Berlin, 1784. La revue Berliner Monatsschrift organise un débat entre intellectuels. Sujet : « Qu'est-ce que les Lumières ? ». Qu'est-ce vraiment que ce mouvement de pensée né un siècle plus tôt et dont Voltaire a été l'icône mais où se sont illustrés des esprits aussi différents que Swift, Diderot, d'Holbach, Wieland ou Lessing ? Seul point commun entre ces penseurs : se battre pour encourager les progrès de la raison dans tous les domaines. Loin dans sa ville de Königsberg, au fin fond de la Prusse, le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804) décide de jouer sa partie, et y va de son article. Les Lumières ? C'est, écrit-il, « la sortie de l'homme de sa minorité dont il est lui-même responsable ». Autrement dit, l'homme doit se comporter en adulte, et cesser de s'en remettre aux autres pour diriger sa vie, qu'ils soient médecins, conseillers religieux ou financiers.
Pour celui qui, trois ans plus tôt, a écrit La Critique de la raison pure (1781), il faut « oser penser ». C'était déjà la formule du poète latin Horace, au Ier siècle avant J.-C. ; c'est aussi celle des Lumières. Mais, comme l'affirme fermement Kant, la pensée ne doit pas rester muette : elle doit s'exprimer par « l'usage public de la raison », autrement dit par l'expression publique de réflexions savantes. Quant à l'usage « privé » qu'un individu peut faire de sa raison, elle peut être « très sévèrement limitée », écrit-il. Même...
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