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Meurtre d'une lycéenne en 1994: l'accusé à la mémoire sélective se dit innocent
information fournie par AFP 22/09/2025 à 20:38

Fin mai 1994, le corps de Nadège Desnoix, 17 ans, avait été découvert lacéré de coups de couteau sur le côté d'un chemin menant au lycée de Château-Thierry où elle était élève de première ( AFP / FRANCK FIFE )

Fin mai 1994, le corps de Nadège Desnoix, 17 ans, avait été découvert lacéré de coups de couteau sur le côté d'un chemin menant au lycée de Château-Thierry où elle était élève de première ( AFP / FRANCK FIFE )

Déjà condamné pour des faits de nature sexuelle et décrit comme un homme au "double visage", Pascal Lafolie a démenti lundi être l'auteur du meurtre de la lycéenne Nadège Desnoix en 1994, au premier jour de son procès à Laon (Aisne).

Devant la cour d'assises chargée de faire la lumière sur l'un des plus anciens "cold cases" en France à aboutir devant la justice, l'accusé de 58 ans est resté impassible, voire parfois somnolent à l'audience, où son entourage ainsi que deux anciennes victimes ont aussi été entendus.

Questionnée sur sa personnalité, celle qui était sa compagne à l'époque des faits s'est souvenue à la barre d'un homme au "double visage", tantôt "ange" tantôt "démon", a-t-elle raconté, évoquant par exemple des violences et un viol au cours de leur relation. D'autres proches l'ont qualifié de "violent" ou encore d'"impulsif".

Le corps de Nadège Desnoix, 17 ans, avait été retrouvé fin mai 1994 lacéré de coups de couteau sur un chemin menant à son lycée de Château-Thierry (Aisne), sans trace d'agression sexuelle. Une cordelette et une rose, fraîchement cueillie, avaient été découverts à proximité.

Disposant de très peu d'éléments, l'enquête a longtemps piétiné. Ce n'est qu'en 2021 que de nouvelles expertises ont révélé que l'ADN de Pascal Lafolie, récemment prélevé dans le cadre d'une affaire de violences conjugales, correspondait à celui retrouvé sur le chouchou que Nadège Desnoix portait au moment de sa mort.

L'homme a déjà un lourd passé judiciaire: il a notamment été condamné à quatre ans de prison ferme pour l'agression sexuelle en 1996 d'une adolescente de 14 ans, et à douze ans de prison ferme pour le viol en 2000 d'une femme de 21 ans.

Ces deux victimes ont été interrogées lundi par visioconférence. La première a rappelé avoir été ligotée par Pascal Lafolie sous la menace d'un couteau et emmenée dans un bois où il lui avait imposé une fellation. La deuxième rentrait d'une soirée entre amis lorsqu'il l'a entraînée dans un buisson pour la forcer à faire de même.

- Positions "pas crédibles" -

Les enquêteurs ont noté des similarités troublantes entre ces affaires et les circonstances de la mort de Nadège Desnoix. D'autant qu'en garde à vue en 2021, M. Lafolie avait initialement déclaré qu'il "ne pensait pas que ça finirait en meurtre pour une fellation", avant de rétropédaler.

Sur ces anciens propos, les explications de l'accusé sont confuses. "J'ai mélangé avec les deux (autres) victimes. Je mélangeais tout", a-t-il tenté de justifier lundi. Et la présidente de la cour de lui rétorquer: "Comment pouvez-vous tout mélanger, on vous parle d'un meurtre ?".

"Je reconnais avoir été sur les lieux" mais "c'est pas moi qui l'ai tuée, c'est mon frère", a-t-il maintenu lundi. "J'ai voulu me mettre entre eux, et ça s'est mal passé. Il m'a mis un coup sur la tête", a-t-il ajouté, disant ne plus de souvenir de ce qu'il s'est passé ensuite.

"Vous ne vous souvenez pas de tout ce qui vous dérange", s'agace la présidente de la cour.

Quand il évoque sa jeunesse, Pascal Lafolie dit avoir subi les violences de ce frère aîné, décédé en 2021. Lundi à la barre, leur petite sœur a par ailleurs confié que ses frères avaient tenté de la violer quand elle avait 12-13 ans, une affaire étouffée par la famille.

En 2024, le corps du frère en question a été exhumé pour un prélèvement ADN, mais aucune correspondance n'a été établie avec les profils génétiques retrouvés sur les vêtements de Nadège Desnoix.

Juste avant la fin de la première journée d'audience, l'avocate de l'accusé, Justine Devred, a tenté de brosser le portrait d'un homme "influençable" et "impressionnable", qui aurait été manipulé par les enquêteurs pour prononcer des aveux.

Les positions sur lesquelles campe Pascal Lafolie "ne sont pas crédibles", a déclaré lundi à la presse William Desnoix, un des frères de la victime, partie civile au procès. "On attend une très lourde condamnation, une vraie réponse de la justice", a-t-il ajouté.

S'il est reconnu coupable à l'issue des débats prévue jeudi, Pascal Lafolie encourt 30 ans de réclusion criminelle.

4 commentaires

  • 17:02

    Encore un gars qui trimballe une enfance traumatique et qui reproduit à l'infini des actes de violences plus terribles les uns que les autres. De surcroît, lui même père de famille avec trois enfants... Une situation qui fait froid dans le dos...


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