"Personne ne peut s'arroger le droit de détruire les océans, surtout ceux sur lesquels ils n'ont aucun droit territorial", a estimé l'ambassadeur français des enjeux maritimes.

Olivier Poidre d'Arvor à Paris, le 16 janvier 2025. ( AFP / DIMITAR DILKOFF )
Alors que Donald Trump a décidé d'ouvrir l'extraction à grande échelle de minerais dans les grands fonds océaniques , y compris en eaux internationales, la France a estimé, lundi 28 avril par la voix de son ambassadeur français des enjeux maritimes Olivier Poivre d'Arvor, que les "abysses ne sont pas à vendre" et la haute mer "n'appartient à personne".
"Personne ne peut s'arroger le droit de détruire les océans, surtout ceux sur lesquels ils n'ont aucun droit territorial. C'est l'application stricte du droit international", a déclaré Olivier Poivre d'Arvor, au cours d'une conférence de presse en ligne, rappelant la position de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher.
"En appelant à la délivrance des permis d'exploitation en dehors des eaux sous juridiction hors du cadre de l'AIFM (Autorité internationale des fonds marins, ndlr), les États-Unis enfreignent le principe de non-appropriation de la haute mer", a-t-il ajouté. Le président américain a signé jeudi un décret remettant en cause l'AIFM, théoriquement compétente en haute mer, mais dont les États-Unis ne sont pas membres.
"Patrimoine commun de l'humanité"
"Les abysses ne sont pas à vendre" et "ne sont pas un eldorado: ce sont d'abord des sanctuaires", a martelé Olivier Poivre d'Arvor, rappelant que les fonds marins étaient considérés comme le "patrimoine commun de l'humanité" en droit international.
La France, qui prône l'interdiction d'exploitation des fonds marins, a réuni une coalition de 32 pays favorables à un moratoire, a rappelé l'ambassadeur.
À l'approche du sommet des Nations Unies sur les océans à Nice (du 8 au 13 juin), le président Emmanuel Macron a commandé un rapport scientifique sur l'exploitation des fonds marins, qui a été présenté lundi. Ce rapport, signé par une vingtaine de scientifiques, recommande "un moratoire sur l'exploitation minière en eaux profondes pendant au moins 10 à 15 ans, ou jusqu’à ce que des connaissances suffisantes soient disponibles pour prendre des décisions éclairées".
"Il est urgent d'attendre, de ne pas y aller tout de suite", a souligné l'auteur du rapport, Bruno David, naturaliste et ancien président du Muséum national d'Histoire Naturelle.
La rapport pointe que l'activité d'extraction minière "générerait de puissants panaches de sédiments pouvant s'étendre sur des dizaines à des centaines de kilomètres carrés" transportant "des métaux lourds susceptibles d'impacter toute la chaîne alimentaire".
"La science doit guider nos choix", a estimé Bruno David, fustigeant "une administration à Washington qui est dans le délire".
"Le fait de rejeter les données scientifiques, ça semble être devenu une sorte de nouveau sport outre-Atlantique, (...) certains feraient mieux de se contenter de jouer au golf plutôt que de pratiquer ce nouveau sport", a-t-il ajouté.
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