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Défense et secrets industriels livrés à Moscou et Pékin ? Un champion français des puces hi-tech face aux accusations
information fournie par Boursorama avec Media Services 28/07/2023 à 12:00

Selon l'Agence d'innovation de la défense du ministère des Armées, la technologie maitrisée par Ommic, spécialiste des semi-conducteurs, est un "enjeu stratégique pour la défense". Problème : un de ses dirigeants est accusé d'avoir transféré illégalement ce savoir-faire français hypersensible aux Chinois et aux Russes.

(illustration) ( AFP / NATALIA KOLESNIKOVA )

(illustration) ( AFP / NATALIA KOLESNIKOVA )

Deux Français et deux Chinois ont été mis en examen à Paris fin mars, dont deux dirigeants du spécialiste français des semi-conducteurs Ommic, soupçonnés d'avoir livré des secrets industriels à la Chine et à la Russie.

L'information, révélée par le journal Le Parisien, a été confirmée jeudi à l'AFP de source judiciaire.

Ommic, spécialiste français tricolore de semi-conducteurs pour l'industrie des télécommunications et le domaine spatial, a été racheté en 2018 par Ruodan Z., homme d'affaire chinois de 62 ans, qui en est devenu président en 2018 via un fonds d'investissement créé en France.

Domicilié en Chine, il serait recherché par la justice française.

Marc R., le directeur général, ainsi qu'une cadre chinoise de la société, ont été mis en examen le 24 mars pour livraison à une puissance étrangère de procédés, documents ou fichiers de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, un crime passible de quinze ans de détention criminelle et de 225.000 euros d'amende.

D'après le quotidien, la justice soupçonne Marc R. d'avoir "mis en place de nombreux stratagèmes de contournement pour livrer sciemment des puces puissantes et informations sur des technologies sensibles à la Chine et la Russie", sous la direction de Ruodan Z.

"La vérité d'un dossier ne saurait résulter des prémices d'une enquête complexe, ni de quelques déclarations décontextualisées", a réagi Me Alexandre Silva, avocat de Marc R., dénonçant la médiatisation d'"un rien pour que ça devienne une affaire d'Etat".

L'avocat de la cadre chinoise n'a pas répondu dans l'immédiat.

La maîtrise par Ommic du nitrure de gallium, un matériau qui permet une puissance démultipliée des semi-conducteurs, serait au coeur du dossier.

D'après un document de l'Agence d'innovation de la défense du ministère des Armées de 2021, développer une telle technologie est un "enjeu stratégique pour la défense".

Embargo contourné ?

Mais d'après Le Parisien, ces opérations auraient également abouti, via un "montage complexe", à "transférer du matériel prohibé vers Moscou et contourner l'embargo commercial qui vise le pays depuis l'invasion de la Crimée, en passant par la Chine".

Ces secrets industriels, "en bout de chaîne, ont très probablement servi à équiper les armées" de Pékin et Moscou, assure le journal.

Initialement placé en détention provisoire, Marc R. a été remis en liberté sous contrôle judiciaire par la cour d'appel de Paris, d'après la source judiciaire.

Les trois autres mis en cause sont également sous contrôle judiciaire, selon la même source.

Cinq autres personnes ont également été arrêtées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) lors du même coup de filet de mars.

Pour un autre avocat en défense, les autorités françaises veulent "évincer" Ruodan Z.

Preuve en est selon, d'après lui, un article d'Intelligence Online paru dès 2021 évoquant l'inquiétude de l'Etat français au sujet de la place trop importante qu'il aurait prise dans le secteur et les soupçons liés à sa nationalité chinoise.

"Ils ont monté une affaire", assure ce conseil, ce qui serait passé par un contentieux douanier ouvert début 2021 faisant naître des soupçons et aboutissant à une enquête préliminaire ouverte par le Pnat (Parquet national antiterroriste) en novembre 2022 qui a saisi la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) et l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).

D'après la source judiciaire, l'instruction, confiée selon Le Parisien à deux magistrats antiterroristes et un magistrat financier, porte également sur des soupçons d'exportations illégales en contrebande, d'association de malfaiteurs, de faux et usage de faux, d'abus de biens sociaux, d'après la source judiciaire.

D'importantes saisies pénales ont été opérées, d'après la source judiciaire.

Selon Le Parisien , il s'agit notamment de parts sociales de l'entreprise, qui a été récemment vendue à l'américain Macom, et qui n'a pu être jointe par l'AFP.

En pleine guerre russo-ukrainienne, dans un contexte de vives tensions internationales et au moment où chaque pays accuse l'autre d'ingérences, cette affaire vient illustrer la lutte sourde entre puissances sur le terrain industriel.

"Ces méfaits supposés ont été interrompus et il y a aujourd'hui des gens mis en examen", a réagi sur Sud Radio jeudi le ministre de l'Industrie Roland Lescure.

"Soyez extrêmement prudents", a-t-il dit, à l'attention des dirigeants de PME.

"Le risque d'espionnage industriel, ce n'est pas pour faire du James Bond, c'est la réalité aujourd'hui", a souligné le ministre.

26 commentaires

  • 29 juillet 08:27

    Et quand mikronde et les 4000 voleurs ... offrent à G.E. les brevets Arabelle ça s'appelle comment ???


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