Ces bâtiments nouvelle génération sont notamment capables de lancer des missiles de croisière Tomahawk, et témoignent de la volonté australienne de muscler sa marine face à la présence militaire accrue de la Chine dans la zone indo-pacifique. L'accord marque aussi un tournant pour le Japon, dont la Constitution pacifiste héritée de la Deuxième guerre mondiale empêchait jusqu'à peu les exportations d'armements.

Le frégate JS Noshiro de classe Mogami, des forces japonaises, dans un port de la province de Zambales (Philippines), en mars 2025 ( AFP / TED ALJIBE )
Dans le cadre de la modernisation de ses équipements face à la montée en puissance militaire de la Chine, l'Australie a annoncé mardi 5 août l'achat de 11 frégates furtives du groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) pour 6 milliards de dollars américains (5,2 milliards d'euros). Ce contrat est "clairement le plus gros accord défense-industrie jamais conclu entre le Japon et l'Australie", a relevé le ministre australien de la Défense, Richard Marles .
Entrées en service au 2022 dans la marine japonaise, les frégates furtives de classe Mogami sont attendues par l'Australie d'ici 2030, et visent à succéder aux vieillissantes frégates de classe Anzac remontant aux années 1990. Elles sont capables de lancer des missiles de croisière à longue portée Tomahawk, que l'Australie cherche par ailleurs à intégrer sur ses destroyers de classe Hobert, selon le site spécialité The War Zone .
Pour cet appel d'offres, MHI était en concurrence avec le groupe allemand ThyssenKrupp Marine Systems. Des groupes espagnol et sud-coréen avaient été écartés plus tôt dans le processus.
L'Australie a lancé en 2023 une restructuration majeure de ses forces armées pour les doter de capacités de frappe à longue portée afin de mieux répondre à la puissance navale chinoise. Le pays s'efforce d'étendre sa flotte de grands navires à 26 unités au cours des 10 prochaines années.
"La frégate de classe Mogami est la meilleure frégate pour l'Australie", a affirmé M. Marles. "C'est un navire de nouvelle génération. Il est furtif. Il dispose d'un système de lancement vertical de 32 cellules capable de tirer des missiles à longue portée", a-t-il ajouté.
Contrat record pour le Japon
La commande est le plus gros contrat d'exportation de défense du Japon depuis la Seconde Guerre mondiale, selon les médias japonais.
La constitution pacifiste du Japon l'empêche d'exporter des armes, mais en 2024, Tokyo a assoupli les contrôles sur les exportations d'armes pour lui permettre d'augmenter ses ventes à l'étranger. L'accord renforce un partenariat de sécurité en plein essor entre l'Australie et le Japon. Tokyo et Canberra sont tous deux membres du groupe "Quad" aux côtés de l'Inde et des États-Unis.
Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi, a déclaré mardi que l'accord était "la preuve de la confiance dans la technologie de haut niveau de notre nation et de l'importance de l'interopérabilité entre les forces d'autodéfense japonaises et l'armée australienne". C'était aussi "un grand pas vers l'élévation de la coopération en matière de sécurité nationale avec l'Australie, qui est notre partenaire stratégique spécial", a déclaré M. Hayashi aux journalistes à Tokyo.
4 ans après la "crise des sous-marins" entre France et Australie
"L'acquisition de ces frégates furtives rendra notre marine plus grande et plus létale", s'est-il félicité. Les trois premières frégates de classe Mogami seront construites à l'étranger, a déclaré le ministre de l'industrie de la défense Pat Conroy, les chantiers navals d'Australie-Occidentale étant censés produire le reste.
En 2021, l'Australie avait provoqué un coup de tonnerre en annonçant l'acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire de conception américaine, abandonnant un plan de plusieurs années visant à développer des sous-marins non nucléaires avec le français Naval Group.
Cette décision, qui avait provoqué une crise diplomatique sans précédent entre Paris et Canberra, s'était accompagnée de l'annonce par Washington de la création d'un accord de coopération militaire, Aukus, liant l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni et destiné à contrer l'expansionnisme chinois dans l'Indo-Pacifique.
En pratique, la marine australienne prévoit d'acquérir au moins trois sous-marins américains de classe Virginia au cours des 15 prochaines années. Au total, le programme militaire développé dans le cadre d'Aukus pourrait coûter au pays jusqu'à 235 milliards de dollars américains au cours des 30 prochaines années, selon les prévisions du gouvernement australien, un coût qui a suscité des critiques envers la stratégie.
L'Australie prévoit d'augmenter progressivement ses dépenses de défense à 2,4 % du Produit intérieur brut, au-dessus de l'objectif de 2% fixé par ses alliés de l'Otan, mais bien en deçà des exigences américaines de 3,5 %. Les grands projets de défense en Australie ont longtemps souffert de dépassements de coûts, de revirements gouvernementaux, de changements de politique. Il leur a également été reproché de faire passer la création d'emplois locaux avant les impératifs de défense.
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