La nouvelle prévision gouvernementale d'une croissance économique de 0,7% en 2025 en France est "possible", mais pourrait être "peut-être légèrement inférieure" en raison des fortes incertitudes liées au conflit commercial déclenché par les Etats-Unis, a estimé vendredi le premier président de la Cour des comptes.

( AFP / THIBAUD MORITZ )
Pierre Moscovici, également président du Haut conseil des finances publiques (HCFP), a indiqué sur France 2 que cet organisme donnerait son avis "la semaine prochaine" sur la prévision de croissance du gouvernement, abaissée mercredi de 0,9% à 0,7% en raison des incertitudes autour des droits de douane américains.
"Je pense qu'en réalité, en baissant la prévision de 0,9 à 0,7, le ministère de l'Economie a déjà enregistré des effets négatifs qui préexistaient à la guerre commerciale", a déclaré Pierre Moscovici.
"Mais je me demande si on a bien intégré dans ce chiffre tous les risques qui sont devant nous. Par exemple, si la guerre commerciale in fine produisait beaucoup d'incertitudes - et ça, de toute façon il y a une incertitude -, cette croissance pourrait être encore peut-être légèrement inférieure", a-t-il développé.
"On peut espérer 0,7, dirais-je aujourd'hui, mais disons que le consensus des économistes est plutôt à 0,6 et certains sont à 0,5"%, a-t-il ajouté.
La Banque de France table sur une progression de 0,7% du produit intérieur brut (PIB) cette année, tandis que l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a abaissé mercredi de 0,3 point sa prévision, à 0,5%, du fait de l'incertitude politique française et du péril d'un conflit commercial d'ampleur et durable.
Concernant l'objectif affiché par le gouvernement de ramener le déficit public à 5,4% du PIB cette année, après 5,8% en 2024, "là aussi, c'est encore sans doute possible", a estimé Pierre Moscovici.
"Mais si le gouvernement prend 5 milliards d'euros de mesures tout de suite, c'est qu'il constate que déjà, il y a quelques problèmes dans l'exécution" du budget, a-t-il noté, en référence à l'effort supplémentaire sur la dépense publique annoncé mercredi.
"Cinq milliards, ça marche peut-être. Disons que là encore, c'est sans doute provisionnel", a-t-il évalué.
"Il faut le tenir, ce 5,4", a-t-il poursuivi, "parce que nos déficits sont beaucoup trop élevés: ils sont près de deux points au-dessus de la moyenne de la zone euro".
Cet objectif se justifie aussi, selon le premier président de la Cour des comptes, en raison d'une dette "énorme", à 3.305,3 milliards d'euros, soit 113% du PIB fin 2024, et d'un coût de la dette risquant d'atteindre "100 milliards d'euros dans quelques années".
"Il faut être extrêmement vigilant" sur la situation des finances publiques, "mais il n'y a pas de raison, ce matin, d'être alarmiste", a-t-il conclu.
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