
La REF 2025
A cinq jours d'un vote de confiance susceptible de faire tomber son gouvernement, François Bayrou a tendu la main au Rassemblement national (RN) et au Parti socialiste (PS), se disant prêt à revenir sur le projet de supprimer deux jours fériés et durcissant les conditions d'accès à l'Aide médicale d'Etat (AME).
Le Premier ministre a affirmé mercredi au micro de BFMTV/RMC vouloir "tendre la main à toutes les forces politiques" après avoir engagé la responsabilité de son gouvernement sur la question de la lutte contre l'endettement du pays.
François Bayrou s'est dit notamment prêt à revenir sur sa proposition de supprimer deux jours fériés qui doit permettre de faire quatre milliards d'euros d'économies dans le cadre du projet de budget pour 2026.
"Je suis ouvert à ce que nous trouvions une organisation qui permette d'obtenir les mêmes buts sans avoir les inconvénients", a-t-il dit renvoyant la balle dans le camp des formations politiques pour trouver des solutions alternatives.
Depuis lundi, le Premier ministre consulte les responsables politiques de tous bords avant le vote de confiance prévu le 8 septembre à l'Assemblée nationale mais il se heurte toujours à l'opposition du RN, du PS ou encore de la France insoumise (LFI).
En cas d'absence de majorité lors du vote, le gouvernement sera renversé.
François Bayrou s'est dit mardi "réaliste" mais "pas défaitiste" quant à ses chances de rester au pouvoir.
En Conseil des ministres, Emmanuel Macron a appelé à la "mobilisation totale" autour de son Premier ministre.
"Il a demandé à la fois au gouvernement une solidarité, une force, un combat jusqu’au 8 septembre, un combat qu’il faudra aussi mener dans l'acceptation du budget 2026", a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, qui ajoute que les ministres restent mobilisés pour "convaincre" les parlementaires avant le vote de la semaine prochaine.
"Il n'y a pas d'épreuves politiques perdues d'avance", a lancé le président de la République, toujours selon Sophie Primas.
Il doit recevoir jeudi les responsables du PS, dont le premier secrétaire du parti Olivier Faure qui s'est dit mardi soir "à la disposition" d'Emmanuel Macron pour discuter de l'après-Bayrou.
Olivier Faure pense qu'il peut être Premier ministre, a souligné François Bayrou sur BFMTV/RMC, "la question, c'est avec quelle majorité ?".
Pour les députés PS, "la réflexion sur une abstention lundi devrait être à l'ordre du jour", a estimé le chef du gouvernement.
LE RN "PAS DUPE"
Pour Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne, François Bayrou a "raté le coche".
"Il aurait dû dès le 15 juillet au soir faire la consultation des formations politiques pour constater que ça n'emportait pas une adhésion suffisamment large pour être maintenu", a-t-il déploré mercredi au micro de BFMTV.
Même son de cloche chez Les Républicains (LR) qui critiquent la "méthode" de François Bayrou, la porte-parole du parti, Florence Portelli, dénonçant sur BFMTV la "logique de boutiquiers" du Premier ministre.
"J'ai l'impression qu'on navigue à vue avec des gens qui sont prêts à aller prendre un petit coup à gauche, un petit coup à droite", a-t-elle estimé, ajoutant que des députés LR s'abstiendront lors du vote de confiance.
Reçue mardi à Matignon, la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, a pour sa part réaffirmé que son parti n'accorderait pas sa confiance à François Bayrou.
Le Premier ministre a pourtant fait un pas vers la formation d'extrême droite, en confirmant que son gouvernement préparait des décrets durcissant les conditions d'accès à l'Aide médicale d'Etat (AME), qui permet aux étrangers en situation irrégulière et à revenus très faibles d'avoir une couverture maladie, une demande de longue date du RN.
"C'est une mesure de bon sens. Lorsque vous demandez des efforts aux Français, il n'est pas possible que le sentiment que les Français éprouvent c'est qu'eux doivent faire des efforts et que les étrangers (...), que tout le monde n'y soit pas associé", a déclaré mercredi François Bayrou.
Pas suffisant toutefois pour le président du RN, Jordan Bardella.
"C'est une revendication de longue date du Rassemblement national et François Bayrou propose à quelques jours d'une chute probable de son gouvernement sans doute d’acheter une forme de mansuétude à l’égard du Rassemblement national mais je ne suis pas dupe, les électeurs non plus", a-t-il déclaré sur le plateau de RMC.
Face aux appels à la dissolution émanant notamment du RN, François Bayrou a jugé que cela représentait un "risque" qui n'apporterait pas "plus de clarté".
La crise politique qui s'annonce en France provoque de nouvelles turbulences sur les marchés financiers, qui s'inquiètent de plus en plus des niveaux d'endettement public.
Le ministre de l'Economie Eric Lombard a prévenu mercredi auprès du Financial Times qu'un compromis sur le projet de budget pour 2026 de la France serait "inévitable" si le gouvernement de François Bayrou venait à chuter la semaine prochaine.
L'actuel locataire de Matignon a dévoilé en juillet le contenu de son projet de budget pour 2026 prévoyant plus de 40 milliards d'euros d'économies.
De son côté, le PS a effectué des propositions destinées à effectuer près de 22 milliards d'euros d'économies, un effort jugé "insuffisant" par Eric Lombard.
(Rédigé par Zhifan Liu, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)
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