La technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société" et montre des signes de solidité, assure Corine de Bilbao.
Corine de Bilbao à Issy-les-Moulineaux, le 15 décembre 2025. ( AFP / THOMAS SAMSON )
Trop d'investissements par rapport aux bénéfices générés ? Alors que les observateurs s'inquiètent d'une survalorisation du secteur de l'Intelligence artificielle (IA), la présidente de Microsoft France, Corine de Bilbao, ne "croit pas du tout à la bulle".
Au contraire, celle qui est à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, pense qu'"il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".
Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.
En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure-t-elle, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.
Un milliard d'agents IA
L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité" , énumère la patronne.
Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle. "Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.
L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon , le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.
Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat. "C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.
"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Corine de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.
Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.
"Nouvelle économie"
"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA, s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.
En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.
"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA" , déclare Corine de Bilbao. Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille, et construire un datacenter à Petit-Landau dans l'est de la France, près de Mulhouse.
"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.
Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle , qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.
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