
Andrej Babis à son arrivée devant ses partisans à Prague, en République tchèque, après les résultats des législatives le 4 octobre 2025. ( AFP / Michal Cizek )
Le parti de l'ancien Premier ministre Andrej Babis est arrivé largement en tête des législatives tchèques samedi, un retour gagnant pour ce milliardaire autoproclamé trumpiste, qui avait perdu de peu le pouvoir il y a quatre ans.
Le mouvement ANO ("Action des citoyens mécontents", "OUI" en tchèque) de M. Babis, 71 ans, a obtenu 34,6% des voix, selon des résultats portant sur 99,5% des bulletins dépouillés. Ce qui lui promet autour de 80 des 200 sièges de l'assemblée tchèque.
Triomphant, les bras levés et tout sourire, il a salué un "résultat historique", "le summum absolu" de sa carrière politique.
Il devance largement le mouvement "Ensemble" du chef du gouvernement de centre droit sortant Petr Fiala, qui a rassemblé 23,3% des suffrages dans ce scrutin ayant vu une participation en hausse à 68,89% contre 65,43% en 2021.
Les libéraux de STAN, présents dans la coalition de M. Fiala, sont troisièmes avec 11,2% des voix.
Sans majorité, M. Babis aura besoin de partenaires pour gouverner le pays d'Europe centrale, membre de l'Otan et de l'Union européenne. Mais il a annoncé vouloir former un gouvernement avec son seul parti, tout en cherchant des appuis.
"Nous chercherons à former un gouvernement avec un seul parti dirigé par ANO", a-t-il déclaré samedi soir, soulignant qu'il discuterait immédiatement d'alliances avec le parti d'extrême droite SPD, qui a obtenu 7,8% des voix, et le parti de droite "La Voix des automobilistes" (6,8%).
"Je félicite le vainqueur des élections Andrej Babis," a déclaré de son côté M. Fiala, rejetant l'idée de tenter de reconstruire la coalition gouvernementale sortante.
- Groupe parlementaire eurosceptique -
M. Babis, qui avait déjà dirigé la République tchèque de 2017 et 2021, a fait campagne sur la promesse d'augmenter les prestations sociales et de réduire l'aide apportée à l'Ukraine, pour faire passer les Tchèques d'abord.

Andrej Babis s'apprêtant à prendre la parole à Prague après les résultats des législatives tchèques le 4 octobre 2025. ( AFP / Michal Cizek )
Il dit vouloir réexaminer l'initiative internationale dirigée par son pays pour fournir des obus d'artillerie à l'Ukraine, et qu'il en "discuterait" avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky si nécessaire.
Son retour au pouvoir pourrait signifier un rapprochement avec la Hongrie et la Slovaquie, qui ont refusé toute aide militaire à l'Ukraine et entravent les sanctions contre la Russie.

Tomio Okamura, leader du parti d'extrême droite tchèque SPD à Prague, le 3 octobre 2025, au premier jour des élections législatives ( AFP / Michal Cizek )
M. Babis a cofondé avec Viktor Orban le groupe parlementaire eurosceptique "Patriotes pour l'Europe" et le Premier ministre hongrois l'a très vite félicité sur X: "la vérité a prévalu!" a-t-il écrit. "Un grand pas pour la République tchèque, une bonne nouvelle pour l'Europe. Félicitations, Andrej!"
Marine Le Pen, la dirigeante du parti d'extrême droite français Rassemblement national, a également salué son score sur X, estimant que "partout en Europe, les partis patriotes sont appelés au pouvoir par les peuples, désireux de retrouver leur liberté et leur prospérité !".
Le SPD, son allié potentiel, réclame un référendum sur la sortie de l'Union européenne, ce que M. Babis a cependant catégoriquement rejeté.
- Consultations dimanche -
"Nous sommes clairement pro-européens et pro-Otan", a-t-il martelé samedi soir.
Le président tchèque Petr Pavel, qui nommera le prochain Premier ministre conformément à la Constitution, a annoncé qu'il entamerait les discussions avec les chefs de parti élus dès dimanche.
Cet ancien chef des forces de l'Otan, résolument pro-européen, a rencontré M. Babis en début de semaine pour évoquer les risques de conflit d'intérêts avec ses activités d'homme d'affaires.
Le milliardaire est à la tête d'un conglomérat chimique et alimentaire et des poursuites sont engagées contre lui pour fraude aux subventions européennes.

Des électeurs en costume traditionnel votent lors des législatives à Sardice, le 3 octobre 2025 en République tchèque ( AFP / Radek Mica )
Josef Mlejnek, un analyste à l'Université Charles de Prague, a déclaré à l'AFP qu'il ne s'attendait pas à "un changement fondamental" dans la politique étrangère tchèque sous M. Babis, qui a des intérêts commerciaux en Europe occidentale. "Babis est un homme d'affaires pragmatique et la seule chose qui l'intéresse est d'être Premier ministre".
Mais Peter Just, de l'Université métropolitaine de Prague, pense lui qu'il "n'est pas certain que la rhétorique (de l'ANO) restera pro-occidentale très longtemps".
Comme récemment en Roumanie et en Moldavie, la campagne a suscité l'intérêt de réseaux prorusses. Le Centre tchèque de recherche sur les risques en ligne a signalé une activité accrue sur TikTok, avec des contenus favorables aux partis antisystème.
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