A l'exception de Pyongyang, plus aucune puissance nucléaire n'a mené d'essais officiels depuis le milieu des années 90.
Donald Trump, à bord de l'avion présidentiel Air Force One, le 2 novembre 2025 ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / SAMUEL CORUM )
"Ils font des essais et on n'en fait pas. Nous devons en faire". Le président américain Donald Trump a affirmé que la Russie et la Chine menaient des essais nucléaires "mais n'en parlent pas", sans toutefois préciser leur nature. Ces propos ont été démentis quelques heures après Pékin, lundi 3 novembre.
"La Russie fait des essais, et la Chine fait des essais, mais ils n'en parlent pas", a assuré le président américain dans une interview diffusée dimanche par la chaîne américaine CBS . "On va faire des essais parce que d'autres font des essais. La Corée du Nord fait des essais. Le Pakistan fait des essais", a-t-il également affirmé.
"Vous savez, aussi puissantes que soient (les armes nucléaires), le monde est grand. Vous ne savez pas nécessairement où ils font des essais. Ils font des essais souterrains, en profondeur, où les gens ne savent pas vraiment ce qui se passe. Vous sentez une petite vibration. Ils font des essais et on n'en fait pas. Nous devons en faire".
"Ce que je dis, c'est qu'on va faire des essais nucléaires comme d'autres pays le font", a insisté Donald Trump, sans répondre précisément à une question portant sur la détonation même de charge nucléaire, que les Etats-Unis n'ont plus pratiqué depuis 1992.
Son ministre de l'Energie Chris Wright a lui indiqué dimanche sur Fox News qu'il ne s'agissait "pas d'explosions nucléaires".
"Ce sont ce qu'on appelle des +explosions non critiques+, c'est-à-dire que vous testez toutes les autres parties d'une arme nucléaire pour vous assurer qu'elles composent la géométrie appropriée et qu'elles déclenchent l'explosion nucléaire", a-t-il expliqué.
"Les essais que nous allons faire sont sur des nouveaux systèmes, et une fois de plus, il s'agit d'explosions non nucléaires", a insisté le ministre.
Aucune puissance n'a procédé officiellement à un essai nucléaire depuis trois décennies - à l'exception de la Corée du Nord (à six reprises entre 2006 et 2017). La Russie (alors Union soviétique) n'en a plus conduit depuis 1990 et la Chine depuis 1996 .
Mais de nombreux pays, Etats-Unis en tête, effectuent régulièrement des tests de vecteurs - missiles, sous-marins, avions de chasse ou autres.
"La Chine a toujours adhéré à la voie du développement pacifique, mène une politique de non-utilisation en premier des armes nucléaires, adhère à une stratégie nucléaire basée sur l'autodéfense et respecte son engagement de suspendre les essais nucléaires", a indiqué lundi Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, suite aux derniers propos de Donald Trump.
Elle a dit espérer que les Etats-Unis "prennent des mesures concrètes pour sauvegarder le système international de désarmement et de non-prolifération nucléaires et maintenir l'équilibre stratégique et la stabilité mondiale", a-t-elle souligné lors d'un point de presse régulier.
Doutes et "nouvelle ère" nucléaire
Washington est signataire du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (Tice). Procéder à une explosion nucléaire en constituerait une violation flagrante.
Donald Trump a suscité vives inquiétude et protestations dans le monde entier quand il a annoncé jeudi avoir ordonné au Pentagone de "commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d'égalité" avec la Russie et la Chine. Depuis, il a réitéré son intention de reprendre les essais d'armes nucléaires, sans dire ce qu'il projetait exactement.
Le doute demeure sur son propos: parle-t-il d'essais d'armes capables de porter une tête nucléaire ou bien de la détonation même d'une charge nucléaire ? Cette décision choc intervient dans un contexte géopolitique incandescent, à un moment où la rhétorique nucléaire revient périodiquement au premier plan depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
"Nous sommes entrés dans une nouvelle ère en matière d'armes nucléaires, dans laquelle, malheureusement, l'importance de ces armes ne cesse de croître", a pour sa part jugé le président finlandais Alexander Stubb, lors d'un discours à Helsinki.
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