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Entre rancoeur, lassitude et soulagement, les députés face au crépuscule Bayrou
information fournie par AFP 08/09/2025 à 21:52

Le Premier ministre François Bayrou s'adresse aux députés avant un vote de confiance à l'Assemblée nationale, le 8 septembre 2025  à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )

Le Premier ministre François Bayrou s'adresse aux députés avant un vote de confiance à l'Assemblée nationale, le 8 septembre 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )

Journée crépusculaire au palais Bourbon: totalement dénuée de suspense, la chute de François Bayrou a plongé les députés dans la circonspection, attisant lassitude et amertume chez les uns, soulagement chez les autres. Avec en toile de fond, l'ombre tenace d'une nouvelle dissolution.

Cette issue, à laquelle pousse Marine Le Pen, a été écartée au moins à court terme par l'Elysée, qui a annoncé lundi soir la nomination rapide d'un nouveau Premier ministre.

194 votes pour, 364 votes contre. En début de soirée, le couperet est tombé, implacable. La donne était jouée d'avance pour François Bayrou, qui devient le premier à perdre un vote de confiance sollicité au Parlement sous la Ve République, après neuf mois en poste.

Dans l'hémicycle, un silence se fait au moment de l'annonce du résultat, mais il est de courte durée, rompu par les applaudissements de députés La France insoumise (LFI), debout.

François Bayrou reste impassible, et après une accolade à deux de ses ministres, quitte les lieux.

Mais malgré le moment historique, le palais Bourbon n'a guère semblé traversé par la solennité: ni les journalistes venus de nombreux pays, ni les invectives des chefs de groupe parlementaire dans l'hémicycle n'ont effacé l'ambiance de fin de règne... Une atmosphère bien éloignée des frissons qui avaient parcouru l'Assemblée nationale lors de la censure du gouvernement Barnier, le 4 décembre 2024.

Le Premier ministre François Bayrou (c) quitte l'hémicycle de l'Assemblée nationale après le résultat du vote de confiance, le 8 septembre 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )

Le Premier ministre François Bayrou (c) quitte l'hémicycle de l'Assemblée nationale après le résultat du vote de confiance, le 8 septembre 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )

Ainsi le discours de François Bayrou, d'ordinaire enclin à s'épancher, n'aura duré qu'une quarantaine de minutes, sans susciter plus d'agitation que d'ordinaire dans l'hémicycle, sous l'oeil attentif de Jean-Luc Mélenchon et Marine Tondelier, assis dans la tribune des visiteurs.

L'ambiance a même parfois pris des airs de drôle de rentrée scolaire, avec des députés ravis de se retrouver après plus d'un mois et demi de suspension des travaux parlementaires.

- "Gâchis" -

Les mêmes sourires ont accompagné à la mi-journée l'arrivée des Insoumis au palais Bourbon. Pour LFI, c'est "le soulagement" qui prédomine, s'enthousiasme la députée Aurélie Trouvé, non sans appeler au "départ du président de la République".

Le Premier ministre François Bayrou (c) à la sortie de l'Assemblée nationale après le résultat du vote de confiance, le 8 septembre 2025 à Paris ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Le Premier ministre François Bayrou (c) à la sortie de l'Assemblée nationale après le résultat du vote de confiance, le 8 septembre 2025 à Paris ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

"Cette journée est un crépuscule qui n'en finit pas", se désespère l'écologiste Sabrina Sebaihi, qui souligne elle aussi le "soulagement de repartir d'une page blanche" après "une agonie très longue".

Des mines satisfaites se lisent également sur les visages des élus du Rassemblement national (RN): "Nous n'avons qu'une envie, c'est retourner aux urnes", glisse la députée Laure Lavalette.

Les troupes de la coalition gouvernementale, elles, oscillent entre rancoeur et lassitude. "Je ne peux pas imaginer qu'il ait pensé que le coup de bluff pouvait passer", s'agace un député Les Républicains (LR). "Il se protège mais il nous met tous dans une espèce de nasse."

Nombre de votes en faveur de la confiance demandée par François Bayrou, contre ou abstention, par groupe politique à l'Assemblée nationale, le 8 septembre 2025 ( AFP / Paz PIZARRO )

Nombre de votes en faveur de la confiance demandée par François Bayrou, contre ou abstention, par groupe politique à l'Assemblée nationale, le 8 septembre 2025 ( AFP / Paz PIZARRO )

Le député Renaissance Jean-René Cazeneuve glisse lui aussi que François Bayrou aurait dû "commencer par la négociation". Et fait part d'"une sensation profonde de tristesse, de gâchis, face aux postures des oppositions".

Avec une inquiétude majeure, l'hypothèse d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée si le blocage institutionnel persiste. "Quand bien même personne ne le souhaite, on ne peut pas ignorer que cette option existe", affirme une source du groupe Renaissance.

"Nous sommes dans une impasse dont personne ne pense que nous soyons la solution", se désole un député du même groupe.

- "A quoi on sert ?" -

Dans les couloirs, la valse des candidats à Matignon reprend de plus belle: Catherine Vautrin ? Sébastien Lecornu ? Bernard Cazeneuve ? Olivier Faure ? A moins qu'un profil technique n'émerge, ou qu'un médiateur ne soit nommé pour aboutir à un accord de gouvernement ?

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu quitte l'Assemblée nationale après la session parlementaire extraordinaire précédant un vote de confiance sur le budget d'austérité du gouvernement, le 8 septembre 2025 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu quitte l'Assemblée nationale après la session parlementaire extraordinaire précédant un vote de confiance sur le budget d'austérité du gouvernement, le 8 septembre 2025 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )

Rumeurs pour Matignon, rumeurs de dissolution... L'impuissance en guette certains.

"On a l'impression de faire et défaire. Faire et défaire c'est toujours travailler, mais espérons qu'on finisse par faire quelque chose quand même", s'alarme le socialiste Philippe Brun. "On participe un peu aussi à ce manège malgré nous, mais nous sommes obligés de censurer François Bayrou."

"Beaucoup de jeunes députés se posent la question: +A quoi on sert ?+", admet son collègue centriste Charles De Courson. "Il faut avoir le cuir épais et savoir gérer le temps", philosophe le plus ancien des députés.

1 commentaire

  • 08 septembre 23:33

    Felicitations a manu matuvu pour avoir provoqué un tel dsordre commencant avec un grand M.et dire qu'il va falloir le suporter deux années complètes


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