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Japon: La BoJ s'apprête à mettre fin aux taux d'intérêt négatifs
information fournie par Reuters 18/03/2024 à 23:09

Le siège de la Banque du Japon à Tokyo

Le siège de la Banque du Japon à Tokyo

par Leika Kihara

La Banque du Japon (BoJ) pourrait mettre fin mardi à huit années de taux d'intérêt négatifs et à d'autres mesures liées à sa politique monétaire ultra accommodante, ce qui constituerait un changement de cap historique pour la banque centrale dans sa lutte contre la déflation.

Selon les analystes, même en envisageant un relèvement du principal taux directeur de la BoJ, ce qui serait une première depuis 17 ans, celui-ci resterait proche de zéro, la reprise économique dans l'archipel étant encore fragile.

Une telle décision permettrait cependant au Japon de ne plus être à contre-courant des autres grandes banques centrales, qui ont toutes abandonné depuis longtemps les taux négatifs, destinés à l'époque à soutenir l'économie, grâce à de l'argent bon marché et à des outils monétaires non conventionnels.

Alors qu'une majorité d'économistes interrogés au début du mois pensaient qu'il faudrait attendre avril pour que la BoJ entame ce pivot, des sources indiquent que les augmentations de salaire plus importantes que prévu annoncées par les grandes entreprises la semaine dernière, ont désormais renforcé la probabilité que la banque centrale prenne cette décision dès mardi.

Si le conseil des gouverneurs, composé de neuf membres, estime que les conditions sont réunies, la BoJ fixera l'objectif du taux au jour le jour dans une fourchette de 0% à 0,1%, avec une rémunération de 0,1% sur les réserves excédentaires des institutions financières déposées auprès de la banque centrale.

SIGNIFICATION SYMBOLIQUE

"Ce serait la première hausse des taux en 17 ans, elle a donc une grande signification symbolique", a souligné Izumi Devalier, spécialiste de l'économie japonaise chez BofA Securities.

"L'impact réel sur l'économie est cependant très faible", a-t-elle ajouté, notant que la BoJ soulignerait probablement sa volonté de maintenir des conditions monétaires accommodantes.

En renonçant aux taux négatifs, la BoJ abandonnerait également sa politique de contrôle de la courbe des taux et ses achats d'actifs risqués comme les ETF (fonds négociés en Bourse), ont rapporté à Reuters des sources. Cela mettrait ainsi un terme formel au programme lancé depuis 2013 par l'ancien gouverneur de la banque centrale, Haruhiko Kuroda.

La BoJ pourrait néanmoins attendre avril si une majorité au sein de son conseil des gouverneurs juge nécessaire d'étudier davantage de données avant de prendre ce tournant plus restrictif.

Une enquête réalisée ce mois-ci montre que 35% des économistes s'attendent à ce que la BoJ mette fin à ses taux négatifs mardi, à l'issue de ses deux jours de réunion de politique monétaire. Cela représente une remontée spectaculaire par rapport aux 7% du mois précédent, mais ce chiffre reste toujours en dessous des 62% qui prévoient une telle décision seulement lors de la réunion suivante, les 25 et 26 avril.

La fin des taux négatifs ne faisant néanmoins pratiquement plus de doute, le marché est surtout à l'affût de signes que la BoJ pourrait donner sur le rythme des hausses de taux attendues au-delà du premier relèvement.

IMPACT SUR LES MARCHÉS FINANCIERS ?

Les enjeux sont cruciaux car une hausse des rendements obligataires augmenterait le coût du financement de l'énorme dette publique du Japon, dont le ratio en proportion du produit intérieur brut (PIB), est le plus important parmi les économies avancées.

La fin de la politique monétaire ultra accommodante du Japon pourrait également avoir un impact sur les marchés financiers mondiaux, car les investisseurs japonais, qui ont accumulé des investissements à l'étranger en quête de rendements, pourraient être tentés de rapatrier leur capitaux dans l'archipel.

Pour rassurer les marchés, la BoJ devra sans doute s'employer à faire comprendre que la sortie des taux négatifs ne sera pas le prélude à une remontée agressive du coût du crédit comme observé ces dernières années aux Etats-Unis.

Les nouvelles orientations de la banque centrale devraient figurer dans le communiqué de sa décision politique monétaire ou dans les annonces du gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, qui tiendra une conférence mardi à partir de 6h30 GMT.

Sous le mandat de Haruhiko Kuroda, la BoJ a mis en oeuvre en 2013 un vaste programme de rachat d'actifs, dont le but était initialement de faire remonter l'inflation vers la cible de 2% dans un délai d'environ deux ans.

La banque centrale a ensuite opté en 2016 pour des taux négatifs et un contrôle de la courbe du rendement des taux souverains japonais à dix ans dans un contexte de faiblesse persistante de l'inflation qui l'a contrainte à ajuster son programme de relance à un objectif à plus long terme.

Face à la chute brutale du yen, qui a fait grimper le coût des importations et intensifié les critiques sur l'impact des taux d'intérêt ultra-bas au Japon, la BoJ a décidé l'an dernier d'assouplir à nouveau sa politique de contrôle de la courbe des taux.

(Reportage Leika Kihara; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)

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