par Felix Light
Le président du Parlement géorgien a déclaré mardi que le parti au pouvoir, Rêve géorgien, allait intenter une action en justice auprès de la Cour constitutionnelle afin de déclarer illégaux les trois principaux partis d'opposition, ce qui marquerait une forte escalade vers un régime autoritaire dans ce pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne (UE).
Lors d'une conférence de presse tenue mardi, Shalva Papuashvili a déclaré que le recours en justice demanderait le bannissement de la Coalition pour le changement, le Mouvement national uni de l'ancien président Mikheil Saakashvili et le bloc Géorgie forte, tous trois fermement pro-occidentaux.
Selon l'agence de presse géorgienne Interpress, le président du Parlement a déclaré que ces trois partis constituaient "une véritable menace pour l'ordre constitutionnel".
Irakli Kupradze, figure du parti Géorgie forte dirigé par le fondateur de la banque géorgienne TBC Bank TBCG.L , a été cité par les médias locaux comme qualifiant l'action en justice de "coup décisif porté à la démocratie" et promettant de résister.
Au début de l'année, le Parlement géorgien a adopté une loi facilitant l'interdiction des partis politiques.
Les figures de Rêve géorgien, notamment Bidzina Ivanishvili, l'ex-Premier ministre milliardaire largement considéré comme le dirigeant de facto du pays, ont promis à plusieurs reprises d'interdire les partis d'opposition en raison de ce qu'ils considèrent comme des liens avec l'ex-président emprisonné Mikheil Saakashvili, affilié au Mouvement national uni dont le parti au pouvoir requiert l'interdiction.
L'action en justice que veut mener Rêve géorgien se fonde sur les conclusions d'une enquête menée par une commission parlementaire qui a mis en évidence des irrégularités commises sous le mandat de Mikheil Saakashvili, qualifiées de propagande par les figures de l'opposition.
Mikheil Saakashvili, qui a gouverné la Géorgie en tant que réformateur pro-occidental de 2003 à 2012, divise profondément les Géorgiens, dont beaucoup l'accusent d'être erratique, autoritaire et responsable de la guerre avec la Russie en 2008.
Il purge actuellement une peine de prison pour des délits incluant l'abus de pouvoir, et devrait rester incarcéré jusqu'en 2034.
Alors que la Géorgie est candidate à l'adhésion à l'Union européenne (UE), cette action en justice marquerait une forte escalade vers un régime autoritaire.
Plusieurs personnalités de l'opposition sont en prison, tandis que la police a multiplié les arrestations de protestataires participant aux manifestations antigouvernementales qui se déroulent régulièrement depuis plus d'un an.
Rêve géorgien a rompu les relations avec des pays de l'UE et gelé les négociations sur l'adhésion de la Géorgie au bloc européen, tout en accusant Bruxelles de préparer une révolution à Tbilissi.
L'UE a démenti ces accusations et Rêve géorgien affirme toujours souhaiter adhérer à l'UE, à condition de préserver des relations pacifiques avec la Russie et ce que le parti considère comme les valeurs chrétiennes orthodoxes traditionnelles de la Géorgie.
(Reportage Felix Light ; version française Coralie Lamarque, édité par Kate Entringer)

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