
Dominique Schelcher à Boulogne-Billancourt, le 25 mars 2025. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Ardent défenseur de la grande distribution, à l’aise dans les médias et "fils d'épiciers" revendiqué, le PDG de Coopérative U Dominique Schelcher, qui repart pour un deuxième et dernier mandat, aime faire entendre sa voix dans le débat public.
Le verdict était attendu sans appel et tout s’est passé comme prévu: Dominique Schelcher a été réélu mardi à l'unanimité du conseil d'administration de Coopérative U (Hyper U, Super U, U Express, Utile) – aucun candidat ne lui faisait face.
Moins connu que Michel Edouard Leclerc (E. Leclerc) mais plus loquace qu’Alexandre Bompard (Carrefour), l’Alsacien est parvenu au fil de son premier mandat de PDG à s’imposer comme l’une des figures médiatiques de la grande distribution.
Pénurie de masques pendant la crise du covid-19, inflation post-invasion de l’Ukraine, marges des distributeurs versus revenus des agriculteurs… Le dirigeant n’hésite pas à monter au front pour défendre son secteur ou l’image de son enseigne sur les plateaux de télévision.
"C’est important que les patrons s’expriment", insiste-t-il auprès de l’AFP, affirmant qu'il fait cela "parce que c'est nécessaire".
Important pour le secteur de la grande distribution, toujours en pleine mutation et où les grands acteurs se livrent une guerre des prix sans merci, important pour le patronat en général avant l’élection présidentielle: "On a une responsabilité à prendre la parole, qui plus est à deux ans de l'échéance majeure en France où il est important de faire passer les idées, les préoccupations, les priorités que les chefs d'entreprises ont".
Libéral, Dominique Schelcher n'hésite pas à déplorer la "sur-administration" dont souffre selon lui l’économie française. Sur Linkedin, il saluait au printemps les propos du patron de LVMH Bernard Arnault étrillant les "bureaucrates de Bruxelles" dans le contexte de guerre commerciale menée par Donald Trump.
Fils d’épiciers de Fessenheim (Haut-Rhin), où il a repris en 2004 le magasin de ses parents qui l’avaient eux-mêmes transformé en supermarché, le dirigeant de 54 ans a très vite gravi la hiérarchie au sein de la coopérative de commerçants.
Mais avant d’entamer son ascension (directeur du Super U de Fessenheim, administrateur de la Centrale Est, vice-président puis PDG en 2018), Dominique Schelcher s’est d’abord passionné pour la presse.
Après des études de commerce à Angers, il planche sur la presse quotidienne régionale pour son mémoire, enchaîne avec un stage de fin d’étude au quotidien Ouest-France, puis se fait embaucher dans la branche marketing du journal "L’Alsace" par Rémi Pfimlin, qui deviendra plus tard directeur général de France Télévision, son "patron formateur", explique aujourd'hui Dominique Schelcher.
Ce n'est que trois ans après son retour en Alsace qu'il retourne au métier de ses parents, "rattrapé" par un besoin de "liberté" et de devenir "son propre patron".
- Pas de troisième mandat -
Désormais à la tête de Coopérative U pour un second mandat, Dominique Schelcher compte poursuivre l’expansion de l’enseigne, qui dit avoir franchi le cap des 1.800 magasins le 1er février (elle en comptait moins de 1.600 à l’arrivée du dirigeant à la tête de la coopérative).
Coopérative U, quatrième distributeur français (derrière E. Leclerc, Carrefour et Intermarché) avec quelque 12% des parts de marché, a réalisé en 2024 26,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, tiré par les ouvertures de nouveaux magasins.
Mais à près de six points derrière Intermarché, la marche est encore haute avant de pouvoir espérer prendre la troisième place du podium. "L'objectif, explique Dominique Schelcher, est d'atteindre 15% de parts de marché d'ici 2030".
En restant "connecté au terrain", insiste le PDG, présent chaque fin de semaine dans son magasin historique de Fessenheim.
L'autre grand dessein de ce second mandat sera de "faire émerger la relève" et "trouver les associés qui prendront la main du groupement demain", dit-il, assurant ne pas viser de troisième mandat: "ce n'est pas le projet du tout. J'aurai 60 ans, c'est une discipline de tous les instants, beaucoup de sacrifice pour ma famille. Je passerai la main et je le ferai avec plaisir", assure-t-il.
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