par Kirsty Needham
Les premiers migrants climatiques de Tuvalu, nation insulaire isolée du Pacifique en proie à la montée des eaux, sont arrivés en Australie, ont déclaré jeudi des responsables des Affaires étrangères.
Dans le cadre d'un accord conclu entre les deux pays il y a deux ans, plus d'un tiers des 11.000 habitants de Tuvalu ont demandé un visa climatique pour émigrer en Australie. Le nombre de visas est limité à 280 par an afin d'éviter une fuite des cerveaux dans cette petite nation insulaire.
Tuvalu, l'un des pays les plus menacés par le changement climatique en raison de l'élévation du niveau de la mer, est un groupe d'atolls de faible altitude dispersés dans le Pacifique entre l'Australie et Hawaï.
Dans un communiqué transmis à Reuters, la ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a déclaré que le visa climatique offre une "mobilité dans la dignité, en donnant aux Tuvaluans la possibilité de vivre, d'étudier et de travailler en Australie alors que que les effets du changement climatique s'aggravent".
Penny Wong a déclaré que les migrants climatiques contribueraient à la société australienne.
Des services de soutien sont mis en place par l'Australie pour aider les familles de l'archipel à s'installer dans la ville de Melbourne dans l'Etat du Victoria, à Adélaïde dans l'Etat d'Australie-Méridionale, ainsi que dans l'Etat du Queensland.
D'ici 2050, les scientifiques de la Nasa prévoient que les marées quotidiennes submergeront la moitié de l'atoll de Funafuti, où vivent 60% des Tuvaluans et où des habitants se raccrochent à une bande de terre large de 20 mètres.
Les prévisions de 2050 tablent sur une élévation du niveau de la mer d'un mètre. Le pire des scénarios en prévoit le double et 90% du principal atoll du pays serait submergé.
Le Premier ministre de Tuvalu, Feleti Teo, a rendu visite le mois dernier à la communauté tuvaluane de Melton, à Melbourne, afin de souligner l'importance de maintenir des liens forts et des liens culturels au-delà des frontières lorsque les citoyens émigrent, ont déclaré les autorités de Tuvalu.
Parmi les insulaires sélectionnés pour la première vague d'accueil de migrants climatiques figurent une conductrice de chariot élévateur, une dentiste et un pasteur.
Kitai Haulapi, conductrice de chariot élévateur, va s'installer à Melbourne. Dans une vidéo publiée par le ministère australien des Affaires étrangères, cette Tuvaluane récemment mariée déclare qu'elle espère trouver un emploi en Australie et continuer à contribuer à l'économie de Tuvalu en envoyant de l'argent à sa famille.
Masina Matolu, dentiste, déménagera dans la ville de Darwin, dans le nord de l'Australie, avec ses trois enfants en âge d'aller à l'école et son mari marin. Elle prévoit de travailler avec les communautés indigènes.
"Je peux toujours ramener tout ce que j'apprends en Australie dans ma culture d'origine, juste pour aider", a-t-elle déclaré dans une vidéo.
Manipua Puafolau est arrivé en Australie il y a deux semaines. Pasteur en formation dans la plus grande église de Tuvalu, il s'efforce de préserver la vie spirituelle de sa communauté à des milliers de kilomètres de chez lui. Il prévoit de s'installer dans la petite ville de Naracoorte, en Australie-Méridionale, où plusieurs centaines d'habitants des îles du Pacifique travaillent dans l'agriculture saisonnière et dans la filière de la viande.
"Pour les personnes qui s'installent en Australie, il ne s'agit pas seulement de leur bien-être physique et économique, mais aussi d'un besoin d'accompagnement spirituel", a-t-il déclaré dans une vidéo du ministère australien des Affaires étrangères.
(Kirsty Needham ; version française Coralie Lamarque ; édité par Augustin Turpin)

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