La France s'attend à une forte mobilisation jeudi dans le cadre de multiples appels à faire grève et à manifester contre les coupes budgétaires annoncées en juillet par l'ex-premier ministre François Bayrou, tandis que le nouveau locataire de Matignon Sébastien Lecornu multiplie les consultations.
Cette journée d'action intersyndicale pourrait mobiliser 800.000 personnes et peut-être davantage, selon le ministère de l'Intérieur, avec d'importantes perturbations prévues dans les écoles et certains transports collectifs. Environ 200.000 participants avaient été recensés à l'occasion de la journée "Bloquons tout" du 10 septembre.
"Les travailleurs et travailleuses que nos organisations représentent sont en colère", ont écrit les syndicats CFDT, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU et Solidaire dans leur communiqué appelant à la mobilisation ce jeudi, dénonçant les mesures "aussi brutales que profondément injustes" envisagées par François Bayrou, qui prévoyait un effort budgétaire de 44 milliards d'euros l'an prochain.
"Nous nous mobiliserons tant qu'il n'y aura pas de réponse à la hauteur et le débat ne va certainement pas se faire seulement à l'Assemblée nationale. Le budget va se décider dans la rue, sinon c'est Monsieur Lecornu qui finira à la rue", a déclaré lundi Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, à l'issue d'un entretien avec le nouveau Premier ministre.
Le ministre démissionnaire de l'Intérieur et président des Républicains (LR), Bruno Retailleau, a indiqué mercredi sur BFMTV/RMC qu'il anticipait "une très forte mobilisation", avec "une journée hybride".
Les autorités, a-t-il ajouté, craignent des opérations de blocages et de sabotage tôt dans la journée, avec "des groupuscules d'ultragauche qui veulent casser et qui sont des ultraviolents". Plus de 80.000 policiers et gendarmes seront déployés, ainsi que des véhicules blindés Centaure, des canons à eau et des drones.
FORTES PERTURBATIONS ATTENDUES À PARIS
"On sait parfaitement qu'il y aura des milliers, sans doute entre 5.000 et 8.000 ou 10.000 individus, qui viendront pour la bagarre, pour la casse, animés d'une haine antiflics", a également dit Bruno Retailleau au sujet des multiples manifestations prévues ensuite partout en France.
Près d'un tiers des professeurs des écoles publiques seront en grève ce jeudi, a indiqué la FSU-SNUipp, syndicat majoritaire du premier degré (écoles maternelles et élémentaires).
Du côté des transports, la SNCF prévoit que seuls un train intercités sur deux et trois TER sur cinq en moyenne circuleront, tandis que 90% des TGV rouleraient normalement.
A Paris et dans sa région, le trafic du métro s'annonce particulièrement perturbé - avec une large majorité de lignes dont la circulation sera uniquement assurée aux heures de pointes -, de même que celui du RER.
Le trafic des avions devrait être en revanche "quasi normal" après le report jusqu'en octobre d'un préavis de grève du syndicat des contrôleurs aériens, a déclaré lundi le ministre démissionnaire des Transports, Philippe Tabarot.
Par ailleurs, selon l'Union nationale des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), 98% des pharmacies seront fermées ce jeudi pour protester contre un arrêté gouvernemental visant à réduire les remises commerciales sur les médicaments génériques.
LA SUPPRESSION DE DEUX JOURS FÉRIÉS ENTERRÉE
Des syndicats hospitaliers et de professionnels du secteur de la santé, ainsi que la Confédération paysanne et les syndicats du secteur de l'énergie, ont eux aussi appelé à participer à la journée de mobilisation de jeudi.
Cette mobilisation intervient alors que Sébastien Lecornu a engagé depuis sa nomination la semaine dernière une série de discussions avec les différentes forces politiques et les partenaires sociaux en vue d'élaborer un budget qui ne soit pas rejeté par les députés.
Il a notamment annoncé samedi qu'il renonçait à la suppression de deux jours fériés, l'une des mesures les plus controversées du projet de budget 2026 de François Bayrou.
Les dirigeants du Parti socialiste (PS), qui détiennent en grande partie les clés de la survie du futur gouvernement de Sébastien Lecornu, ont déclaré qu'ils restaient "sur leur faim" après avoir été reçus mercredi à Matignon par le nouveau Premier ministre.
(Rédigé par Benjamin Mallet, avec Dominique Vidalon, Ingrid Melander, Mathias Rozario et Juliette Jabkhiro ; édité par Blandine Hénault)
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