
Des Palestiniens reviennent d'un point de distribution d'aide humanitaire dans le nord de Gaza, à Jabalia le 23 juillet 2025 ( AFP / Eyad BABA )
Israël s'est défendu mercredi d'être responsable de la pénurie de nourriture dans la bande de Gaza et a accusé le Hamas d'avoir provoqué une crise humanitaire, en réponse aux critiques d'organisations internationales sur "une propagation de la famine" dans le territoire palestinien assiégé.
Israël fait face à une extrême pression internationale pour mettre fin aux souffrances des plus de deux millions d'habitants de la bande de Gaza, ravagée par 21 mois de guerre et soumise à un blocus qui prive la population d'une aide humanitaire vitale.
Mercredi, la Défense civile a annoncé la mort de 17 personnes parmi lesquelles une femme enceinte dans des frappes israéliennes, tandis que l'armée a affirmé avoir bombardé des dizaines de "cibles terroristes".
Après avoir assiégé Gaza au début de la guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas en octobre 2023, Israël a imposé au territoire un blocus total début mars, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.

Des Palestiniens dont des enfants courent, après l'ouverture de la grille, pour aller chercher des repas auprès d'une organisation caritative locale à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, le 22 juillet 2025 ( AFP / - )
"C'est la souffrance pour nourrir mes enfants. Je risque ma vie pour leur apporter un sac de farine", a raconté Mohamed Abou Jabal, un déplacé à Beit Lahia, dans le nord de Gaza. "Nous sommes en train de mourir, ayez pitié de nous, nous voulons manger", a-t-il ajouté après avoir récupéré un sac de farine.
"Nous dormons l'estomac vide, nous avons faim!", a lancé un autre Palestinien.
Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a affirmé mercredi qu'une "grande proportion" de la population de Gaza "mourait de faim".

Des Palestiniens prient près des corps de membres de la famille Al-Chaer, dont une femme enceinte, tués selon la Défense civile dans une frappe israélienne sur leur maison à Gaza-ville, lors de leurs funérailles à l'hôpital Al-Chifa, le 23 juillet 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )
Pour la France, le "risque de famine" à Gaza est "le résultat du blocus" imposé par Israël.
- 4.500 camions selon Israël -
Mardi, un hôpital de Gaza a affirmé que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures.

Des Palestiniens inspectent les dégâts, notamment une ambulance détruite, autour d'une maison touchée par une frappe israélienne à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 23 juillet 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
"Alors qu'une famine se propage à Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent", ont déclaré conjointement une centaine d'ONG parmi lesquelles Médecins sans frontières, Médecins du monde, Caritas, Amnesty international et Oxfam international, en appelant à un cessez-le-feu immédiat et à l'ouverture de passages pour l'aide.
"Juste à l'extérieur de Gaza, dans des entrepôts, et même à l'intérieur, des tonnes de nourriture, d'eau potable, de fournitures médicales, de matériel d'hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d'y accéder ou de les livrer", ont-elles ajouté.
Le gouvernement israélien s'est défendu en affirmant qu'il n'était pas responsable des pénuries.
"A Gaza aujourd'hui, il n'y a pas de famine causée par Israël", a déclaré son porte-parole, David Mencer. "Il s'agit d'une pénurie provoquée par le Hamas", a-t-il ajouté, en accusant le mouvement palestinien d'empêcher la distribution et de piller l'aide.
Le Hamas a toujours rejeté de telles accusations.

De enfants palestiniens attendent des repas préparés par une organisation de charité locale à al-Mawassi dans le sud de la bande de Gaza, le 22 juilet 2025 ( AFP / - )
L'armée israélienne a nié bloquer l'aide humanitaire et affirmé que 950 camions se trouvaient à Gaza et attendaient que les agences internationales distribuent leurs cargaisons.
Le Cogat, un organisme qui dépend du ministère israélien de la Défense, a affirmé que près de 4.500 camions étaient entrés récemment à Gaza, transportant de la farine et des aliments pour bébés et enfants.
A New York, le Comité pour la protection des journalistes a joint sa voix à l'appel des ONG en accusant Israël "d'affamer les journalistes pour les réduire au silence", alors que la presse étrangère n'est pas autorisée à pénétrer dans le territoire.
"Ce ne sont pas seulement des reporters, ce sont des témoins de première ligne", a déclaré la directrice régionale du CPJ, Sara Qudah.
- Witkoff en Europe -

Un photo prise depuis le sud d'Israël montre un panache de fumée s'élèvant après des bombardements israéliens dans la bande de Gaza, le 23 juillet 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
Dans ce contexte, l'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre cette semaine en Europe et pourrait ensuite aller au Moyen-Orient, selon des responsables américains.
Son objectif est de parvenir à "un nouveau cessez-le-feu, ainsi qu'à un couloir humanitaire pour l'acheminement de l'aide", d'après le département d'Etat.
Lancées début juillet, de nouvelles négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur une trêve n'avancent pas. Israël veut chasser le Hamas de Gaza et en prendre le contrôle. Le mouvement palestinien réclame le retrait israélien et l'arrêt de la guerre.

Des Palestiniens marchent en portant des sacs de farine à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 juillet 2025 ( AFP / - )
L'attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre, a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.
En riposte, Israël a lancé une offensive à Gaza qui a coûté la vie à 59.219 personnes, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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