Selon le Comité national des moyens de paiements, cette diminution du nombre de "DAB" ne porte pas préjudice à l'accessibilité du public à l'argent en espèces, qui "reste à un très haut niveau".

( AFP / JEAN-SEBASTIEN EVRARD )
La tendance se confirme d'année en année : la France a perdu en 2024 plus de 1.500 distributeurs automatiques de billets, et près d'un sur cinq a disparu en six ans, sous l'effet des plans d'économies des réseaux bancaires et de la baisse des retraits d'espèces.
Le pays comptait 42.578 distributeurs automatiques de billets (DAB) au 31 décembre, soit 3,5% de moins qu'un an auparavant et 19,2% de moins que fin 2018, a annoncé jeudi 24 juillet le Comité national des moyens de paiements (CNMP), selon qui cette réduction de voilure ne gêne pas un bon accès aux espèces. Ces distributeurs sont répartis sur environ 29.500 sites dans quelque 6.500 communes.
"L'accessibilité aux espèces reste (...) à un très haut niveau", estime la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), Maya Atig. La Banque de France, garante de cette accessibilité, est sur la même ligne.
Interrogé par l'AFP, le président de la société 2SF Olivier Fournier y voit une "saine optimisation" du parc d'automates en France, "corrélée à une baisse de l'activité et au fait que les usages ne sont plus ce qu'ils étaient".
La société qu'il dirige participe à cette réduction, en regroupant sous la même bannière "Cash Services" les automates de la Société Générale, de BNP Paribas et de Crédit Mutuel Alliance fédérale (qui possède également le CIC).
Elle a déployé mi-juillet 2.000 automates, sur 1.200 sites, et vise d'ici la fin d'année prochaine "plus de 6.000 sites", un nombre inférieur aux précédentes prévisions et évidemment à la situation de départ ds trois groupes bancaires (environ 10.000 sites).
Boucher les trous
Ce recul des banques historiques sur le terrain, qui s'explique par des recherches d'économies de coûts et par la baisse de l'usage de ces machines amorcée en 2014, a ouvert un marché auprès des communes rurales pour d'autres spécialistes du cash: les convoyeurs de fonds Loomis, Brink's ainsi qu'Euronet. Ces trois sociétés exploitent désormais près de 1.000 DAB sur le territoire français, alors qu'elles en étaient absentes jusqu'en 2018.
Si ce sont surtout des communes rurales qui craignent la disparition du "dernier" distributeur, plusieurs grandes villes contractent également avec ces sociétés pour pallier l'absence de distributeur dans certains quartiers.
C'est le cas à Argenteuil, en région parisienne, où la mairie a fait installer deux DAB, dont un cette année, en mars.
"Une fois de plus les communes sont amenées (...) à suppléer soit les carences de l’Etat, soit en l'espèce ici la fermeture d'agences privées", déplore auprès de l'AFP le premier adjoint de la mairie d'Argenteuil, Xavier Péricat.
Le niveau d'utilisation du DAB récemment installé dans le quartier du Val-d'Argent-Nord — plus de 120 retraits par jour en juin —, confirme selon lui la réalité du besoin d'espèces à certains endroits, notamment à proximité de marchés.
Espèces contre CB
L'étude annuelle du CNMP, organisme chapeauté par la Banque de France, ajoute aux DAB des "points privatifs" de distribution de liquide, en augmentation de 3,9% sur un an. Ce sont au total 28.479 commerces (supérettes, boulangeries, bureaux de tabac...) qui proposent aux clients d'une banque partenaire des espèces contre un paiement du même montant par carte.
Ce service n'a cependant pas grand chose à voir avec celui d'un automate: il n'est accessible qu'aux clients d'une seule banque et uniquement aux horaires d'ouverture du commerçant. Le montant de retrait peut par ailleurs être limité et dépend du montant disponible dans la caisse du commerçant, parfois pas suffisant pour satisfaire la demande.
Le consortium Cartes Bancaires (CB) cherche à étendre l'usage de ces points privatifs aux clients de plusieurs banques: un test entre les différents points de contact de La Banque postale (hors DAB) et les "relais CA" (nom commercial des points privatifs du Crédit Agricole) sera lancé courant 2026, précise jeudi à l'AFP une porte-parole de CB.
Mais ce ne sera pas le remède miracle au recul du nombre de DAB: "les montants délivrables par jour seront plafonnés", de l'ordre de 20 à 100 euros, et "le commerçant ne pourra délivrer des espèces que dans la limite de son fonds de caisse", tempère le consortium.
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