
Des Palestiniens transportent le corps d'un des cinq journalistes tués lors d'une frappe israélienne sur l'hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de Gaza, lors de funérailles, le 25 août 2025 ( AFP / - )
Des frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza ont tué lundi cinq journalistes, dont trois collaboraient avec Al Jazeera, Reuters et AP, le Premier ministre Benjamin Netanyahu déplorant "un accident tragique".
Les raids, qui ont coûté la vie à 15 autres personnes selon la Défense civile à Gaza, ont été condamnés par l'ONU et plusieurs pays dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui ont appelé à "protéger" les journalistes.
En riposte à une attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 sur son sol par le mouvement islamiste palestinien Hamas, Israël mène depuis près de 23 mois une offensive qui a dévasté la bande de Gaza assiégée et provoqué un désastre humanitaire.
La chaîne qatarie Al Jazeera, les agences de presse canado-britannique Reuters et américaine Associated Press ont chacune déploré la mort d'un collaborateur dans les frappes sur l'hôpital Nasser de Khan Younès, exprimant choc et tristesse.
"Israël regrette profondément l'accident tragique survenu à l'hôpital Nasser", a déclaré M. Netanyahu dans un communiqué, en annonçant une enquête de l'armée. "Notre guerre est contre les terroristes du Hamas. Nos objectifs légitimes sont de vaincre le Hamas et de ramener nos otages à la maison."
Des images de l'AFP prises immédiatement après les raids montrent de la fumée couvrant l'air et des débris à l'extérieur de l'hôpital Nasser. Des Palestiniens se précipitent pour aider les victimes, transportant des corps ensanglantés dans l'établissement.

Des militants de gauche israéliens manifestent pour soutenir les civils palestiniens dans la bande de Gaza et protester contre le gouvernement israélien, à Tel Aviv, le 25 août 2025 ( AFP / GIL COHEN-MAGEN )
Reuters a indiqué qu'au moment de la première frappe, son collaborateur était en train de diffuser de l'hôpital un flux vidéo en direct, qui a été coupé brusquement.
Lors des funérailles, une foule a porté les corps de certains des journalistes tués, enveloppés dans des linceuls blancs avec leurs gilets pare-balles placés au-dessus.
- "Dévastée, choquée" -
L'armée israélienne a reconnu avoir mené "une frappe dans la zone de l'hôpital Nasser" et affirmé qu'elle "ne ciblait pas les journalistes en tant que tels".

Un jeune Palestinien se tient au milieu de destructions à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 25 août 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )
Selon le Comité pour la protection des journalistes et Reporters sans frontières, environ 200 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque du 7-Octobre.
D'après le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, l'hôpital Nasser a été visé à deux reprises, d'abord par un drone explosif, puis par un bombardement aérien alors que les blessés étaient évacués.
Selon la Défense civile, 13 autres personnes ont péri ailleurs dans la bande de Gaza dans des frappes de l'armée israélienne qui contrôle environ 75% du territoire palestinien frappé par la famine selon l'ONU.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties. Les journalistes étrangers ne sont pas autorisés à entrer à Gaza et les médias internationaux s'appuient sur des journalistes locaux.

Des Palestiniens transportent une infirmière blessée par des frappes israéliennes sur l'hôpital Nasser, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 août 2025 ( AFP / - )
L'agence Reuters s'est dite "dévastée par le décès de Hossam al-Masri et les blessures infligées à un autre collaborateur, Hatem Khaled, lors des frappes israéliennes contre l'hôpital Nasser".
Associated Press a déclaré être "choquée et attristée" par le décès de Mariam Dagga, 33 ans, journaliste photo indépendante.
- Réunion mardi du cabinet de sécurité -

Un membre de la Défense civile de Gaza pris en charge après avoir été blessé par une frappe israélienne sur l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, le 25 août 2025 ( AFP / - )
Al Jazeera a condamné la mort du photojournaliste Mohammad Salama et accusé l'armée israélienne de vouloir "faire taire la vérité".
Deux autres journalistes palestiniens Moaz Abou Taha et Ahmad Abou Aziz ont péri dans les frappes, a indiqué le syndicat des journalistes palestiniens en faisant état d'un sixième journaliste, Hassan Douhan, tué par des tirs israéliens à Al-Mawassi (sud).
Après les frappes, Philippe Lazzarini, chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a dénoncé "l'inaction du monde".
Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, a appelé le monde à agir, en affirmant que les journalistes et les hôpitaux ne devraient jamais être pris pour cible.
Le cabinet de sécurité doit se réunir mardi soir à Jérusalem sous la présidence de M. Netanyahu, selon une source officielle. Le Forum des familles d'otages retenus à Gaza a appelé à une journée de mobilisation nationale en marge de la réunion.

Des Palestiniens courent pour se mettre à l'abri après une explosion à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 25 août 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent retenues à Gaza dont 27 sont décédées selon l'armée.
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62.744 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
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