Ma parole n'est pas entièrement libre et je contrôle chacun de mes mots, a déclaré dimanche l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, pour sa première intervention publique depuis son retour en France à la faveur d'une grâce présidentielle accordée par l'Algérie après sa détention pendant un an.
"En quelque sorte, je ne vous parle pas de manière naturelle parce que de manière naturelle, je suis plutôt exubérant (...) là, je contrôle chacun de mes mots (...), a-t-il déclaré sur France 2, reconnaissant que sa parole est limitée, contrainte et bridée en réponse à une question.
"J'ai peur pour ma famille, pour mon épouse, si je reviens en Algérie. Je pense à mes compagnons de cellule, qui risquent d'être questionnés, que savent-ils, que leur ai-je dit ?", a-t-il poursuivi.
Revenant sur ses conditions de détention, l'écrivain a souligné que "la vie est dure dans une prison", que "le temps est long", qu'on "se fatigue, s'épuise et très vite on se sent mourir".
Il a également exprimé sa sidération quand il a été arrêté en 2024 en Algérie.
"En sortant de l'aéroport, ils m'ont passé une cagoule sur la tête (...) et pendant six jours je n'ai pas su où j'étais ni à qui j'avais affaire."
Selon Boualem Sensal, son arrestation est liée à "un mélange de beaucoup de choses".
"Tout ce qui vient de France blesse beaucoup les autorités algériennes. Il y a la question du Sahara occidental, il y a aussi le fait - et ça c'est un crime de lèse-majesté - que je suis allé en Israël", a-t-il dit, ajoutant "je n'ai jamais critiqué l'Algérie, je critique un régime, des gens, une dictature".
Agé de 81 ans et atteint d'un cancer, Boualem Sansal avait été arrêté en novembre 2024 à Alger en pleine crise diplomatique entre la France et l'Algérie après la reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Il a été gracié le 12 novembre par le président algérien Abdelmadjid Tebboune à la demande de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, avant d'être transféré en Allemagne et de rejoindre par la suite la France.
(Rédigé par Claude Chendjou)

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