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Dans l'Aude, solidarité paysanne pour aider les éleveurs sinistrés
information fournie par AFP 10/08/2025 à 09:54

Emmanuelle  Bernier marche au milieu de ses brebis dans sa ferme détruite par l'incendie, à Fontjoncouse le 9 août ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )

Emmanuelle Bernier marche au milieu de ses brebis dans sa ferme détruite par l'incendie, à Fontjoncouse le 9 août ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )

Les brebis d'Emmanuelle Bernier quittent les terres brûlées de Fontjoncouse, dans l'Aude, sous le regard brisé de l'éleveuse, forcée de confier provisoirement ses bêtes à un viticulteur du secteur qui recueille les animaux de ces paysans qui ont tout perdu.

Le tintement des cloches des brebis de la Cabane du berger, sa ferme à Fontjoncouse, ont soudainement cessé de retentir entre les plaines noircies de ce coin de campagne des Corbières.

Sous le soleil brûlant, Emmanuelle Bernier et ses voisins, déblaient les taules de la bergerie, détruite par les flammes, qui abritait il y a peu, tout un troupeau de chèvres dont certaines étaient sur le point de mettre bas.

-Troupeau de chèvres décimé-

Observant les points GPS de ses 17 chèvres durant l'incendie, l'éleveuse qui avait évacué les lieux peu de temps avant l'arrivée des flammes, s'est aperçu "qu'elles ne bougeaient plus", raconte-t-elle.

"Quand je suis allée voir, toutes les chèvres avaient brûlé. En fait elles étaient mortes".

Emmanuelle Bernier pleure dans les bras de son amie alors que ses brebis sont évacuées suite à l'incendie de sa ferme à Fontjoncouse, le 9 août ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )

Emmanuelle Bernier pleure dans les bras de son amie alors que ses brebis sont évacuées suite à l'incendie de sa ferme à Fontjoncouse, le 9 août ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )

Les dégâts dans cette exploitation, produisant laine et plantes médicinales, sont tels, que la quinzaine de brebis rescapées du feu ne peuvent plus y rester, l'éleveuse ne pouvant plus, dans l'immédiat, les prendre en charge.

Entre les grilles de la bétaillère qui emporte son troupeau vers une terre d'accueil temporaire, à 18 km de là, l'éleveuse glisse ses mains, pour quelques caresses d'au-revoir. "Ca va aller les filles" leur susurre-t-elle.

Alors que le véhicule disparait du paysage, Emmanuelle Bernier s'effondre. Elle et son amie, également voisine, Stéphanie Portal s'agrippent de longues secondes, en sanglots.

"Ce lieu, on l'a appelé la Cabane du berger, tout a été construit ici autour des brebis et là de voir le troupeau partir, c'était hyper éprouvant pour moi", dit-elle.

"C'est terrible, confie l'éleveuse, parce que moi je n'ai jamais vécu ici sans brebis".

- "Base arrière" -

Les brebis ont été transportées vers un lieu où "elles seront bien traitées" et où l'éleveuse pourra "aller les voir facilement", le domaine viticole Beauregard Mirouze, à Bizanet.

Ce château a lancé, en coordination avec plusieurs associations locales, un réseau de soutien aux agriculteurs sinistrés.

A la suite du gigantesque incendie survenu mardi, plusieurs bénévoles ont "arpenté les Corbières, sur les 15 communes qui sont sinistrées pour recenser les besoins" des exploitants touchés par l'incendie, renseigne Nicolas Mirouze, propriétaire du domaine.

Emmanuelle Bernier fait monter ses brebis dans un véhicule pour les faire évacuer de sa ferme incendiée à Fontjoncouse, le 9 août ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )

Emmanuelle Bernier fait monter ses brebis dans un véhicule pour les faire évacuer de sa ferme incendiée à Fontjoncouse, le 9 août ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )

"Beaucoup d’animaux sont morts, mais pas tous", "l’idée c’est d’extraire les bêtes vers des zones moins hostiles comme Beauregard", où elles pourront brouter à leur guise, pointe Nicolas Mirouze, décrivant son domaine comme une "base arrière pour animaux".

Des jours après le sinistre, Emmanuelle se dit "hyper en colère", que l'information "d'évacuer n'a jamais été donné", alors que le feu approchait. "Si ça avait été le cas, j'aurais eu le temps de sauver mes chèvres", regrette Mme Bernier.

"Je vais changer de métier certainement, ça va changer toute ma vie", dit-elle.

Vidé, le domaine d'Emmanuelle Bernier n'est parcouru que de quelques oies qui cacardent et deux chèvres malades.

Au milieu de son terrain déserté, le regard azur posé sur le soleil qui décline derrière les courbes des collines ébènes, Emmanuelle Bernier balaye un instant son désespoir: "il reste encore un peu de vie".

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