Les ministres du Commerce de l'Union européenne (UE) souhaitent un accord commercial plus ambitieux que celui conclu entre le Royaume-Uni et les États-Unis, ont-ils déclaré jeudi, ajoutant qu’un tel accord, maintenant les droits de douane américains, ne suffirait pas à empêcher des mesures de rétorsion de la part du bloc européen.
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont annoncé, il y a une semaine, avoir conclu un accord commercial bilatéral limité, qui maintient les droits de douane de 10% imposés par Trump sur les exportations britanniques, tout en réduisant des droits plus élevés sur l’acier et les voitures.
Le vice-ministre polonais de l’Économie, Michal Baronowski, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a déclaré que l’accord britannique et la trêve avec la Chine donnaient un certain espoir d’apaisement.
Cependant, avant une réunion des ministres européens du Commerce à Bruxelles, il a affirmé que l’Union européenne ne devait pas "se précipiter". Le bloc, selon lui, n’a pas besoin d’un accord rapide, et cela semble être aussi le sentiment d’autres partenaires, comme le Japon.
"Je ne pense pas que l'Europe soit satisfaite de ce niveau d'ambition", a-t-il déclaré en faisant référence à l'accord entre les États-Unis et le Royaume-Uni.
"Je pense que nous pouvons obtenir un meilleur accord que de rester avec des droits de douane assez élevés... J'espère que (l'UE) obtiendra un meilleur accord que tous les autres accords que les États-Unis négocient actuellement".
Le ministre suédois du Commerce, Benjamin Dousas, s'est montré plus direct.
"Si l'Europe obtient l'accord entre le Royaume-Uni et les États-Unis, ces derniers peuvent s'attendre à des contre-mesures de notre part", a-t-il déclaré à la presse. "Je n'appellerais pas cela un accord commercial du tout".
L’UE fait face à des surtaxes douanières de 25% sur ses exportations d’acier, d’aluminium et de voitures vers les États-Unis, ainsi qu’à des droits de douane dits "réciproques" de 10% sur presque tous les autres produits, susceptibles d’être relevés à 20% si les négociations échouent durant la trêve de 90 jours, qui court jusqu’au 8 juillet.
Le ministre français du Commerce, Laurent Saint-Martin, a déclaré que l'UE ne pouvait pas accepter des droits de douane réciproques, un point de vue partagé par le Finlandais Ville Tavio.
"Non, ce n'est pas ce que j'espère... et il faut garder à l'esprit que des droits de douane de 10% ne seraient pas non plus bénéfiques pour l'économie américaine", a-t-il déclaré.
La Commission européenne, qui coordonne la politique commerciale de l’UE, a préparé la semaine dernière une liste de 95 milliards d’euros (106 milliards de dollars) d’importations américaines susceptibles d’être taxées, mais elle a répété qu’elle privilégiait une solution négociée.
Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a indiqué jeudi que l'UE et les Etats-Unis avaient convenu d'intensifier leurs discussions en vue d'un accord commercial, après un échange la veille avec le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick.
(Rédigé par Philip Blenkinsop avec Julia Payne, Bart Meijer et Geert De Clercq ; version française Noémie Naudin, édité par Blandine Hénault)
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