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Ordinateur quantique: la start-up française Alice & Bob s'arme pour une guerre d'usure
information fournie par Boursorama avec AFP 17/11/2025 à 08:15

Theau Peronnin, directeur général de la start-up Alice & Bob lors du Web Summit à Lisbonne, le 12 nomvembre 2025. ( AFP / PATRICIA DE MELO MOREIRA )

Theau Peronnin, directeur général de la start-up Alice & Bob lors du Web Summit à Lisbonne, le 12 nomvembre 2025. ( AFP / PATRICIA DE MELO MOREIRA )

Lancée dans la course à l'ordinateur quantique, qui promet des puissances de calcul prodigieuses, la start-up française Alice & Bob construit un large centre de production en région parisienne avec l'objectif de créer un appareil utile à l'industrie dès 2030.

L'entreprise travaillait jusqu'alors comme "un laboratoire de physique privé", un peu comme cinq physiciens dessinant une fusée dans un garage, décrit à l'AFP Théau Peronnin, son directeur général, rencontré en marge du Web Summit à Lisbonne.

Après une levée de fonds de 100 millions d'euros en janvier dernier, la société entre désormais dans le dur pour construire et livrer d'ici cinq ans des "machines à très fort impact, capables de faire des choses absolument invraisemblables pour les meilleurs supercalculateurs classiques", d'après M. Peronnin.

La jeune pousse, fondée en 2020 et qui compte 160 employés, va ainsi inaugurer au printemps un centre de production, recherche et développement de 4.000 mètres carrés au nord de Paris. Elle souhaite aussi agrandir ses équipes, avec 80 postes ouverts, notamment dans l'ingénierie.

- Infinité -

Science des matériaux, chimie, médecine, cryptographie: le quantique pourrait permettre de résoudre en un temps record des problèmes trop complexes pour les calculateurs actuels et futurs.

L'informatique classique repose en effet sur des données stockées sous la forme de bits, qui n'ont que deux états possibles (0 ou 1).

Les ordinateurs quantiques, eux, utilisent des "qubits", briques de base qui ont une infinité d'états possibles pouvant se superposer et s'enchevêtrer.

La superposition et l'intrication permettent de réaliser des opérations mathématiques massives en parallèle, car l'ordinateur est capable d'explorer toutes les solutions en même temps et non une à une.

Plusieurs ordinateurs quantiques sont déjà opérationnels à travers le monde mais restent au stade expérimental, principalement utilisés par des scientifiques en raison d'un taux d'erreurs trop important, les qubits étant très sensibles aux interférences extérieures qui génèrent des erreurs.

Alice & Bob utilise des circuits imprimés qui opèrent à très basse température, appelés "circuits supraconducteurs", une technique proche de celle des géants américains Google ou IBM.

Mais la start-up a développé de son côté un qubit qui "intègre un premier niveau de correction d'erreur directement dans la conception de la puce", détaille Théau Peronnin.

Ce qui "simplifie considérablement la construction de la machine complète", divisant par 200 "sa taille, son coût et sa complexité", affirme-t-il.

Celle-ci se compose d'un cryostat à dilution, qui ressemble à un chandelier doré, soit un "frigo" où se trouvera la puce quantique, et une baie informatique, sorte de grosse armoire métallique avec le matériel pour piloter l'ordinateur, d'après M. Peronnin.

"L'ensemble tiendra dans une quinzaine de mètres carrés, et consommera quelques dizaines de kilowatts", poursuit-il.

- "Accélération brutale" -

Face à Alice & Bob, d'autres start-up françaises comme Quobly, Pasqal ou Quandela se positionnent, mais la compétition est surtout féroce avec les concurrents américains et chinois.

"On voit une accélération brutale des moyens engagés par nos compétiteurs", reconnaît Théau Peronnin. Comme toutes les grandes courses technologiques, le quantique devient selon lui "une guerre d'attrition", c'est-à-dire une guerre d'usure où le vainqueur est celui qui dispose du plus de ressources et peut tenir le plus longtemps.

"Depuis la rentrée de septembre aux États-Unis, près de 4 milliards d'euros ont été mobilisés dans le quantique par des entreprises privées", pointe-t-il.

La Commission européenne a de son côté érigé les technologies quantiques comme l'un de ses axes prioritaires de développement, avec l'intelligence artificielle et les semi-conducteurs, présentant en juillet un plan pour faire de l'Union européenne un leader dans ce domaine d'ici 2030.

"Le calcul est en train de jouer le même rôle au 21e siècle que l'énergie au 20e siècle", souligne Théau Peronnin, le défi étant de voir si l'Europe sera capable "de concentrer les capitaux" à temps.

Car "le calcul en général, et en particulier le calcul quantique, est un jeu à vainqueur unique", conclut-il.

1 commentaire

  • 09:38

    Ca y est on recommence comme avec Bull... C'est le contribuable qui paie, pas de problème. Ceci dit c'est un objectif militaire plus que civil.


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