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La COP30 s'enfonce dans la nuit, l'ambition sur la sortie des fossiles en péril
information fournie par AFP 22/11/2025 à 05:29

La cheffe autochtone Txai Surui manifeste sur le site de la COP30 le 21 novembre 2025 à Belem (Brésil) ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )

La cheffe autochtone Txai Surui manifeste sur le site de la COP30 le 21 novembre 2025 à Belem (Brésil) ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )

Les négociations de la COP30 au Brésil se sont prolongées samedi dans une lutte nocturne acharnée pour finaliser un accord a minima, après deux semaines chaotiques de sommet en Amazonie, proche de se conclure sans engagement majeur pour accélérer la sortie des énergies fossiles.

L'enjeu est de sceller un accord pour rattraper le retard pris par l'humanité dans sa lutte contre la pollution carbone, soutenir l'adaptation au changement climatique des pays pauvres et démontrer la viabilité du multilatéralisme dans un monde fracturé.

Mais depuis vendredi à l'aube, les pays se disputent à Belem sur un texte de la présidence brésilienne des négociations qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et endossée par le président brésilien Lula lui-même.

Le commissaire européen au climat Wopke Hoekstra le 21 novembre 2025 à la COP30 à Belem ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )

Le commissaire européen au climat Wopke Hoekstra le 21 novembre 2025 à la COP30 à Belem ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )

Au point que l'Union européenne a évoqué la perspective de partir "sans accord", ce qui serait un échec humiliant pour le Brésil et cette première conférence climatique de l'ONU en Amazonie, débutée le 10 novembre.

Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, certains pays souhaitant claquer la porte et d'autres ayant "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet, selon une délégation d'un des 27.

Qui s'oppose à des efforts sur les fossiles? L'Inde, l'Arabie saoudite et la Russie, rejoints par des pays émergents, a déclaré Monique Barbut, ministre française de la Transition écologique.

"Je mets en garde les médias contre les narratifs simplistes sur les véritables bloqueurs", a répondu Romain Ioualalen, de l'ONG Oil Change International, soulignant que les négociations portent aussi sur des aides aux pays pauvres "qui sont bloquées par les pays développés".

Le président de la COP30 Andre Correa do Lago lors de la session plénière à Belém au BGrésil le 21 novembre 2025 ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )

Le président de la COP30 Andre Correa do Lago lors de la session plénière à Belém au BGrésil le 21 novembre 2025 ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )

"Ne nous laissons pas distraire par tout ce bruit. Dans toute négociation climatique, il y aura toujours des accusations. Concentrons-nous sur l’essentiel: l'accès à l’énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

Le projet d'accord demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Mais les pays riches sont réticents à remettre la main au portefeuille après une COP29 qui les a engagés sur dix ans.

Après l'échec d'une longue réunion à la mi-journée avec les près de 190 pays présents, la présidence brésilienne a changé de format. A partir de 17H00 (20H00 GMT), elle a mené sans quasi-interruption des discussions à huis clos avec un groupe restreint de pays, représentatifs des différents blocs.

Très peu a filtré de ce long huis clos qui se poursuivait tard dans la nuit. Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de frictions : l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

- Pression de Lula -

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", a plaidé le président de la COP30, le diplomate André Correa do Lago.

Il a la lourde tâche de mettre d'accord 194 pays et l'Union européenne, membres de l'accord de Paris, pour une adoption par consensus, comme c'est la règle aux COP.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'exprime lors de la COP30, le 19 novembre 2025 à Belem, au Brésil ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'exprime lors de la COP30, le 19 novembre 2025 à Belem, au Brésil ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, largement responsables du réchauffement climatique, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Dans une année géopolitique mouvementée, avec de nombreux pays occidentaux se détournant politiquement du climat, peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président Lula la remette au centre du jeu au début du sommet.

Pour la ministre colombienne de l'Environnement Irene Velez Torres, dont le pays est devenu un chef de file anti-pétrole, la COP30 "ne peut se terminer sans feuille de route pour abandonner les énergies fossiles".

5 commentaires

  • 00:07

    Le CO2 n'a rien à voir avec le climat et le pétrole est une ressource incontournable pour les industries et les économies. Après tout le battage médiatique qui a été fait sur le sujet et la transition énergétique (une absurdité ruineuse), il devient difficile de faire admettre que tout cela était faux et qu'on peut revenir à la situation antérieure. Il y a des questions relatives à l'environnement qui n'ont rien à voir avec le CO2 et le climat. La confusion règne.


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