Les attaques frontalières entre la Thaïlande et le Cambodge se sont intensifiées mardi, les deux pays s'accusant mutuellement de bombarder des zones civiles tandis que Bangkok s'est engagé à poursuivre ses opérations militaires.
La Thaïlande a déclaré lundi avoir procédé à des frappes aériennes le long de sa frontière avec le Cambodge afin de neutraliser les capacités militaires de son voisin, menaçant l'accord de cessez-le-feu chapeauté par l'administration du président américain Donald Trump.
Les deux pays se sont mutuellement accusés d'avoir ouvert les hostilités durant la nuit. Les affrontements, survenus près de deux zones situées dans la province d'Ubon Ratchathani, se sont intensifiés avant l'aube.
L'armée thaïlandaise a dit avoir tiré des obus sur un complexe de casinos utilisé par l'armée cambodgienne comme position de tir et zone de stockage d'armes, tandis que des avions de chasse ont mené des frappes aériennes pour la deuxième journée sur ce que l'armée de l'air a déclaré être des cibles militaires stratégiques.
Le ministère cambodgien de la Défense a déclaré que ses troupes n'avaient pas d'autre choix que de prendre des mesures défensives et a accusé la Thaïlande de "cibler de manière aveugle et brutale des zones résidentielles civiles" avec des obus d'artillerie, des allégations que Bangkok a rejetées.
Un conseiller du Premier ministre cambodgien Hun Manet a déclaré à Reuters que Phnom Penh était ouvert à des pourparlers immédiats avec la Thaïlande pour mettre fin à un conflit frontalier.
De son côté, le Premier ministre thaïlandais, Anutin Charnvirakul, a exclu tout dialogue et a déclaré que l'armée avait un plan qu'elle mettrait en œuvre dans son intégralité.
"Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant. Nous nous sommes déjà engagés auprès des forces armées à ce qu'elles puissent mener à bien les opérations prévues. Le gouvernement apporte son soutien par tous les moyens", a déclaré Anutin Charnvirakul à la presse.
Les deux pays ont fait état de centaines de milliers de personnes déplacées dans les zones frontalières. Le ministère cambodgien de la Défense a déclaré que neuf civils ont été tués depuis lundi et 20 grièvement blessés. En Thaïlande, les autorités ont annoncé la mort de trois soldats avaient et 29 blessés.
Les tensions frontalières de longue date entre les deux pays ont donné lieu à un conflit armé en juillet dernier, pendant cinq jours, avant qu'un cessez-le-feu ne soit scellé par l'intermédiaire des Etats-Unis et de la Malaisie.
Au moins 48 personnes ont été tuées lors de ces affrontements, tandis qu'environ 300.000 personnes ont été temporairement déplacées par les combats.
Les tensions couvaient depuis la suspension par le gouvernement thaïlandais de la mise en oeuvre de l'accord de cessez-le-feu le mois dernier, après la détonation d'une mine antipersonnel qui, selon Bangkok, venait d'être posée par le Cambodge. Un soldat thaïlandais avait été mutilé par l'explosion.
Le Cambodge a nié avoir posé ces mines tandis que la Thaïlande a déclaré qu'elle n'appliquera pas les termes du cessez-le-feu tant que Phnom Penh ne présentera pas d'excuses.
(Reportage Reuters, Panarat Thepgumpanat, Orathai Sriring, Juarawee Kittisilpa et Devjyot Ghoshal à Bangkok et Artorn Pookasook à Buriram, Thaïlande ; rédigé par John Mair et Martin Petty, Mara Vîlcu pour la version française, édité par Augustin Turpin)

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