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«Il faut qu’un bébé redevienne tendance» : comment la baisse de la natalité pèse sur le marché de la puériculture
information fournie par Le Figaro 29/09/2025 à 18:10

(Crédits: Unsplash - Valeria Zoncoll)

(Crédits: Unsplash - Valeria Zoncoll)

Dans les allées du salon BEBE Paris, les acteurs de la puériculture redoublent d'inventivité pour attirer les parents, de moins en moins nombreux en France. Ils plaident pour «une revalorisation des politiques natalistes», sous le mot d'ordre «Make birth great again».

Face à la baisse de la natalité, les exposants du salon BEBE Paris (pour Baby Event Business Exhibition), qui se tient ce lundi et mardi au Parc floral à Paris, font grise mine. Les professionnels de la puériculture s'y affairent à présenter leurs dernières innovations, pour enrayer la crise que traverse la filière. Le marché a reculé de 5,2% en valeur entre juillet 2024 et juin 2025, conséquence directe de la diminution du nombre d'enfants par femme. Au grand dam d' Emmanuel Macron et de son «réarmement démographique» .

L'an dernier, l'Insee a enregistré 663.000 naissances , soit 2,2% de moins qu'en 2023, et 21% de moins qu'en 2010. «La tendance n'est pas près de se retourner, avec une baisse de 2,2% depuis le début de l'année» , relève Olivier Rigal, vice-président puériculture de la Fédération française des industriels jouet puériculture (FFJP). «Notre filière est à un tournant, nous devons nous réinventer à travers des innovations» , estime le représentant.

«Miser sur les nouveautés»

Dans les allées du salon, les professionnels sont unanimes sur l'importance des innovations. «Aujourd'hui, la concurrence devient plus difficile et il est indispensable de miser sur les nouveautés» , explique un représentant de la marque internationale Joie. L'entreprise a par exemple développé une gamme de poussettes premium «Signature» pour qu'elles s'allient «parfaitement avec les tenues des parents». Elle compte s'implanter dans les grandes villes à travers une nouvelle campagne de communication.

Une stratégie payante, selon Olivier Marin, vice-président de la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l'enfant (FCJPE) : «Il y a des tendances particulières qui fonctionnent. Le design est important pour séduire les nouveaux parents, mais aussi les solutions pour simplifier leur vie.» Parmi les dernières nouveautés présentes au salon, figure par exemple la poussette Aer 2 avec une nacelle Joolz, «pliable en quelques secondes d'une seule main» . Les concepts multifonctions et évolutifs ont également la cote auprès des parents, car ils leur permettent de faire des économies. Un tricycle de la marque Globber peut ainsi devenir autonome dès que l'enfant atteint douze mois et se transforme ensuite en draisienne.

«Un cri d'alerte très fort»

Malgré des idées toujours plus novatrices, la filière, qui pesait 2,85 milliards d'euros en 2024, se heurte aussi à l'essor de la seconde main et aux plateformes low-cost comme Shein , Temu ou AliExpress. «Il y a de plus en plus de produits qui ne sont pas forcément aux normes de sécurité. On lance un cri d'alerte très fort sur les risques pour les consommateurs finaux, associés à des pratiques non concurrentielles» , déplore Olivier Marin. Face aux rabais affichés sur les sites de fast-fashion, certains acteurs tentent de rogner sur leurs marges pour rester compétitifs. «On a réagi sur les prix car les consommateurs ont de moins en moins de pouvoir d'achat. Par exemple, on a baissé le tarif d'un marchepied de 25% pour convaincre les clients d'acheter des articles produits en Europe» , souligne Anthony von fer Heyden, agent pour la marque Bébé-jou.

Pour se distinguer, d'autres misent sur l'expertise médicale. Chez Inglesina, une équipe de sages-femmes, pédiatres et bio-ingénieurs certifie certaines références, comme le coussin d'allaitement Elysia. «Beaucoup de mamans ne sont pas informées sur la qualité des produits. On est rentrés dans une ère où elles vont dans un magasin et se dirigent directement vers l'article qu'elles ont vu sur Instagram, ça devient grave», regrette Arnaud Sulon, directeur d'Inglesina. Cette perte de repères est aussi observée par Julie*, gérante d'une crèche, qui constate depuis le début de l'année «une réelle absence d'instinct maternel» avec des «parents qui se renseignent désormais sur les réseaux sociaux» .

«Une revalorisation des politiques natalistes»

Face à la crise du marché de la puériculture, les fédérations du secteur appellent à un sursaut politique. Pour Olivier Marin, «il est important qu'avoir un bébé redevienne tendance». «“Make birth great again”», lance-t-il. La FFJP et la FCJPE sont alignées sur l'importance d' «une revalorisation des politiques natalistes » , qui doivent être menées directement par le gouvernement.

«Les aides actuelles de la CAF ( Caisse d'allocations familiales) sont trop complexes et mal fléchées, nous demandons qu'elles servent vraiment aux besoins des bébés et des jeunes parents, et que la filière soit partenaire des politiques familiales» , pointe Olivier Marin. Olivier Rigal demande également «une enveloppe dédiée à l'équipement essentiel» et une «diminution du taux de la TVA de 20% à 5,5% pour les produits de sécurité obligatoires pour les bébés et les enfants» . Dernière requête, «une autorisation de déblocage anticipé de l'épargne salariale dès la naissance du premier enfant, aujourd'hui possible à partir du troisième, afin de libérer du pouvoir d'achat pour les nouveaux parents tout en étant neutre pour les finances publiques» . «Encore faut-il un gouvernement stable» , glisse un autre intervenant, fataliste.

* Le prénom a été modifié.

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