par John Irish et Charlotte Van Campenhout
Un émissaire spécial européen pour l'Ukraine est nécessaire afin de garantir que l'Europe aura un rôle significatif dans un éventuel processus de paix, ont déclaré dimanche deux dirigeants européens alors que le Vieux continent semble être exclu des négociations que l'administration de Donald Trump veut mettre en place.
L'Europe n'aura pas de siège à la table des négociations de paix en Ukraine, a déclaré samedi Keith Kellogg, l'émissaire de Donald Trump pour l'Ukraine, après que Washington a consulté les capitales européennes pour leur demander leur contribution aux garanties de sécurité pour Kyiv.
La France va organiser lundi une réunion d'urgence avec les dirigeants européens, y compris la Grande-Bretagne, pour discuter de l'aide immédiate à apporter à l'Ukraine, ainsi que du rôle concret que l'Europe peut jouer pour fournir des garanties de sécurité à Kyiv et renforcer la sécurité collective du bloc.
Mais au regard des sommets précédents, où l'Europe a souvent tergiversé ou s'est montrée parfois désunie et politiquement faible, la voix du bloc pourrait rester inaudible.
Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires Etrangères, a déclaré dimanche sur franceinfo, qu'il ne faut pas dramatiser ces rencontres car elles se produisent régulièrement.
L'Europe s'efforce néanmoins d'élaborer un plan cohérent pour mettre fin à la guerre en Ukraine et traiter avec la Russie.
"Si je peux me permettre de lancer une idée en vrac, s'il y a une table de négociation, je pense que nous devons faire quelque chose de similaire à ce qui a été fait au Kosovo", a déclaré le président finlandais Alexander Stubb lors de la Conférence annuelle de Munich sur la sécurité.
Alexander Stubb faisait référence à l'initiative diplomatique ayant contribué à mettre fin à la répression militaire de la Serbie de 1998-1999 contre sa province pour aboutir à l'indépendance du Kosovo.
"L'Europe a besoin d'un envoyé spécial comme Martti Ahtisaari (pour le Kosovo), puis d'un envoyé adjoint qui soit au niveau de (...) (Keith) Kellogg (...), et en ce sens, nous aurons une sorte de participation au jeu", a-t-il poursuivi.
Donald Trump a suscité un tollé cette semaine en appelant le président russe Vladimir Poutine, dont les forces ont commencé à envahir l'Ukraine il y a trois ans, sans consulter au préalable les Européens ni Kyiv et en actant le début d'un processus de paix.
Son administration a également provoqué le débat avec des déclarations choc sur le conflit entre l'Ukraine et la Russie. Le vice-président américain, JD Vance, s'en est pris à Munich aux valeurs européennes, estimant que la liberté d'expression était étouffée.
"Ce qui nous a manqué en Ukraine ces dernières années, c'est une personnalité très respectée par tous, prise en compte à Moscou, prise en compte à Kyiv, et soutenue par Washington, les capitales européennes et d'autres dirigeants, y compris ceux du Sud, qui pourrait avoir l'autorité nécessaire pour gérer les pourparlers de paix", a déclaré pour sa part le premier ministre croate, Andrej Plenkovic.
"Nous avons besoin d'une grande visibilité de quelqu'un de fort, qui puisse gérer le processus", a-t-il ajouté.
(Avec la contribution de Lili Bayer, version française Claude Chendjou)
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