par Jennifer Rigby
Des millions de contraceptifs destinés aux populations des pays les plus pauvres sont bloqués dans des entrepôts et menacés de destruction, ont déclaré deux sources du secteur humanitaire et un ancien fonctionnaire américain, alors que les États-Unis, qui devaient en assurer la livraison, ont supprimé une grande partie de leurs financements pour le développement international.
Le stock, entreposé en Belgique et à Dubaï, comprend des préservatifs, des implants contraceptifs, des pilules et des dispositifs intra-utérins, et équivaut à une valeur totale d'environ 11 millions de dollars (9,63 millions d'euros), ont déclaré les sources à Reuters.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison blanche, les États-Unis ont supprimé une grande partie des programmes de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), dans le cadre de la politique "America First" (L'Amérique d'abord) du président républicain.
Le stock de contraceptifs, qui pourraient permettre d'éviter des millions de grossesses non désirées à travers le monde, est bloqué depuis que le gouvernement américain a dit ne plus vouloir faire don des contraceptifs ou en payer les coûts de livraison, ont déclaré les sources.
L'USAID aurait demandé à Chemonics, l'entrepreneur qui gère sa chaîne d'approvisionnement en produits de santé, d'essayer de vendre les contraceptifs, selon deux des sources.
Une note interne de l'agence, diffusée en avril, indiquait que le stock de contraceptifs devait être "immédiatement transféré à une autre entité afin d'éviter le gaspillage ou des coûts supplémentaires".
Un haut fonctionnaire du département d'État américain a déclaré à Reuters qu'aucune décision n'avait été prise quant au devenir des contraceptifs.
Il n'a pas souhaité répondre lorsqu'il a été interrogé sur les raisons pour lesquelles les contraceptifs étaient stockés ou l'impact des réductions et des retards de l'aide américaine.
LIMITER LA PROPAGATION DU VIH
Un porte-parole de Chemonics a déclaré ne pas être en mesure de commenter les projets de l'USAID, mais a souligné que la société travaillait avec ses clients pour fournir une aide vitale dans le monde entier tout en continuant à soutenir les priorités de la chaîne d'approvisionnement du gouvernement américain en matière de santé mondiale.
Le stock représente un peu moins de 20% des contraceptifs destinés à la donation achetés chaque année par les États-Unis, a déclaré à Reuters un ancien fonctionnaire de l'USAID.
La vente ou le don des contraceptifs s'avère cependant difficile, a-t-il estimé, bien que des discussions soient engagées.
La destruction des contraceptifs est également envisagée, bien que cela coûterait plusieurs centaines de milliers de dollars.
Selon l'une des sources, les durées de conservation des contraceptifs deviendront également un problème au fil du temps.
L'absence de réponse du gouvernement américain sur ce qu'il convient de faire avec le stock représente par ailleurs une complication, ont relevé les sources.
Les contraceptifs étaient destinés en grande partie aux femmes vulnérables d'Afrique subsaharienne, notamment aux jeunes femmes exposées aux grossesses précoces, à celles qui n'ont pas les moyens de se procurer des contraceptifs ou d'y avoir accès, ou ayant fui les conflits.
Les préservatifs peuvent également contribuer à limiter la propagation du VIH, a souligné l'ancien fonctionnaire de l'USAID.
"Nous ne pouvons pas nous attarder sur une question trop longtemps ; lorsque l'urgence et la clarté ne s'accordent pas, nous devons aller de l'avant", a déclaré Karen Hong, responsable de la chaîne d'approvisionnement du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP).
Elle a indiqué que l'agence travaillait actuellement sur un Plan B pour aider à combler les lacunes en matière d'approvisionnement.
(Reportage Jennifer Rigby ; version française Etienne Breban ; édité par Sophie Louet)
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