
Conférence de presse sur le rapport de politique monétaire de la Banque d'Angleterre à Londres
La Banque d'Angleterre (BoE) a, comme prévu, abaissé jeudi son principal taux directeur d'un quart de point, à 4,50%, disant vouloir adopter une approche graduelle et prudente alors que l'inflation reste toujours élevée et la croissance économique en berne.
Le comité de politique monétaire (MPC) de la BoE a voté par 7 voix contre 2 en faveur de ce changement. Les deux votes dissidents ont été ceux de Catherine Mann et Swati Dhingra, qui plaidaient pour une baisse encore plus importante du principal taux, à 4,25%, dans un contexte de faible croissance économique.
Concernant les perspectives, la BoE a réduit de moitié sa prévision de croissance économique pour cette année, à 0,75%, reflet de la faiblesse du moral des entreprises et des consommateurs et d'une croissance plus lente de la productivité.
Pour l'inflation britannique, actuellement à 2,5% sur un an, la BoE estime qu'elle devrait culminer à environ 3,7% au troisième trimestre de cette année, contre un pic prévu précédemment de 2,8%.
"Avec une menace sur la croissance et une inflation qui reste plus élevée que prévu, cela crée une combinaison qui est susceptible de voir le mot 'stagflation' être utilisé à tort et à travers", prévient Neil Birrell, directeur des investissements chez Premier Miton Investors.
Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, a cependant dit lors de la conférence de presse qui a suivi le communiqué de politique monétaire de la banque qu'il n'utiliserait pas le mot "stagflation".
Andrew Bailey a également souligné que la BoE "suivrait de très près l'économie britannique et les développements mondiaux et adopterait une approche graduelle et prudente pour réduire davantage les taux".
CHANGEMENT DE TON
Ces propos marquent un changement de ton par rapport au mois de décembre où Andrew Bailey n'avait parlé que d'une approche "graduelle".
Andrew Bailey a précisé que l'incertitude concernant l'économie mondiale était l'une des raisons pour laquelle la BoE a ajouté le mot "prudent" aux indications de la banque centrale sur sa position future en matière de taux d'intérêt.
"Il y a aussi l'incertitude mondiale. Elle est bilatérale (...) elle pourrait donc conduire à des conditions qui rendent en fait le chemin de la désinflation moins sûr. Elle pourrait aussi franchement (...) conduire à des conditions qui ont l'effet opposé et accélérer le chemin de la désinflation", a-t-il dit.
L'économie britannique fait face à des inquiétudes liées à la hausse des charges patronales décidées dans le budget présenté par la ministre des Finances Rachel Reeves et au risque d'une guerre commerciale mondiale à l'initiative du président américain, Donald Trump.
Elle souffre également d'une hausse des coûts, l'économie britannique ayant à peine progressé depuis la mi-2024. La BoE a prévenu que le produit intérieur brut (PIB) s'était probablement contracté de 0,1% au quatrième trimestre.
Rachel Reeves a salué jeudi la baisse des taux directeurs de la Banque d'Angleterre.
"Cette baisse des taux d'intérêt est une bonne nouvelle car elle contribue à alléger les pressions sur le coût de la vie ressenties par les familles à travers le pays, et permet aux entreprises d'emprunter plus facilement pour se développer", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
"Cependant, je ne suis toujours pas satisfaite par le taux de croissance (économique)", a-t-elle ajouté.
La baisse des taux d'intérêt de jeudi n'est que la troisième depuis le début du cycle d'assouplissement de la BoE. La banque avait opté pour le statu quo sur ses taux en décembre à la suite de la première baisse décidée en août, puis celle de novembre.
La BoE, qui a relevé ses taux à 14 reprises entre décembre 2021 et août 2023, a été moins encline que d'autres grandes banques centrales à réduire ses taux.
LA LIVRE À UN CREUX DEPUIS DÉBUT JANVIER
Sur les marchés financiers, la livre sterling recule de 1,02%, à 1,2375 dollar, et est en passe d'enregistrer sa plus forte baisse en une séance depuis le 2 janvier. La livre se traitait à 1,2421 dollar avant la décision de la BoE.
"Le fait que deux membres du MPC aient voté en faveur d'une réduction de 50 points de base, malgré une révision à la hausse des prévisions d'inflation à court terme, donne une idée de l'inquiétude de certains décideurs politiques face aux vents contraires à la croissance", a souligné Luke Bartholomew, économiste chez le gestionnaire d'actifs abrdn.
Le rendement des obligations d'État britanniques à dix ans a fléchi jusqu'à 4,38% contre 4,42% avant la décision de la BoE.
Le taux des emprunts britannique à deux ans, plus sensible sur les perspectives de la BoE en matière de taux, est pour sa part tombé à son plus bas niveau depuis octobre.
"Les données plus faibles que prévu en provenance du Royaume-Uni depuis la dernière réunion de la BoE les ont clairement encouragés (les décideurs de la banque) à être plus agressifs", a déclaré Paul Jackson, responsable de l'allocation des actifs chez Invesco.
Le principal indice de la Bourse de Londres, le FTSE 100, est en hausse de 1,58%, contre un gain d'environ 1,15% avant les annonces de la BoE.
(Rédigé par Claude Chendjou; avec David Milliken, Andy Bruce et William James à Londres; avec la contribution de Greta Rosen Fondahn, Harry Robertson, Naomi Rovnick, édité par Sophie Louet et Blandine Hénault)
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