
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau à Angers le 30 mars. ( AFP / LOIC VENANCE )
L'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a classé le S-métolachlore comme "substance cancérigène suspectée" en juin dernier, et semble s'orienter vers une interdiction, selon l'ONG Générations Futures.
"Cette décision n'est pas alignée sur le calendrier européen." Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a demandé à l'Agence française de sécurité sanitaire (ANSES) de revenir sur sa volonté d'interdire les principaux usages de l'herbicide S-métolachlore, encore autorisé dans l'Union européenne, a-t-il indiqué jeudi 30 mars, lors du congrès de la FNSEA. "Je viens de demander à l'Anses une réévaluation de sa décision sur le S-métolachlore, parce qu'elle tombe" sans "alternatives crédibles", a-t-il annoncé devant les congressistes du syndicat agricole majoritaire, réunis depuis mardi à Angers.
Le député socialiste Dominique Potier a fustigé "une déclaration extrêmement grave qui porte atteinte à l'indépendance de l'Anses". "Elle remet en cause une loi de 2014 qui fait consensus depuis dix ans et qui prévoit que les ministères abandonnent leur prérogatives pour faire confiance à l'Anses".
L'Anses avait annoncé le 15 février sa volonté d'interdire les principaux usages du S-métolachlore, un herbicide agricole très utilisé en France, dont les dérivés chimiques ont été détectés au-delà des limites autorisées dans des eaux souterraines. "Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d'une agence", a affirmé Marc Fesneau auprès des agriculteurs et représentants du syndicat. "Il faut se baser sur la science pour évaluer avant de décider (...) mais l'Anses n'a pas vocation à décider de tout, tout le temps, en dehors du champ européen et sans jamais penser les conséquences pour nos filières", a-t-il ajouté.
"Quand un produit est cancérigène, il est retiré, c'est la doctrine française"
L'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) est chargée depuis 2015 de réévaluer l'autorisation de cet herbicide. Elle l'a classé comme "substance cancérigène suspectée" en juin dernier, et semble s'orienter vers une interdiction, selon l'ONG Générations Futures. L'Anses, qui n'a pas encore rendu sa décision définitive sur l'herbicide, n'a pas souhaité faire de commentaire sur les propos du ministre.
"Je ne remets pas en cause le travail, je dis juste qu'il faut qu'on change de méthode et donc on va changer de méthode", a précisé Marc Fesneau. Pour Dominique Potier, le ministre "se met à la main du pouvoir économique à court terme". "Quand un produit est cancérigène, il est retiré, c'est la doctrine française et il ne revient pas à un lobby économique de revenir dessus", a-t-il ajouté.
Au Salon de l'agriculture fin février, Emmanuel Macron puis Elisabeth Borne avaient annoncé un "plan de développement d'alternatives pour les produits phytosanitaires les plus importants", assurant les agriculteurs du soutien de l'Etat après de récentes interdictions sur leurs usages. "Nous respecterons désormais le cadre européen et rien que le cadre européen", avait assuré la Première ministre.
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