintroduction de l'acétamipride contrevient à deux principes constitutionnels : le principe de précaution, qui oblige à prévenir des dommages environnementaux graves même en cas d’incertitude scientifique, et le principe de non-régression, qui interdit de revenir en arrière sur les avancées en matière de protection de l’environnement.

Mais ils sont très généraux et leurs implications concrètes sont susceptibles d'interprétation par le législateur.

Il semble donc peu probable que la loi dans son ensemble soit censurée. En revanche, il y aura sans doute des réserves d'interprétation : les Sages vont demander des gages sur certains points précis."

Retarder la promulgation ?

"Une fois, l'étape du Conseil Constitutionnel passée, le président de la République doit promulguer la loi. Mais il peut retarder cette promulgation et demander une seconde délibération au Parlement.

Le chef de l'Etat en tant que garant de la cohésion nationale pourrait choisir cette option vu qu'en l'espèce un nombre important de citoyens s'opposent à ce qui a été voté au Parlement."

Une loi non applicable ?

"La réintroduction de l’acétamipride supposera des décrets d'application. La loi prévoit simplement une clause de revoyure à l'issue d'une période de trois ans, pour s’assurer que les conditions d'utilisation sont toujours remplies.

On voit bien que le législateur marche sur des oeufs.

Les décrets d'application vont certainement faire l'objet de recours devant la justice administrative. Elle peut se prononcer sur le principe de précaution ou décider qu'il y a une inégalité de traitement entre les agriculteurs - par exemple entre ceux qui ont le droit d'utiliser le pesticide et ceux qui n'ont pas le droit. Tant que les décrets sont attaqués en justice, la loi n'est pas applicable."

8 commentaires

  • 21 juillet 18:27

    Quelle hypocrisie cette agriculture qui, selon ses intérêts, veut interdire ou autoriser certains pesticides, insecticides ou autres produits phytopharmaceutiques !
    Les agriculteurs, n'agissent que pour protéger leurs intérêts, d'augmenter leur rentabilité et évincer la concurrence étrangère ou augmenter leurs exportations.


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • La Première ministre japonaise Sanae Takaichi (gauche) et le président américain Donald Trump passent en revue des soldats japonais, le 28 octobre 2025 à Tokyo ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )
    information fournie par AFP 28.10.2025 02:42 

    Donald Trump, en visite à Tokyo, a assuré mardi que Washington était un allié "au plus haut niveau" du Japon, à l'heure où les Etats-Unis lui réclament de muscler ses dépenses de défense face à la montée en puissance chinoise. Tokyo est la deuxième étape de la ... Lire la suite

  • Le Premier ministre canadien Mark Carney lors d'une conférence de presse en marge du 47e Sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) à Kuala Lumpur, le 27 octobre 2025 en Malaisie ( AFP / Arif Kartono )
    information fournie par AFP 28.10.2025 01:46 

    Arcbouté sur une nouvelle hausse des droits de douane pour les produits de son voisin, Donald Trump a refusé lundi toute rencontre avec le Premier ministre canadien Mark Carney, sur fond de brouille autour d'une publicité qu'il a qualifiée d'"acte hostile". "Nous ... Lire la suite

  • L'examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026 débute le 27 octobre 2025 à la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale à Paris  ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )
    information fournie par AFP 27.10.2025 23:35 

    Le PS et le gouvernement ont trouvé lundi à l'Assemblée un terrain d'entente sur la surtaxe sur les bénéfices des entreprises, semblant progresser dans la quête d'un accord budgétaire global, même si des haies restent à franchir sur la taxation des patrimoines ... Lire la suite

  • Une personne achète un sachet de trois oeufs dans un magasin du quartier du Bronx, à New York, le 27 février 2025 ( AFP / CHARLY TRIBALLEAU )
    information fournie par AFP 27.10.2025 23:06 

    Au bord de la voie rapide reliant les arrondissements de Brooklyn et du Queens à New York, les automobilistes peuvent difficilement rater l'immense bannière jaune qui a fait son apparition: "Votez Zohran, pour une ville abordable." Peut-être plus que tout autre ... Lire la suite

Pages les plus populaires